Les Libérales
Parution 1970 à 2008
Éditeur Desclée de Brouwer
Traduction Littérale
Lecture Difficile
Public Avisé
Confession Libérale
Unités poids et mesures Ancienne

 

« on ne lit pas la Bible, on lit une Bible ». Henri Meschonnic

Henri Meschonnic est né à Paris le 18 septembre 1932 et mort à Villejuif le 8 avril 2009 à l’âge de 77 ans. Son corps est inhumé au cimetière du Père-Lachaise. Il est connu pour avoir été un théoricien du langage, un essayiste, un traducteur et même un poète. Au cours de sa carrière, il a été lauréat des prix Max-Jacob en 1972 et celui de Mallarmé en 1986. Il fut membre de l’Académie Mallarmé à partir de 1987.

Il a reçu à Strasbourg en 2005 le Prix de littérature francophone Jean Arp pour l’ensemble de son œuvre et le lauréat du grand prix international de poésie Guillevic-ville de Saint-Malo en 2007. L’ensemble de ses œuvres a été déposé en 2007 aux archives à l’IMEC, situé en Basse-Normandie.

Né de parents juifs russes venus Moldavie en 1924, le jeune Henri est caché au cours de la 2nd guerre mondiale. Jeune bachelier, il poursuit ensuite ses études supérieures de lettres à la Sorbonne. Pendant la guerre d’Algérie, il va s’intéresser à la langue hébraïque qu’il appris en autodidacte, ce qui le pousse à entreprendre des traductions bibliques, point de départ d’une réflexion à la fois sur le rythme et sur la théorie générale du langage et du problème poétique, ce que montrent les deux premiers livres publiés ensemble, Les Cinq Rouleaux et Pour la poétique, en 1970.

Mais c’est surtout à partir de son expérience de traducteur de la Bible et de poète qu’Henri Meschonnic engage une « anthropologie historique du langage » comme « critique du rythme ». C’est parce que l’hébreu biblique ne connaît pas l’opposition vers/prose (voir l’introduction de Gloires, traduction des Psaumes), que le traducteur se confronte à la recherche d’un système répondant au système accentuel de la transcription réalisée par les Massorètes, et qu’il théorise le rythme comme « sujet du poème », c’est-à-dire « organisation prosodique-rythmique du texte » (voir « Le goût du rythme comme récitatif » dans Gloires, p. 30-37).

Vous l’aurez compris, Henri Meschonnic ne travaille pas du tout dans la lignée des autres traducteurs, il s’en dégage même, et volontairement. À quoi servirait-il de faire le même travail que d’autres ont déjà fait.

Dans l’introduction du livre de la Genèse, il dit travailler à faire entendre le continu, que cache le discontinu du signe. Le continu rythme-syntaxe-prosodie- qui détermine à son tour le continu langage-poème- éthique-politique.

 

 

  • Les Cinq Rouleaux (Le chant des chants, Ruth, Comme ou Les Lamentations, Paroles du Sage, Esther), Gallimard, 1970
  • Jona et le signifiant errant, Gallimard, 1981
  • Gloires, traduction des psaumes, Desclée de Brouwer, 2001
  • Au commencement, traduction de la Genèse, Desclée de Brouwer, 2002
  • Les Noms, traduction de l’Exode, Desclée de Brouwer, 2003
  • Et il a appelé, traduction du Lévitique, Desclée de Brouwer, 2003
  • Dans le désert, traduction du livre des Nombres, Desclée de Brouwer, 2008

 

Chaque livre est composé en deux parties. La première est la traduction propre faite par Henri Meschonnic, et la seconde expose ses notes qui sont la reprise du mot hébreu original et sa proposition de traduction ainsi que ce que les autres traducteurs avant lui ont opté de traduire pour un même mot.

Le texte en lui-même n’est pas ponctué, mais des espaces en guise de ponctuation.

Genèse 1.1 :  Au commencement – que Dieu a créé
Le ciel – et la terre
Et la terre – était vaine – et vide – et l’ombre
sur la face du gouffre
Et le souffle de Dieu – couve – sur la face de l’eau
Et Dieu a dit – qu’il y ait de la lumière
Et  il y eut la lumière.
Et Dieu a vu la lumière – c’est bien
Dieu a séparé entre la lumière – et entre l’ombre
Et Dieu a appelé la lumière – jour –
et l’ombre –  il a appelé nuit
Et il y a eut un soir et il y a eut un matin –  jour un

 

Un autre exemple dans le récit de la fuite de Yaacov dans Genèse 31.35 :

Et Rachel – avait pris les idoles –
et elle les avait mises dans la selle du chameau
et elle était assise dessus.
Et Lavan a palpé – toute la tente – et il n’a pas trouvé.
Et elle dit vers son père – non qu’il n’y ait pas le feu de la colère
dans les yeux de mon maître – car non – je ne pourrais pas –
me lever devant toi –  car j’ai – le chemin des femmes
Et il a cherché – et il n’a pas trouvé – les idoles.

Extrait Genèse 4 +  notes