Le coup de cœur d’Alexandre

 

 

Avant de me lancer dans l’aventure de Bibliorama, j’avais une connaissance assez large des bibles qui se vendaient sur le marché. J’ai souvenir que ma première bible d’étude, ce sont mes parents à l’occasion de mes 18 ans qui me l’ont offerte. C’était la Thompson avec le texte de la Colombe.
Puis l’année suivante, je me suis acheté la NEG avec les commentaires de MacArthur et pour mes 20 ans, je me suis offert la Bible Scofield. Ce fut pour moi une vraie révélation à l’époque. J’ai lu la bible en entier, en long, en large, et cela chaque année pendant 7 ans. Je m’étais bien imprégné du texte et de ses notes. Elle est et restera l’une de mes préférées. En 2017, en recensant les traductions françaises de bible, je fus surpris du nombre de bibles qui ont été éditées rien que ces 30 dernières années. J’ai fait de belles découvertes mais une en particulier, que j’aimerais vous faire découvrir.
Il s’agit de la Bible Bayard – Traduction Nouvelle, éditée chez Bayard en 2001.

Jusqu’alors, j’ignorais l’existence de cette traduction mais aussitôt lancé dans mes recherches, une belle occasion se présenta et j’en achetai une. Le livre en lui-même est déjà un pavé pesant pas moins de 2.5kg, composé de 3180 pages dont 500 sont des notes, des introductions, des présentations de livres et d’histoires de la bible.
Personnellement, je suis de ceux qui préfèrent les traductions à équivalence formelle, c’est à-dire qui colle au plus près du texte original. Osty étant dans mes préférées.

La Bayard se situe à mi-chemin. Certains livres sont plus littéraux que d’autres mais l’objectif visé est de mettre les textes sacrés au goût du jour, dans une plume d’auteur littéraire.
Chacun des 72 livres a été confié à un binôme composé d’un exégète et d’un écrivain. La combinaison des deux donne de beaux résultats et parfois de belles surprises. C’est pourquoi, d’un livre de la bible à un autre, le style peut varier selon la sensibilité et la spécificité de l’écrivain.

Par réflexe, dès que j’ai une nouvelle traduction, je vais d’office regarder les versets que je connais par cœur. Il me donne une tendance du style choisie pour la traduction. Forcément, lorsque j’ai lu le 1er chapitre de la Genèse dans la Bayard, j’ai été bluffé :

Premiers
dieu crée ciel et terre
Terre vide solitude
noir au-dessus des fonds
souffle de dieu
mouvements au-dessus des eaux

dieu dit Lumière
et lumière il y a
dieu voit la lumière
comme c’est bon
dieu sépare la lumière et le noir
dieu appelle la lumière jour et nuit le noir

Soir et matin
un jour

On ne s’attardera pas sur le « d » minuscule de dieu mais sur la construction de ce passage. La lecture traditionnelle de la Segond est littéralement bousculée. Où sont nos repères ? C’est ce que propose cette Nouvelle Traduction. Elle déstabilisera les habitués des versions trop classiques et elle émerveillera les amoureux de la langue française, surtout pour ceux qui ne sont pas familiers avec les textes sacrés. Le livre des Juges étant dans mon Top 5, deux passages m’ont aussi surpris. Au sujet du jeune Samson, au chapitre 13 verset 25, il nous est dit :

L’enfant grandit, Yhwh veilla sur lui et, à Mahané-Dan, entre Tsorea et Eshtaol, le souffle de Yhwh commença à le secouer comme un prunier.

Et le tragique épisode du lévite au chapitre 19, alors qu’un seul habitant de Guivéa, un vieillard, va exercer l’hospitalité. Au moment où ils sont à table, le texte nous dit ceci :

Mais, alors qu’ainsi ils se restauraient à cœur joie, voici que des vauriens de la ville s’attroupèrent autour de la demeure du maître de maison, martelant la porte de leurs poings.
– Eh, le vieux, vociféraient-ils, fais un peu sortir le type planqué chez toi ! On veut jouir de lui !

Dans aucune autre version, vous ne trouverez des tournures de ce style. Quasiment tous les idiomes et les euphémismes sont rendus par des expressions courantes que le lecteur n’aura aucune peine à comprendre.
Les onze premiers chapitres de la Genèse sont sans ponctuation. Le texte est épuré, aéré. Il respire à nouveau, il est comme dépoussiéré :

Yhwh Dieu ensommeille l’adam et l’adam s’endort
Il prend une des côtes de l’adam et referme les chairs
Avec la côte prélevée sur l’adam Yhwh Dieu bâtit une femme et la pousse vers l’adam
L’adam parle : C’est elle enfin l’os de mes os et la chair de ma chair
C’est elle nommée femme qui de l’homme est prise elle
Oui l’homme quitte son père et sa mère pour s’attacher à sa femme
Ils ne sont qu’un tous les deux sont nus l’adam et sa femme n’ont aucune honte 

Genèse 2.21

 

Petits détails d’Évangile :

  • Luc appelle les pécheurs des Hors-la-loi alors que Marc les nomme les réprouvés.
  • Les scribes sont nommés des lettrés et les publicains deviennent des racailles.

 

 

Dans l’Évangile de Jean, là aussi, le texte est surprenant :

Dieu, personne ne l’a jamais vu
mais le Fils unique, Dieu
appuyé contre le Père, l’a raconté

Jean 1.18

 

 

 

Jean, aux sept communautés d’Asie : Grâce et paix à vous,
de la part de Celui qui est et qui était et qui vient, et des sept
et de la part  souffles qui sont en face de son trône,
et de la part de Jésus-Christ, le témoin, le crédible,
le premier-né d’entre les morts, le chef des rois de la terre.

À lui qui nous aime et nous délia et qui de nos fautes dans son sang,
et qui fit de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père,
à lui la gloire et le pouvoir pour les éternités des éternités. Amen.

Voici : il vient sur les nuages et tout œil le verra, même ceux qui l’ont transpercé ;
elles se frapperont la poitrine en le voyant, toutes les tribus de la terre.

Oui, amen.
Moi  Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga,
dit le Seigneur Dieu,
Celui qui est et qui était et qui vient,
le Puissant-sur-tout.

Apocalypse 1.7

 

La seule chose qui aurait été souhaitable est la conversion des unités de poids et mesures en langage moderne. La première édition est certes une belle réussite mais la 2ème édition est malheureusement beaucoup plus petite. Un format compact mais qui contient cependant la même chose que la 1ère édition. De plus, le papier est beaucoup trop fin.

Voilà le coup de cœur que je voulais partager avec vous, afin de vous donner envie de découvrir cette version encore méconnue de beaucoup.

Pour en savoir plus consultez la fiche de la Bible Bayard.

Alexandre Nanot