29 mai 2020
Alexandre Nanot

Abdias 1.20 : Tsarfat ou la France

La France est dans la Bible

Vous vous souvenez du personnage de Mme Sarfati du comique Elie Kakou ? Juif Sépharade de naissance, Alain Kakou, de son vrai nom, est français, né en Tunisie, mort à Paris et enterré à Marseille. Ce n’est pas un hasard si le personnage lors de ces sketchs portait le nom de Sarfati. Beaucoup de juifs ont comme patronyme Sarfati ou Serfaty. En hébreu, l’Angleterre se dit Anglia, la Tunisie, Tunisia, l’Italie, Italia, la Russie, Roussia. On pourrait tout bonnement en déduire que la France se dit Francia ? Mais ce n’est pas le cas. La France, notre cher pays, se dit en hébreu Tsarfat צָ֣רְפַ֔ת. Et quelle chance, nous trouvons ce mot une seule fois dans la bible et pas n’importe où, chez le prophète Abdias 1.20 :

Vegalout hah’eil haze livne Israël asher kenaanim ad Tsarfat.
« Les captifs ou les exilés
(galout, c’est l’exil) de la légion des enfants d’Israël se répandront de Canaan jusqu’à Tsarfat »

Abdias prophétise que Tsarfat sera la ville de diaspora par excellence, celle qui accueillera l’exil des enfants d’Israël depuis la terre d’Israël appelé Canaan. Certaines traductions ne font pas la différence avec la ville de Sarepta qui s’écrit צָרְפַ֨תָה֙, lieu où se rendit le prophète Elie pour être nourri par la veuve. Nous trouvons donc de nombreuses traductions qui ont rendu dans ce passage d’Abdias « Tsarfat  » par Sarepta, ce qui peut amener à la confusion entre les deux traductions. Soit les enfants d’Israël ont été exilés à Sarepta, c’est-à-dire la ville située entre Tyr et Sidon ou bien dans ce cas, dans ce que nous appelons la France.

L’une des premières choses que je fais quand je veux comprendre un texte, c’est de consulter les écrits des sages d’Israël. N’est-ce pas à ce peuple que la Torah a été donnée en plein désert du Sinaï et qui leur a coûté en retour la haine des autres nations ?
Le Talmud (T. B. Shabbat 89) en situe l’origine au mont Sinaï : « Qu’est-ce que le mont Sinaï ? C’est de ce mont qu’est partie la haine des idolâtres pour le peuple juif » (il s’agit de l’analogie sémantique entre Sinaï et Sinah : haine).
C’est là le prix à payer pour un titre souvent mal compris de peuple élu, qui en réaction, a provoqué l’antisémitisme qui perdure encore aujourd’hui.

Le premier de ces sages est un certain Shlomo ben Isaac (1040-1105), plus connu sous le nom de Rachi et qui vivait au XIe siècle à Troyes. Tiens, justement en France. Rachi s’est intéressé au mot Tsarfat et à sa traduction et considéra que la Tsarfat, dont le prophète Abdias parle, est bien la France, terre des rois de France et que la suite du verset Sefarad serait compris comme l’Espagne. C’était sa conviction bien que rien dans la prophétie d’Abdias nous permet d’affirmer que les lieux auxquels il fait référence se rapportent à la France et à l’Espagne : « et l’exil de cette armée des enfants d’Israël, des Cananéens jusqu’en Tsarfat, l’exil de Jérusalem qui est en Sépharade hériteront les villes du Néguev. »

Un autre homme, le Rabbi de Loubavitch (1902-1994) commente le mot Tsarfat. Il y fait, quant à lui, une relation entre la mystique des lettres hébraïques et la guématria. La valeur numérique Tsarfat nous donne 770 exactement comme le mot Oufaratsta, qui signifie s’étendre, percer ou rayonner.

Tsarfat (France en hébreu) est lié avec le mot Tserouf qui signifie la purification, comme il est écrit au sujet de la Délivrance : « Beaucoup seront triés, épurés et passés au creuset (yitsarfou). » (Daniel, 12:10), car celle-ci vient à travers le « raffinement du monde ».

Rabbi de Loubavitch

Abdias est classé parmi ce qu’on appelle « les 12 petits prophètes ». Petits car la taille de leurs écrits varie de quelques chapitres par rapport à ceux que l’on appelle les grands prophètes que sont Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel et Daniel. Des petits prophètes, Abdias est le plus court car les 21 versets qui composent ce seul chapitre ne tiennent que sur une seule page souvent collée entre les pages de Amos et de Jonas.

Sa prophétie traite surtout de la malédiction qui pèse sur Edom et de son jugement au jour de l’Éternel. C’est donc un chapitre qui traite de la fin des temps, du retour des juifs sur leur terre, après ce long et 4ème exil que l’on appelle l’exil d’Edom. Ce qu’il faut comprendre, c’est ce que nous entendons derrière Edom, car les Edomites sont un peuple qui a disparu depuis belle lurette. Donc, on ne peut identifier Edom avec le peuple qui porte son nom. Du temps de Jésus, on ne pouvait parler entre juifs de l’empire romain que d’une manière détournée sous risque d’être persécuté, alors on employait un langage codé. Pour parler de Rome, on employait Edom, kittim ou bien tout simplement les Goïm (Mt 20.25). Ok, mais l’empire romain n’existe plus 476 années ap. JC donc qui est cet Edom qui ressurgira à la fin des temps ? Dans le récit de la Genèse, Esaü le frère jumeau de Jacob, pour avoir voulu troqué son droit d’aînesse contre le plan de lentilles rouges, prend le surnom d’Edom et le ch.36 nous dit à trois reprises : Ésaü, c’est Edom. Or, Esaü n’a rien à voir avec l’empire romain. Edom, pour faire simple, c’est l’occident. C’est une unification de plusieurs empires. On pourrait donc penser à l’Europe.

Un autre commentateur juif Ibn Ezra (1092-1167), contemporain de Rachi, qui vécut en Espagne et en France, va encore plus loin et nous dit qu’en fait les Cananéens cités dans la prophétie d’Abdias ne sont pas les Palestino-Cananéens que nous connaissons, habitant la Terre sainte, mais il y voit les Allemands, habitant le pays d’Alemania. Si effectivement Séfarad ou la Tarsis de Jonas désigne l’Espagne depuis l’Antiquité, l’apparition de l’Allemagne et de la France comme lieu d’exil des juifs représente un véritable scoop. 

Venons-en au mot en lui-même. Une lecture du mot Tsarfat peut nous amener vers une autre interprétation, en prenant simplement la racine qui compose ce mot. En hébreu litsrof signifie combiner, réunir, rassembler (noter ce verbe rassembler) mais aussi brûler ensemble. Le tsarefet est littéralement le creuset de l’orfèvre, le lieu où l’on brûle ensemble des métaux pour constituer un alliage. Le mot «Tsarfat» vient de l’hébreu «tsarafe» qui signifie «purifier» que l’on retrouve dans Séraphim, ces êtres angéliques d’Ésaïe 6 d’où leurs relations avec le feu purificateur.

Tsarfat צָ֣רְפַ֔ת en hébreu, c’est donc ce mélange, cette capacité de faire tenir ensemble des différences, d’avoir plusieurs parties dans un même lieu comme l’illustre si bien l’assemblée nationale. La France n’incarne-t-elle pas cette réalité ?

Maintenant, si on inverse les lettres, on trouve parats qui signifie éclater, exploser, s’étendre à l’image d’une maladie contagieuse qui se développe et qui contamine sans pouvoir s’arrêter. La racine hébraïque de ce mot léhitparéts comporte la même racine parats qui fait référence à une manifestation incontrôlable que l’on trouve par exemple au Ps 106.29 : la plaie fit irruption. Cela nous fait penser bien évidemment à ce que notre nation a connu Mai 68 ou la prise de la Bastille caractérisées toutes deux par des foules incontrôlables.

En conclusion, nous avons dans l’essence du mot Tsarfat cette ambivalence qui caractérise la France : cette capacité à rassembler et de l’autre à être divisée.

Nos différences sont une richesse lorsqu’elles arrivent à être mise en commun.

Chacun de nous est relié à une branche qui elle-même est reliée à un tronc commun. Nous ne sommes pas isolés, nous ne venons pas de nulle part mais nous faisons partie d’une succession de généalogies. Chacun de nous a une histoire qui lui est propre, qui fait qui nous sommes aujourd’hui mais nous n’avons pas tous la même histoire. La France a une histoire qui lui est propre mais elle s’inscrit aussi dans un contexte où elle joue un rôle à une échelle mondiale. Elle ne vit pas sa vie isolée des autres nations. 

Pour parler du peuple juif, bien que beaucoup aient fait leur alyah, il a toujours été perçu comme la bête noire ou le bouc émissaire. En juin 1306, le roi Philippe le Bel, par exemple, essaya d’expulser tous les juifs de France. Mais cette France reste une terre d’accueil où il semblerait bon vivre et beaucoup d’entre eux ont été attirés par une certaine idée de ce que la France ait pu incarner une terre de lumière, d’accueil, d’émancipation, une terre dont le père de Levinas disait que : « un pays qui s’enflamme pour un petit capitaine juif est celui où il faut aller ».

L’affaire Dreyfus (1894) est un exemple typique de cette France qui fût, à cause de cette affaire, divisée en deux camps. Les Dreyfusards et les anti-Dreyfusards.

Le mouvement des « Gilets jaunes » est là encore un bel exemple. Les Français savent se rassembler pour une cause commune, mais au sein de ce rassemblement se trouvent ceux que l’on appelle « les casseurs » qui divisent, détruisent, pillent et volent. (Cela fait écho à l’œuvre du voleur décrite dans Jean 10.10)

La France doit être l’un des pays où il y a le plus de rassemblements. Tant pour protester que pour revendiquer des droits, sortir pour faire entendre sa voix.

On se rappelle tous du slogan « JE SUIS CHARLIE » qui fit suite à l’attentat terroriste commis chez Charlie Hebdo le 7 Janvier 2015 tuant ainsi 12 personnes. Un vaste mouvement national vit le jour, en réaction à ce carnage.  Ce ne sont pas moins de 3.700.000 français qui se rassemblèrent le lendemain dans les rues en hommage aux victimes. 

Mais c’est surtout contre les projets de loi que les Français manifestent. Rien que pour les retraites, on ne compte plus les rassemblements qui eurent lieu entre le 23 Mars et le 6 Novembre 2010. Et j’en passe, car la liste serait longue. Mais deux autres évènements ont marqué les français, faisant au passage la fierté de la France et rassemblant les foules. Et oui, vous l’aurez deviné : Il s’agit des deux victoires de la coupe du monde de Football. Dans ces moments-là, la France oublie ses différences et aime se rassembler pour faire la fête.

Au funérailles de Johnny Hallyday qui eurent lieu à Paris le 9 Décembre 2017, ce sont plus d’un million de personnes qui se rassemblèrent pour dire “Adieu” au chanteur.

Pour en revenir au vif du sujet, certains ont vu un rapport  France et  Tsarfat qui serait le résultat d’une métathèse : Les lettres hébraïques tsadérèch et seraient devenues, avec l’absence du n , le mot « f r a n ts »…, la lettre finale tav constituant une simple féminisation du mot… Pourquoi pas, quand on sait que beaucoup de mots de notre langue sont une décalque de l’hébreu, tout comme Paris qui serait d’origine hébraïque – Paris – ville sans muraille (Esther 9.19). 

On raconte que des juifs sont arrivés à Lutèce, nom d’alors qui était donné à la capitale de la Gaule, alors que la fête de Pourim allait débuter. Lutèce, ville ouverte ou fermée ? Lutèce était une très grande ville qui débordait. PARIS est une ville ouverte. C’est certainement un nom que les juifs lui ont donné et qui est resté depuis. PaRiS se rapproche de PeRaZe.

Regardez comme l’hébreu est une langue riche. Pour aller encore plus loin et pour ceux qui avaient encore un doute, décomposons ce mot tsarfat en deux, tsar et phat – Tsar signifie étroit et Phat par le pain. Or, qu’est-ce qui est emblématique parmi les choses les plus réputées en France ? – réponse : la baguette, ce « pain étroit » ! 

Alexandre NANOT

6 Commentaires

  1. Falabregue

    Très intéressant, j’aime beaucoup le fait que mon pays soit cité dans la bible, et surtout dans le sens du: pain en hébreux tsar étroit et phat pain notre baguette Française certes… mais plus dans le sens du Pain de Jésus Sa parole est notre pain quotidien. Pour moi tsarphat me laisse penser que La main de Dieu est sur notre pays.

    Réponse
  2. Annwn

    Comme votre article le précise, Abdias n’écrit qu’une petite prophétie d’une seule page ; il s’agit d’une invective contre Edom ou l’Idumée.
    Edom ou Esaû est le nom du peuple masculiniste, opposé à Jacob ou Israël, nom du peuple féministe.
    Jacob (sexe féminin) s’écrit Ya-qoub, et signifie « Maison de Dieu », c’est-à-dire de la Déesse (Ya diminutif de Yaveh, et qoub de Qoubbah, maison).
    Esaù (sexe masculin) est un nom que nous trouvons altéré de diverses manières, mais représentant toujours la masculinité. Esaû devient Azar, Esar, Æsar, Ezer.
    D’après Fabre d’Olivet, l’étymologie hébraïque du nom de Kaïn signifie « celui qui agglomère en lui » (l’égoïste), et aussi « celui qui veut égaler ensemble » (le rival de la femme, son usurpateur).
    Le texte samaritain lui donne la signification du mot régir, déployer la puissance d’un roi ; et, dans une multitude de langues, l’idée de royauté (de l’homme) est venue de la racine Kàn, Kîn ou Kain (King et Khan).
    Kaï uni à Assar a fait César ; uni à Æser, il a fait Kaiser. De Kaï Lovis (Louis), on a fait Clovis.
    (…)
    L’endroit du monde où l’on célébrait les Mystères qui étaient les plus renommés s’appelait « Is » (ou « Ys »). On disait « Is-la-Grande » (situé dans la baie de Douarnenez dans le Finistère). C’était le nom de la Divinité féminine, la « Mère universelle ». De ce nom viendra « Isis », « Isca », « Ichalis », « Isa » (Flavius Josèphe dit que les Hébreux donnent à la Femme le nom de « Issa »), « Isha » (Aïsha) en arabe, « Ischen » en Mexicain, mot qui signifie « jeune fiancée » pour les peuples qui ont perdu la tradition. Le pays des Déesses celtiques était appelé « Is-land » ; il s’étendait dans tout le Nord de l’Europe. Ajoutons à ceci que Cybèle était Matrice des Galates et que son nom mystique est « Rhéa » en grec, « Râ » en égyptien, et de ces deux noms réunis, Is et Râ, on a fait « Isra-el » (el est un article).
    « « hanc formam locutionis hereditati sunt filii Heber… ; hiis solis post confusionem remansit » ; mais ces « fils d’Heber » ne sont-ils pas tous ceux qui ont gardé la tradition, bien plutôt qu’un peuple déterminé ? Le nom d’« Israël » n’a-t-il pas été souvent employé aussi pour désigner l’ensemble des initiés, quelle que soit leur origine ethnique, et ceux-ci qui en fait forment réellement le « peuple élu » ? » (René Guénon, L’Esotérisme de Dante)
    Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/delisraelismeaujudaisme.html
    Cordialement

    Réponse
  3. Ravary

    Commentaire très éclairant:
    Merci Annwen, comme je te reconnais bien là !

    Cordiales pensées.

    Marie-France

    Réponse
  4. Marco 22

    Article intéressant, d’autant plus que les Celtes et par conséquent, les Gaulois étaient réputés pour leur orfèvrerie, leurs bijoux d’un grand raffinement. Surprenant aussi, quand on sait que  » Paris  » provient de la tribu celte  » Parisiis  » et très certainement du Gaulois  » Pario  » qui signifie: Chaudron. Le sens de  » Paris  » serait: Ceux du chaudron.

    Mais peut-on en déduire pour autant que Tsarfat est la France ?

    Autre question aussi: Peut-on se baser sur l’interprétation de Rachi pour en déduire que  » çarefat  » soit  » Tsarfat  » correspond à la France dans Abdias ?

    Bonnes questions !

    Réponse
  5. Elishevah de TSARFAT

    Je suis charlie.charlie même lettre que Israël en hébreu .. effectivement la France Gaulle galoute GUIMEL le G qui est la septième lettre est un Zaïn bien caché pour ceux qui aiment la danse des lettres des scribes antique 😉🙌

    Réponse
  6. Elishevah de TSARFAT

    La France vue du ciel c est le même plan que jerusalem antique lol et celui qui rentre dans la magaine de David lol pays du lait et du miel du blé et de la vigne des vergers que de puits et de source de fleuve .la langue se permet les jeux de mots démon monde . religion originEL 😂 on peut y parler la langue des oiseaux .

    Réponse

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Plus d’articles