Introduction à la Bible

La Bible

D’où vient son nom ? Comment se présente-t-elle ? Que contient-elle exactement ?

La Bible est une vraie bibliothèque, d’où son nom biblio = les livres et du suffixe –thèque pris du grec ancien θήκη thêkê (étui, boîte, caisse) signifiant ranger.

La Bible est une compilation de plusieurs livres. 

La Bible ou la Sainte Bible

On trouve la mention « Sainte Bible », parfois juste « La Bible ».

Nous utilisons souvent le sens de saint comme une qualité morale ou au sens d’une chose qui n’est pas souillée. Saint du grec hagios comme de l’hébreu qadash a un sens de séparer, mis à part pour un usage sacré, spécifique.

Dire que la Bible est un livre saint, c’est reconnaître que les livres qui la composent sont séparés des autres livres profanes par opposition aux livres sacrés. Les saints livres contenus dans la Bible sont reconnus comme ayant une inspiration divine et de fait sans erreur (2 Tim 3.16). 

La Bible, son origine

Le papyrus

Le papyrus est utilisé très tôt dès le VIav. J-C, et le terme biblos évoque « ce qui est écrit ».

Du singulier to biblion qui est très fréquemment utilisé dans la LXX (la Septante) pour désigner le livre de la loi (Deutéronome 28.58) ou le livre de Moïse (2 Chroniques 35.12). Mais on le retrouve aussi bien chez Luc 4.17 quand Jésus déroule le livre du prophète Isaïe. Son pluriel « les livres – hierai biblio » que l’on retrouve dans Dn 9.2 désignera l’ensemble des livres de l’A-T.

Le mot « bible »

Chez Jean Chrysostome, ta biblia signifie l’ensemble des livres qui composent l’Ancien Testament et le Nouveau Testament. Flavius Josèphe désigne les livres du canon hébraïque par l’emploi de ta biblia. Il faut remonter jusqu’au Moyen-Age, alors que le latin est d’usage, pour rencontrer le singulier biblia. Ta biblia -gr pluriel deviendra biblia féminin sing. au latin, qui par évolution de la langue deviendra en français le mot « bible » tel qu’il est en usage de nos jours.

Le Tanakh

Les juifs désignent l’ensemble des livres saints, ceux qui constituent le Tanakh, par « les Écritures » hai graphai, expression que l’on retrouve très souvent dans les évangiles et les épîtres ainsi que dans la bouche de Jésus (Matthieu 21.42; Luc 24.27 et 45 ; Actes 18.24). Par exemple, 1 Corinthiens 15.3 : Je vous ai transmis, avant tout, ce que j’avais aussi reçu : Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures, il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures. Mais on le trouve aussi au singulier hé graphé « l’Écriture » (Marc 15.28 ; Jean 7.38 ; Romains 4.3).

Quand les juifs désignent l’ensemble des livres qui forment le canon hébraïque, ils utilisent le mot Tanakh, qui est un acronyme des trois parties de la Bible à savoir Torah (Enseignement), Névi’im (les Prophètes ou les Inspirés) et les K’touvim (les Écrits). Une autre expression est parfois utilisée, c’est Miqra (ce qui est lu, sous-entendu à la synagogue).

Un autre détail, le livre tel que nous le connaissons aujourd’hui, c’est à dire un ensemble de pages reliées ensemble, existait mais était très peu développé à l’époque de Jésus. Dans le Nouveau Testament, on parlait de rouleau (Luc 4.20 ; Hébreux 10.7). Apocalypse 6.14 : Le ciel se retira comme un livre qu’on roule.

Le codex

Le codex, ensemble de pages reliées, succède progressivement au papyrus entre le IIe et le IVe. Les rouleaux de papyrus sont bien trop fragiles et peu pratiques à déplacer.

Alliance ou testament

La Bible est composée de deux parties, ce que nous appelons le plus couramment l’Ancien Testament et le Nouveau Testament.

Testament vient du latin « testamentum » qui veut tout simplement dire alliance. L’hébreu utilise le mot « Brith » qui se traduit par alliance.

Un testament est un écrit dans lequel l’auteur indique les personnes auxquelles il souhaite transmettre ses biens après sa mort dans les limites autorisées par la loi.

Une alliance est un contrat qui engage deux parties, deux nations, et qui le plus souvent est scellée par un acte . L’alliance entre Dieu et Abraham se conclue avec le partage des animaux (Genèse 15), celle de la terre d’Israël avec le signe de la Brit-Mila (la circoncision). L’alliance avec Noé a pour signe l’arc-en-ciel. Voir Genèse 31.44 ; 1 Samuel 18.3-4. 

Ancien Testament ou première alliance

Saint Augustin affirmera : « Le Nouveau Testament est caché dans l’Ancien et l’Ancien est dévoilé dans le Nouveau » (Qaestiones in Heptateuchum 2, 73).

Le Pape Grégoire le Grand déclara que l’Ancien Testament est la « prophétie du Nouveau Testament » et que ce dernier est le « meilleur commentaire de l’Ancien Testament ». L’un ne va pas sans l’autre !

Cependant, utiliser l’appellation d’Ancien Testament a une connotation désuète, dépassée, qui n’est plus d’actualité. Il serait plus « biblique » de nommer l’Ancien Testament comme le nommait Jésus et les apôtres, c’est-à-dire par l’Écriture (Matthieu 21.42, Luc 24.32 ; 1 Corinthiens 15.4). Dire Ancien signifie qu’il n’est plus au goût du jour, qu’il a été réactualisé, ça revient à dire qu’il est caduc. Or, tant que le ciel et la terre subsisteront, il ne passera pas un seul trait de lettre (Matthieu 5.18).

La 1ère alliance est conclue avec le seul peuple d’Israël au Mont Sinaï. Ce que nous appelons la nouvelle alliance est une expression tirée de Jérémie 31.31 : « je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda, une alliance nouvelle. » (Notez qu’il n’est pas dit : je ferai une alliance nouvelle avec l’Église).

Le Nouveau Testament est inauguré par la venue de Jésus, qui lui-même dira en Luc 22.20 : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous. Elle peut comme les bibles hébraïques l’ont nommé s’appeler Brit Hadacha « la nouvelle alliance », ou bien encore « l’alliance renouvelée ».

Cette alliance, plus tard a été ouverte aux païens, à cause de l’incrédulité des juifs quant à la messianité de Jésus. Lors du Concile de Jérusalem en l’an 50, les apôtres et les anciens reconnaissent à la suite de la conversion de Corneille et des païens dont Paul est l’apôtre, que cette alliance n’est plus exclusive aux juifs, mais élargie aux nations, conformément aux prophéties reprises en Actes 15, 13-18. 

Qui a ajouté les chapitres ?

La première tentative est l’œuvre d’un certain Lanfranc, conseiller de Guillaume le Conquérant, qui ébauche une division des livres en chapitres au XIsiècle.

Mais la découpe telle que nous la connaissons de nos jours remonte au XIIIe siècle, probablement autour de l’année 1203. C’est là que l’ecclésiastique anglais, le Cardinal Stephen Langton (1162-1228), archevêque de Canterbury et grand chancelier de l’Université de Paris, divisa en chapitres l’Ancien Testament et le Nouveau Testament sur le texte latin de la Vulgate.

Les travaux de Langton ont été améliorés par un dénommé Thomas Gallus qui, lui divisa chaque chapitre en paragraphe.

Vers 1226, les libraires de Paris introduisirent ces divisions en chapitres dans le texte biblique, donnant lieu à la « Bible parisienne ». Dès lors, cette division se répandit dans le monde entier. 

Qui a ajouté les versets ?

Santes Pagnino (1470-1541), juif converti, puis dominicain, natif de Lucques (Italie) consacra 25 années de sa vie à sa traduction de la Bible d’après les originaux, elle fut publiée en 1528. Il serait le premier à diviser le texte en versets numérotés. Sa Bible fut imprimée à Lyon. C’était une version très littérale qui constitua une référence parmi les humanistes de l’époque et fut réimprimée plusieurs fois. C’est la première Bible latine à être imprimée et comprend la numérotation des versets en marge.

Robert Estienne, le célèbre imprimeur et humaniste français, réalisa en 1551 l’actuelle division en versets du Nouveau Testament. En 1555, il publia l’édition latine de toute la Bible. Pour les versets de l’Ancien Testament hébraïque, il prit la division faite par Santes Pagnino. Pour les autres livres de l’Ancien Testament, il élabore sa propre division et utilise pour le Nouveau Testament une ébauche qu’il avait auparavant exploitée.

Henri II Estienne, le fils de Robert Estienne, rapporte que son père effectua le travail de division et de numérotation au cours d’un voyage en carrosse de Paris à Lyon.

La première Bible imprimée avec chapitres et versets

La première Bible imprimée qui comporta totalement la division en chapitres et en versets sera la dite Bible de Genève, qui parut en 1560 en Suisse. Les éditeurs de la Bible de Genève optèrent pour les chapitres d’Étienne Langton et les versets de Robert Estienne, conscients de leur grande utilité pour la mémorisation, la localisation et la comparaison des passages bibliques. Pour Robert Estienne, le Nouveau Testament compte 7959 versets.

Son édition de 1552 s’intitule « le Nouveau Testament c’est-à-dire la nouvelle alliance de notre Seigneur Jésus-Christ, tant en latin, qu’en francois : les deux translations traduictes du grec, respondantes l’une à l’autre, verset à verset, notez par nombres ».

Il ajoute pourquoi cette édition est divisée, afin dit-il de soulager et aider les lecteurs.

Pour la première fois une Bible française complète porte l’indication de versets numérotés. C’est l’année 1553 qui ainsi marque une nouvelle étape dans l’édition de la Bible en français.