Nouveau testament
Nom Les Évangiles en araméen
Auteur Joachim Elie et Patrick Calame
Éditeur Desclée de Brouwer
Date 2012
Nombre de pages 363
Format 15,2 x 2,3 x 23,5 cm

Les Évangiles

Traduits du texte araméen
présentés et annotés par

Joachim Élie et Patrick Calame

 

Desclée de Brouwer

 

 

 

© 2012, Groupe Artège
Éditions Desclée de Brouwer
10, rue Mercoeur – 75011 Paris
9, espace Méditerranée – 66000 Perpignan
www.editionsddb.fr

 

 

Cet ouvrage, unique en son genre, est une traduction des évangiles en français depuis le texte araméen de la version de la Peshittâ. Ceux qui connaissent et sont quelques peu familiers avec la traduction effectuée par André Chouraqui n’auront pas trop de mal à se plonger dans cette nouvelle traduction car les auteurs reprennent à peu près le même procédé.

Le texte de la Peschitta se rapproche des texte majoritaires, il comprend des incises que l’on ne trouvent pas dans les traductions modernes.
Par exemple : Luc 1.28 : L’ange entra auprès d’elle et lui dit : « Paix à toi, pleine du Bien. Mârane est avec toi, la bénie parmi les femmes. Quand elle le vit, à sa parole son cœur battit plus vite, et elle pensa : « Quelle est cette paix ? »

Luc 23.38 : Et il y avait aussi une inscription, au-dessus de lui, en grec, en romain et hébreu : Celui-ci est le roi des Yihoudâyé.

Mattaï 1.25 : Et il ne la connut pas jusqu’à ce qu’elle enfantât son fils premier-né. Et elle l’appela du nom de Yéchou’.

Mattaï 19.9 : Mais je vous le dis, qui abandonne sa femme, la légitime, et en prend une autre, adultère. Et qui prend l’abandonnée, adultère.

 

 

 

Particularités

Le nom de Dieu est systématiquement rendu par l’araméen Alâhâ par exemple dans Marqos 8.29 : Chém’oun répondit et lui dit : « Tu es le Messie, le fils d’Alâhâ vivant !»

Le Saint-Esprit est rendu par la Spiration Sainte. You’hanân 14.26 : Mais le Paraclet, la Spiration Divine que le Père envoie en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tous ce que je vous dis.

Tous les noms propres des noms et des villes sont gardés en araméen. Jésus de l’hébreu Yeshoua est rendu par Yéchou’, Kessariya de Philippos (Césarée de Philippe), Simon Pierre par Chém’oun Kiphâ, Gabatha par Guephiphtâ, Golgotha par Gâgoultâ, Jérusalem devient Ourichlem, Maître ou rabbi par Mârane et dernier exemple, les Juifs sont rendus par les Yihoudâyé.

 

 

 

Quelques remarques intéressantes

 

Mattaï 4.10 : Alors Yechou’ lui dit : « Va vers toi-même Sâtânâ ! Car il est écrit : Tu ne te prosterneras vers Mâryâ ton Alâhâ, et pour lui seul, tu oeuvreras. »
Note en bas de page : Zel Lâkh.
En hébreu, c’est le fameux « lekh lekha » adressé à Abram (Gn12.1) Cette parole divine adressé à Abram signifie : « Va vers la Vie ». Adressée à Satan, elle signifie : « Va vers ton néant » (Dt 6.13).

 

You’hanân 21.14 nous rapporte le triple appel de Yéchou’ à Chém’oun Kiphâ en écho à son triple reniement. Yéchou’ répond par trois fois par différentes exhortations : 1. Pais mes agneaux pour moi, 2. Pais mes moutons pour moi, 3. Pais mes brebis pour moi. Quelle leçon en tirez ? Les commentaires du texte grec ont vu la nuance entre le philéo et agapéo mais en araméen la subtilité est tout autre et il vaut le coup de voir la note en bas de page.
147. M’aimes-tu : la version syriaque ne donne ici entre les v.15 et 17, qu’un seul de ses verbes « aimer » (re’ham, aimer dans ses entrailles), là où le grec en donne deux (philein et agapein). Ce qui change, c’est le nom des ovins : agneaux, moutons, brebis. Et cela révèle le crescendo qui conduira Pierre de sa tiédeur première jusqu’à l’amour brûlant.
1. « Mes agneaux » : Emari. De la racine Emar qui signifie  « Dire ».
2. « Mes moutons » : Erbaï. 
De la racine ‘Ereb qui signifie « promettre solennellement », « Être témoin au baptême ».
3. « Mes brebis » Neqawathi.
De la racine Neqa, « Offrande de soi », « Don de soi », « Libation ».
Selon la tradition syriaque, Maryam est la brebis (Néqyâ) qui  a enfanté l’agneau, c’est-à-dire la Parole (’emra).

 

Mattaï 25.1 et la parabole des 10 vierges : Alors le Royaume du Ciel ressemblera à dix vierges qui prirent leurs lampes et sortirent à la rencontre de l’époux et de l’épouse.
Vous avez bien lu  – et de l’épouse – nous ne sommes pas habitués à lire de cette sorte car elle déstabilise notre manière de comprendre cette parabole. Nous interprétons la bible d’après notre grille de lecture, nous avons des filtres et tout cela nous conditionne. Du coup, nous perdons et nous privons d’horizons nouveaux  et d’interprétations nouvelles. Tout ne doit pas être à réinterpréter mais sachons être à l’écoute d’une autre interprétation. Les 10 vierges sortent donc à la rencontre de l’époux et de l’épouse. Qu’est-ce que cela peut bien signifier ? D’abord , disons que ce n’est pas une exclusivité  que l’on trouve dans ces évangiles. « L’époux et l’épouse »  se trouvent dans les versions syriaques, ainsi que dans la Vulgate de Saint Jérôme, mais on la trouve aussi dans la bible de Sacy (1867) et la traduction de l’Abbé Jager (1846)  qui eux l’ont gardé.Tout porte à croire qu’elle est présente dans le texte original.

 

You’hanan 1.12-14 : Mais à ceux qui le reçurent, il donna le pouvoir d’être fils d’Alâhâ, à ceux qui ont foi en son nom,qui furent enfantés non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de la volonté d’Alâhâ. Et la Parole fut chair, et elle fut embryon parmi nous. Et nous vîmes sa gloire,comme la gloire d’un fils unique de son père, plein de grâce et de rigueur.

 

Mattaï 19.4-6 : Il leur répondit et dit : « N’avez-vous pas lu que Celui qui fait depuis le commencement, les fît mâle et femelle, et qu’il dit : C’est pourquoi l’homme abandonnera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et les deux seront une seule chair. C’est pourquoi ils ne sont pas deux, mais un seul corps. Ainsi ce qu’Alâhâ a conjugué, que le fils d’homme ne le sépare pas ».

 

Mattaï 7.21-23 : Ce n’est pas celui qui me dit : Mâri, mâri, qui entre au Royaume du ciel, mais celui qui fait la volonté de mon père qui est dans le ciel. Beaucoup me diront en ce Jour-là : Mâri, mâri, en ton nom, n’avons-nous pas prophétisé, en ton nom, n’avons-nous pas fait sortir les démons, en ton nom n’avons-nous pas fait beaucoup de puissances ? Alors je leur affirmerai : Jamais je ne vous ai connus, éloignez-vous de moi, ouvriers pervers !  Note  :N’avons-nous pas prophétisé… : phrase à double sens. On peut entendre : « N’avons-nous pas fait les prophètes, suscité les démons, produit les puissances ….» En fait, ils ont fait de la magie, de l’invocation magique.

 

You’hanan 3.3 : Yéchou’ lui répondit et lui dit : « Amin, amin, je te le dis, si l’on ne naît pas du Commencement, o ne peut voir le Royaume d’Alâhâ. v.7 : Il faut que vous naissiez du Commencement. Note : Commencement : rich « tête, cime, principe », c’est le premier mot de la Genèse. Ce commencement, avant la chute, lorsque l’homme était innocent, lumineux, et soumis à Dieu.

 

Loucas 1. 67 : Et Zekharyâ, son père, fut rempli de la Spiration Sainte; il prophétisa et dit : « Béni est Mâryâ, Alâhâ d’Israël qui a visité son peuple et l’a délivré. Il a relevé pour nous la corne de délivrance dans la maison de Dawid son serviteur, ainsi qu’il l’avait dit par la bouche des saints prophètes, depuis toujours, pour nous délivrer de nos ennemis, et de la main de tous ceux qui nous haïssent. Il a fait grâce à nos pères, il s’est souvenu de ses alliances saintes, du serment qu’il a juré à Avrâhâm, notre père, de nous accorder; que sans crainte, délivrés de la main de nos ennemis, nous œuvrions devant lui, tous les jours, dans la droiture et la sainteté.