Parution | 1667, 1672, 1693, 1990 |
Éditeur | Robert Laffont |
Traduction | semi-littérale |
Lecture | Délicate |
Confession | Catholique |
Deutérocanoniques | Oui |
Ordre des livres | Canon catholique |
Unités poids et mesures | Ancienne |
BIOGRAPHIE
De son vrai nom Louis-Isaac Le Maître dit de Sacy, il naît à Paris en ce jour du 29 mars de l’an de grâce 1613. Son père Louis-Isaac Lemaître, pour avoir embrassé la foi huguenote en 1616, fut enfermé à la Bastille en 1619. Le jeune Isaac Le Maistre se répétait sans cesse ce passage de Job : “Car j’ai toujours craint Dieu comme des flots suspendus au-dessus de moi, et je n’en ai pu supporter le poids” ( Job 31.23).
Il s’investit sérieusement dans l’étude du grec et de l’hébreu pour ensuite rejoindre son frère à Port-Royal des Champs. Ordonné prêtre le 21 décembre 1649 à 36 ans, il va dès lors consacrer une bonne partie de son temps à travailler sur une traduction de la Bible d’après la Vulgate et ce, tout en dirigeant spirituellement les religieuses de Port-Royal. Il n’est pas seul à traduire, mais accompagné d’un petit comité qu’il pilote. Ces religieuses furent si ferventes qu’elles prirent vraiment à cœur le travail de traduction entrepris à Port-Royal par Antoine Le Maistre, le frère d’Isaac, Arnauld, Nicole et le duc de Luynes. L’équipe travaille assidûment sur une traduction du Nouveau Testament qui sortira en 1667. Antoine Le Maistre se consacrera aux Quatre Évangiles et l’Apocalypse.
Voici les propos de Jean Racine sur la méthode de travail employée : « M. de Sacy faisait le canevas, et il ne le remportait presque jamais comme il l’avait fait, mais il avait lui-même la plus grande part aux changements, étant assez fertile en expressions. M. Arnauld était presque toujours celui qui déterminait le sens. M. Nicole avait toujours devant lui saint Chrysostome et de Bèze, ce dernier afin de l’éviter ».
David Lortsch rapporte à ce sujet : “Les religieuses de Port-Royal prirent un intérêt extraordinaire à cette traduction des Saintes Écritures. Elles y collaborèrent même, et cela d’une manière probablement unique dans l’histoire des traductions de la Bible, en l’arrosant de leurs prières. Elles prièrent, et même « prièrent sans cesse » pour les traducteurs. Elles s’organisèrent en groupes, et comme des sentinelles qui se relèvent, les groupes se relayaient pour prier. Quand un groupe avait fini, un autre venait immédiatement le remplacer. À genoux, elles offraient ainsi à Dieu des prières ferventes et continuelles, le suppliant de faire descendre sur les traducteurs de sa Parole l’esprit de sagesse, de lumière et d’intelligence, afin qu’il ne pût sortir de leurs plumes qu’une sainte et pure traduction du volume inspiré, image fidèle du texte original.” (Histoire de la Bible française – David Lortsch)
Le 13 mai 1666 était la date fixée pour finaliser la dernière étape du travail, la préface qu’avait préparée De Sacy, mais alors qu’il touchait au but, et se rendait à l’hôtel de Longueville avec son disciple Fontaine, il est arrêté en chemin, par le commissaire civil qui l’emprisonnera à la Bastille.
De Sacy est connu pour être un Janséniste auquel Blaise Pascal (1623-1662) se ralliera et défendra la cause. A cause des querelles que provoque le Jansénisme au sein du catholicisme, il doit quitter Port-Royal en juin 1661. Entre ces quatre années, il contribuera à la traduction du Nouveau Testament avec son équipe. Il sera arrêté et conduit à la Bastille le 13 mai 1666, au lieu même où son père, quarante-sept ans plus tôt, fut enfermé. Il en sortira le 31 octobre 1668. C’est pendant ces longs mois en prison qu’il travaillera ardemment pour l’avancement de sa traduction de la Bible, en particulier l’Ancien Testament. On peut y voir une communauté de destin entre De Sacy et Luther. L’un est enfermé à la Bastille, l’autre au
Château de Wartbourg, l’un traduisit l’Ancien Testament, l’autre le Nouveau Testament, Luther travailla sur le grec d’Érasme et De Sacy sur la latin de la Vulgate.
Pendant sa captivité, le Nouveau Testament de Mons paraîtra en 1667 sous le titre de Nouveau Testament de Nostre Seigneur Jésus Christ – Traduite en françois d’après la Vulgate, avec les différences du Grec-. Succès exceptionnel, en moins de 6 mois, cinq mille exemplaires sont vendus. Sa traduction fait fureur, elle fait peur aux catholiques tant est si bien que le Roi Louis XIV en interdit l’ouvrage le 22 novembre 1667. Évêques et archevêques en interdisent eux aussi la lecture et la diffusion et le saint siège de Rome, représenté par le Pape Clément IX condamne son usage sous peine d’excommunion.
En 1675, il quitte Paris pour se rendre et s’installer de nouveau à Port-Royal. Alors que la persécution contre les Jansénistes reprend en 1679, il est obligé de partir et trouve refuge chez son cousin au Château de Pomponne en Seine et Marne. Il y restera jusqu’à sa mort en 1684.
Entre 1672 à 1684, Louis-Isaac Lemaistre de Sacy publiera dix livres supplémentaires de la Bible. Utilisant les manuscrits laissés par de Sacy, son disciple, Pierre Thomas du Fossé (1634-1698) poursuivra cette tâche, et en entreprendra la publication qui s’échelonnera entre 1685 et 1693.
Enfin, en 1696, paraîtra La Sainte Bible contenant l’Ancien et le Nouveau Testament en 32 volumes. On retiendra cette phrase qu’il prononça : “Avec la Bible, j’irai jusqu’au bout du monde.” Ce que l’on peut dire, quatre siècles plus tard, c’est que sa traduction, mais pas lui, à bel et bien fait le tour du monde ! Nous pourrions faire la remarque sur le nom de De Sacy ; et s’il n’était pas simplement le renversement de son prénom ISAAC en SACY
Eugène LEDRAIN, dans la Préface de la Bible, traduction nouvelle, caractérise ainsi le style de de Sacy : “Quelle bonne et ferme langue française ! Celle que l’on savait parler à Port-Royal et qui indique la bonne santé de l’esprit.”
Voici un extrait tiré de la Bible d’étude sortie en 1672.
Commentaire tiré du passage de Genèse 2.18 :
Il est donc certain que la femme est proprement aide à l’égard de l’homme afin qu’il devienne père et qu’il en puisse naître des enfants. C’est pourquoi comme cette raison qui a eu encore lieu dans la loi ancienne, où Dieu voulait multiplier la race d’un peuple qu’il avait choisi, et d’où le Messie devait naître, n’a plus aucun lieu en la loi nouvelle, il est bon au contraire selon saint Paul que l’homme soit seul et qu’il fuie la société des femmes, comme les femmes celle des hommes, afin que les uns et les autres embrassent une vie toute pure qui apprend aux hommes, selon l’Évangile, à imiter dans un corps mortel l’état de ces esprits si sublimes qui n’ont point de corps, et qui est comme une anticipation de la vie du ciel.
HISTORIQUE DES PARUTIONS
1667 : Le Nouveau Testament de Mons tiré à 500.000 exemplaires
1672 -1693 : La Sainte Bible
1696 : La Sainte Bible en 32 volumes
1701 : La Sainte Bible à Liège
1742 : La Sainte Bible en 24 volumes (latin et françois)
1990 : Réimpression par les éditions Bouquins
A propos de la version de 1990
En 1990, une nouvelle réimpression est entreprise par les éditions Robert Laffont (Bouquins).
Le texte n’a quasiment pas été retouché à l’exception de quelques mots, mais disons qu’il ne s’agit pas ici d’une révision mais du désir de mettre à disposition du public une copie de cette célèbre traduction.
Le succès est tel qu’elle sera réimprimée en 1992, 1994 et en 1995.
Cette version, de type format de poche, est fortement enrichie d’une préface retraçant l’histoire de la bible et principalement celle de Sacy et de Port-Royal et de textes d’introduction établis par Philippe Sellier, professeur à l’université de Paris-Sorbonne.
Parmi les annexes, nous trouvons une chronologie allant d’Abraham jusqu’à la mort de Paul, un lexique des noms propres de la bible et d’abondantes cartes. Ces annexes ont été établies par Andrée Nordon-Gérard
Quelques différences entre 1867 et 1990
Jean 10.30
1867 : Mon Père et moi, nous ne sommes qu’un
1990 : Mon Père et moi nous sommes une même chose
2 rois 2.9
1867 : Élisée lui répondit : Je vous prie de faire que j’aie une double portion de votre esprit.
1990 : Élisée lui répondit : Je vous prie que votre double esprit repose sur moi.
Apocalypse 1.10
1867 : Je fus ravi en esprit, un jour de dimanche
1990 : Un dimanche, je fus ravi en esprit
Apocalypse 3.14
1867 : le principe de tout ce que Dieu a créé
1990 : le principe des œuvres de Dieu
Les livres apocryphes sont inclus au canon : Tobie, Judith, Esther grec, 1 et 2 Macchabées, Sagesse, Ecclésiastique, Baruch et Daniel grec.
Les unités de mesure (taille, poids, longueur, distance, volume) sont conservées dans leur origine.
Lemaistre de Sacy emploie rarement le tutoiement. Toutes les relations de Dieu à l’homme ou de l’homme vers Dieu sont à la première personne du pluriel : vous. Il en est de même entre les hommes.
Genèse 6.4 : Faites-vous une arche de pièces de bois aplanies.
Actes 8.37 : Philippe lui répondit : Vous pouvez l’être, si vous croyez de tout votre cœur.
Il lui repartit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu.
Psaume 23. De David
C’est le Seigneur qui me conduit : rien ne pourra me manquer.
Il m’a établi dans un lieu abondant en pâturages :
il m’a élevé près d’une eau fortifiante.
Il a fait revenir mon âme, il m’a conduit par les sentiers de la justice,
pour la gloire de son nom.
Car quand même je marcherais au milieu de l’ombre de la mort,
je craindrais aucun maux, parce que vous êtes avec moi.
Votre houlette et votre bâton ont été le sujet de ma consolation.
Vous avez préparé une table devant moi contre ceux qui me persécutent :
vous avez oint ma tête avec une huile de parfum
que mon calice, qui a la force d’enivrer est admirable !
Et votre miséricorde me suivra tous les jours de ma vie;
afin que j’habite éternellement dans la maison du seigneur.
Actes 3.19 : Repentez-vous est traduit par Faites donc pénitence, et convertissez-vous,
afin que vos péchés soient effacés, quand les temps du rafraîchissement
que le Seigneur doit donner par sa présence, seront venus, et qu’il aura envoyé Jésus-Christ,
qui vous a été annoncé. Il faut cependant que le ciel le reçoive,
jusqu’au temps du rétablissement de toutes choses, que Dieu a prédit par la bouche
de ses saints prophètes, depuis le commencement du monde.
Apocalypse 2.4 : Mais j’ai un reproche à vous faire, qui est que vous vous êtes relâché de votre première charité.
La Sainte Bible de Sacy – 1867
Extrait Jean X