Parution | 1970-2013 |
Éditeur | BLF |
Traduction | Transcription dynamique |
Lecture | Très facile |
Public | Tout public |
Confession | Évangélique |
Source AT | Diverses |
Source NT | Diverses |
Deutérocanoniques | Non |
Unités poids et mesures | Modernes |
Présentation
Alfred Kuen est né le 31 août 1921 à Strasbourg et est mort le 6 avril 2018. Au cours de sa carrière, il a été professeur à l’Institut biblique Emmaüs à Saint-Légier en Suisse où il a également exercé la fonction de directeur des éditions. On lui doit un grand nombre d’ouvrages de référence parus principalement aux éditions Emmaüs. Il est à l’initiative du projet de la Bible du Semeur. Mais son désir de rendre le texte biblique compréhensible et accessible à la majorité des francophones le poussa à entreprendre une traduction du Nouveau Testament totalement nouvelle, jamais exploitée jusqu’alors.
Deux méthodes sont généralement utilisées. La première est la plus courante : il s’agit de la traduction simple, appelée aussi à équivalence formelle. On traduit le texte source (grec ou hébreu) dans la langue cible sans ajouter, ni convertir les expressions. Osty, Darby et Crampon ont eu recours à cette méthode.
La deuxième méthode consiste à rendre le texte original accessible au lecteur, sans qu’il n’ait à buter sur des expressions ou des archaïsmes hébraïques. Les poids et mesures sont donc convertis dans un langage moderne et les temps conjugués sont souvent du présent ou de l’imparfait. Le texte doit être fluide et construit sur des courtes phrases. Parole de Vie, Français courant, Semeur, S21 ont eu recours à cette méthode.
Mais cette fois, Alfred Kuen va aller encore plus loin. Il va exploiter une nouvelle méthode appelée « l’équivalence dynamique amplifiée ». Nous sommes là aux antipodes d’une traduction présentée par Osty ou Darby. L’idée se rapproche de la paraphrase. Mais prenons un exemple : son grand appétit lui a fait terminer le plat, nous pourrions paraphraser et dire : Il était tellement affamé qu’il a tout fini de manger. La paraphrase est une reformulation équivalente de la pensée en utilisant d’autres mots, tout en déclinant toutes les qualités d’une réalité que l’on veut évoquer, en la décrivant aussi exhaustivement que possible. Il est à noter que la traduction des Targumim utilisait en quelque sorte cette méthode de paraphrase.
Ceci dit, Mr Kuen refuse l’alternative d’user de la paraphrase. Le terme le plus approprié, qui correspondrait à ce travail, serait « la métaphrase ». Mais ce mot n’est plus guère utilisé de nos jours. Finalement, la transcription dynamique est le terme retenu pour ce mode de travail. Alfred Kuen disait qu’en mettant ensemble les différentes variantes que l’on trouve dans les traductions, on aurait un texte amplifié contenant toutes les nuances du texte original.
Donc, le texte de base n’est plus les originaux, mais un ensemble de traductions qui, mises en commun, enrichissent la compréhension du texte biblique. Mais comment rendre plus de quatre-vingt traductions (françaises, anglaises et allemandes) en une seule ?
Historique des parutions
Les épîtres de Paul
1970 : Lettres pour notre temps – Éditions ELB
Autres épîtres et Apocalypse
1974 : Messages pour notre temps – Éditions ELB
Le Nouveau Testament
1976 : Parole Vivante – Éditions ELB
Puis réédité en 1980-1993-1999-2002 – Éditions ELB
2010-2013. Édité chez BLF sous le titre de Parole Vivante.
Les Psaumes
1980 : Louange pour notre temps – Éditions ELB
2014 : Louange Vivante – Éditions BLF
Cantique des cantiques, Job, Proverbes, Ecclésiaste
1982 : Sagesse et Poésie pour notre temps – Éditions ELB
2001 : Sagesse Vivante – Éditions BLF
Les livres Prophétiques
1987 : Prophéties pour notre temps – Éditions ELB
2016 : Prophétie Vivante éditée – Éditions BLF
Remarques
L’originalité de cette version, c’est de lire la bible autrement que tirée d’une traduction courante.
C’est ce que nous appelons une transcription dynamique en français courant, ou dite « amplifiée », surtout pour les épîtres du Nouveau Testament (certaines expressions étant traduites successivement de deux ou plusieurs façons complémentaires).
Voici donc trois exemples parmi les plus frappants.
Le premier exemple est le passage où est évoqué le fruit de l’Esprit qui comporte neuf aspects, soit neuf mots grecs dans le texte original.
Et bien dans la Parole vivante, nous trouvons dix-huit expressions.
Car l’Esprit de Dieu produit bien autre chose.
Le fruit de l’Esprit c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, le bon caractère, l’amabilité, la serviabilité,
la bonté, la générosité, la fidélité, la confiance dans les autres, la douceur, la modestie, l’humilité,
l’aptitude à céder et à s’adapter, la tempérance, la chasteté, la maîtrise de soi.
Le deuxième exemple est celui de 1 Corinthiens, le célèbre chapitre 13 sur l’Amour-Agape.
L’original grec comporte à peine 200 mots, Parole vivante en compte presque 560. Lisez par vous-même :
1 En effet, si je savais parler toutes les langues des hommes et même celles des anges,
mais que je n’aie pas l’amour, je ne serais rien de plus qu’une trompette claironnante ou une cymbale bruyante.2 Si je n’ai pas l’amour, j’ai beau être le plus inspiré des porte-parole de Dieu, connaître tous les secrets de son plan et être versé dans toutes les sciences, je peux même avoir une foi absolue au point de transporter des montagnes : sans amour je ne suis rien.
3 Quand je me dépouillerais de tous mes biens pour la nourriture des affamés, quand je distribuerais en aumône
tout ce que je possède, quand même je me ferais brûler pour mes convictions, si je n’ai pas d’amour, cela ne me sert de rien.4 Celui qui aime est patient, il sait attendre ; son cœur est largement ouvert aux autres.
Il est serviable, plein de bonté et de bienveillance ; il cherche à être constructif et se plaît à faire du bien aux autres.
L’amour vrai n’est pas possessif, il ne cherche pas à accaparer, il est libre de toute envie, il ne connaît pas la jalousie.
Lorsqu’on aime, on ne cherche pas à se faire valoir, on n’agit pas de manière présomptueuse.
Celui qui se rengorge, s’étale et s’enfle d’orgueil n’est pas inspiré par l’amour.
Aimer, c’est aussi se conduire avec droiture et tact.
L’amour prend des égards et évite de blesser ou de scandaliser, il n’est pas dédaigneux.5 Celui qui aime ne saurait agir à la légère ou commettre des actes inconvenants.
Aimer, c’est ne pas penser d’abord à soi, chercher son propre intérêt, insister sur ses droits.
L’amour n’est pas irritable, il ne s’aigrit pas contre les autres. Il n’est pas susceptible.
Quand on aime, on ne médite pas le mal et on ne le soupçonne pas chez les autres.
Si on subit des torts, on n’en garde pas rancune.6 Découvrir une injustice, ou voir commettre le mal, ne fait pas plaisir à celui qui aime.
Il se place du côté de la vérité et se réjouit lorsqu’elle triomphe.7 L’amour couvre tout : il souffre, endure et pardonne. Il sait passer par-dessus les fautes d’autrui.
Aimer, c’est faire confiance à l’autre et attendre le meilleur de lui, c’est espérer sans faiblir, sans jamais abandonner. C’est savoir tout porter, tout surmonter.8 L’amour n’aura pas de fin.
Les prédications inspirées passeront, les prières en langues cesseront et toutes nos connaissances s’évanouiront.9 Notre science, d’ailleurs, est bien limitée, nous ne connaissons que quelques fragments de la vérité,
et même nos prédications les plus inspirées n’en reflètent qu’une petite partie.10 Mais le jour où la perfection apparaîtra, ce qui est fragmentaire se trouvera dépassé et toute imperfection tombera.
11 Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je raisonnais en enfant, mes jugements étaient puérils.
Une fois devenu homme, je me suis défait de ces enfantillages qui ont perdu leur raison d’être.12 Aujourd’hui, certes, nous ne percevons qu’une image confuse de la réalité, nous voyons comme dans un miroir
et bien des énigmes demeurent. Alors, nous verrons directement, face à face.
Dans le temps présent, je connais d’une manière imparfaite et partielle, mais alors,
je connaîtrai aussi parfaitement que Dieu me connaît et je comprendrai comme j’ai été moi-même compris.13 En somme, trois choses demeurent : la foi, l’espérance et l’amour, mais la plus grande d’entre elles, c’est l’amour.
Enfin, le troisième exemple est certainement le chef-d’œuvre de cette version.
Il s’agit du passage de Philippiens 2.5, communément appelé « La Kénose », du dépouillement du Fils, littéralement : il s’est vidé.
C’est là une véritable poésie, tout en vers, avec des rimes ; on pense qu’à l’origine ce passage était un hymne que l’église connaissait à moins qu’il n’ait été composé par Paul ?
Ayez pour tous l’estime que l’on se doit en Christ,
et que votre attitude envers les autres procède de votre vie en lui.
Prenez modèle sur Jésus-Christ.
Ayez en vous les pensées et les sentiments qui l’animaient jadis :Le Christ, dès l’origine,
fut d’essence divine,
un avec le Dieu saint.
Il avait sa nature,
sa gloire sans mesure,
ses attributs divins.Loin de mettre sa joie
à trouver une proie
dans son égalité
avec le Dieu suprême,il s’abaissa lui-même,
avec humilité.Le Roi de tous les êtres
ici-bas voulut naître
en simple serviteur.
Esclave volontaire,
il a vécu sur terre
sans éclat, sans honneur.Homme parmi les hommes,
il fut ce que nous sommes,
en tout semblable à nous.
Humble et sans apparence,
dans son obéissance
il alla jusqu’au bout.Il humilia son âme
jusqu’à la mort infâme
d’un criminel en croix.Au trône de lumière,
il fut, par Dieu son Père,
élevé Roi des rois.À lui honneur suprême,
couronne, diadème,
et sceptre tout-puissant.
Jésus, nom qui surpasse,
dans le temps et l’espace,
tous les noms existants.Devant Jésus le Maître,
un jour devront paraître
hommes, anges, démons.
Dans les cieux, dans ce monde,
sous la terre et sous l’onde,
tous genoux fléchiront.En Maître, tous l’acclament,
toute bouche proclame :
Jésus-Christ est Seigneur.
À la gloire du Père,
le ciel, l’enfer, la terre,
exaltent le vainqueur.
Outre ces passages qui donnent un aperçu de cette version, notons quelques remarques :
1 Jean 3.18 : Mes enfants, ne nous payons pas de mots : il ne faut pas que notre amour consiste en quelques belles paroles ; s’il est véritable, il se traduit par des actes.
La définition de ce qu’est la foi, décrite dans Hébreux 11 est là aussi originale :
Et qu’est-ce que la foi ? C’est une ferme confiance dans la réalisation de ce que l’on espère, c’est une manière de le posséder déjà par avance. Croire, c’est être absolument certain de la réalité de ce qu’on ne voit pas.
Apocalypse 2.4 : J’ai cependant un grief contre toi : tu as abandonné ton premier amour, tu ne m’aimes plus comme au début ; votre amour des uns pour les autres s’est relâché.
Osty : Mais j’ai contre toi que tu t’es relâché de ton premier amour.
Au verset 20 : Me voici debout devant la porte : je frappe. Si quelqu’un est sensible à mon appel et s’il m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui et nous dînerons en tête-à-tête : moi près de lui et lui près de moi.
Il est à noter que certaines traductions proposent : je prendrai la Cène avec lui.
Romains 10.4 est très brillamment traduit par : La loi devait conduire vers celui qui en est l’accomplissement : le Messie.
Actes 2.38 : Pierre leur répondit: Changez, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus-Christ, cela signifiera que vos péchés sont pardonnés. Alors, vous aussi, vous recevrez en cadeau le Saint-Esprit.
Le prologue de Jean est généralement le premier texte que l’on regarde lorsque l’on a une nouvelle traduction, c’est toujours là que le traducteur doit user de finesse et de rigueur.
Jean 1.1 : Aux origines, avant que rien n’existe, le Fils, expression de Dieu, était là.
Il était face à face avec Dieu, étant lui-même Dieu.
De toute éternité, donc, il était là, face à face avec Dieu.
Tout ce qui existe a été créé par lui, absolument rien n’a pris naissance sans lui.
Dans les écrits de la première alliance, on peut relever quelques belles transcriptions :
Ézéchiel 37.7 : Je prophétisais donc comme j’en avais reçu l’ordre. Et tandis que je prophétisais, il y eut soudain un bruissement, puis un mouvement se produisit et les os se rapprochèrent les uns des autres et commencèrent à s’articuler chacun à celui qui lui correspondait.
Passage que j’affectionne particulièrement et qui illustre bien la réalité de ce à quoi Ézéchiel assista. Le rassemblement des os, chacun à sa place, reforme le squelette de chacun des massacrés dont tous les ossements étaient en désordre. Quelle scène spectaculaire et prophétique.
Proverbes 8.22 : Le Seigneur m’a acquise comme étant les prémices de son activité dès la prime origine et avant d’entreprendre aucune de ses œuvres. J’ai été établie dès les temps éternels, bien avant que la terre ne fût créée.
Hormis le texte, nous trouvons en fin d’ouvrage cinq cartes et une courte chronologie de la vie de Jésus. Les livres ne comportent aucune introduction. Les notes relèvent de renvois parallèles mais aussi des différentes traductions que l’on trouve dans d’autres versions. Sont présentes des explications sur les mots grecs les plus courants qui éclairent sur le sens des mots.
Pour consulter en ligne : https://topbible.topchretien.com/jean.1.1/PVI/.
La mise en page est très agréable et l’ouvrage de qualité. Le prix reste quant à lui très raisonnable. Reste à savoir si le Pentateuque et les livres historiques seront édités un jour.
Parole vivante – 1980