4 juillet 2023
Alexandre Nanot

Genèse 3.16 : vers ton homme, ton désir

NFC : Tu te sentiras attirée par ton mari, mais il dominera sur toi.
TMN 2018 : Tu désireras intensément être avec ton mari, et lui, il te dominera.
Kahn : la passion t’attirera vers ton époux, et lui te dominera.
Fillion : vous serez sous la puissance de votre mari, et il vous dominera. 
Fleg : Et vers ton homme sera ton désir, et lui dominera sur toi.
Chouraqui : À ton homme, ta passion : lui, il te gouvernera.
Giguet : tu attendras le commandement de ton époux, et il te maîtrisera.
PDV : Tu seras attirée par ton mari, mais il sera ton maître.

וְאֶל-אִישֵׁךְ, תְּשׁוּקָתֵךְ, וְהוּא, יִמְשָׁל-בָּךְ sens de lecture

véel icheh techouqareh véhou yimchol bah

Ce mot « désir », en hébreu תְּשׁוּקָה – téshouqah ne se trouve que trois fois dans la Bible. Premièrement, dans ce passage de Gn 3.16, puis dans le Cantique des cantiques 7.10 : « Je suis à mon bien-aimé, et ses désirs (תְּשׁוּקָה) se portent vers moi » et enfin, très intéressant, on retrouve au sujet de Caïn lorsqu’il lui est dit : « Certainement, si tu t’améliores, tu pourras te relever, et si tu agis mal – le péché est étendu à la porte, et vers toi son désir, mais toi domine sur lui. »

Pour comprendre dans ce passage, il faut bien se rappeler que nous nous trouvons tout au début de la chute. Nous sommes dans les sentences prononcées par Dieu en conséquence à leur désobéissance. Donc, dans le plan initial de Dieu, il n’en est pas ainsi. L’homme et la femme sont différents et complémentaires, créés avec une différentiation sexuelle.

John MacArthur commente le passage ainsi : « Tout comme la femme et sa postérité seront engagés dans une guerre contre le serpent, c.-à-d. contre Satan et sa postérité (v. 15), l’homme et la femme seront confrontés, à cause du péché et de sa malédiction, à des conflits dans leur propre relation. Le péché a transformé la configuration harmonieuse des rôles définie par Dieu en un détestable champ de bataille de volontés égoïstes. Les compagnons de toute une vie, les maris et les femmes, auront par conséquent besoin de l’aide de Dieu pour s’entendre. Les désirs de la femme seront de traiter son mari de haut, mais le mari sera le chef selon la volonté divine (Ep 5:22-25) ».

Antoine Nouis s’exprime sur ce passage en ces mots : « La domination de l’homme sur la femme n’est pas un commandement de Dieu, elle est la conséquence de l’entrée de l’humanité dans un monde régi par des rapports de force et de pouvoir. L’appel, la vocation, de l’humain dans l’histoire est de lutter contre ces rapports de force et de domination, pour instaurer des relations construites sur la complémentarité, l’entraide et le face-à-face, comme c’était le cas dans le jardin. 
Dans la création de Dieu, l’homme et la femme étaient en situation de vis-à-vis, de côte à côte. La rupture de l’harmonie entre les sexes est une conséquence de la quête de l’humain qui veut devenir Dieu. Le message du texte invite l’humanité à œuvrer pour les relations harmonieuses du jardin, contre les conséquences de la chute. Ce passage ne commande pas aux femmes d’être soumises à leurs maris, de même qu’il ne dit pas que les douleurs de l’accouchement sont un bienfait, ou que la pénibilité du travail est une nécessité. Il invite à dépasser l’état de nature pour découvrir des relations conjugales construites sur la complémentarité, comme il appelle à lutter contre les douleurs de l’enfantement, l’aridité de la nature et la dureté du travail. De même que nous avons relu les paroles prononcées sur le serpent comme une exhortation à combattre le mal, nous comprenons les paroles dites à la femme comme une invitation à l’établissement de relations conjugales fondées sur le partage et le respect. » (Antoine Nouis, L’aujourd’hui de la création, p.147 – Éditions Olivétan 2001)

Voyons ce qu’en dit Christophe Paya  : « Or s’y s’ajoute, parmi les sanctions infligées par le Seigneur, l’idée que l’homme dominera sa femme. On ne saurait trop insister sur le fait qu’il s’agit là d’une punition, et non d’un mandat donné à l’homme. Il ne s’agit pas non plus de condamner un certain ordre dans la relation homme/femme, mais de dénoncer la manière dont l’homme peut prendre abusivement le dessus dans le couple. Quant à la formule « ton désir se portera vers lui», nous avons déjà vu qu’elle semble exprimer un élan, une attirance, sans relever de la sanction. Précisément, dans le Cantique des Cantiques c’est la femme (la Sulamite) qui reprend cette formule à son compte, en l’inversant : « je suis à mon bien-aimé, et son désir se porte vers moi » (Ct 7.11). S’il y a un problème dans la Genèse, il réside dans l’attitude adoptée par l’homme en retour : non pas «… et son désir se portera vers toi », mais « lui te dominera ». C’est assez dire combien la domination imposée par l’homme peut gâcher la relation. Il ne s’agit pas simplement de noter que l’homme domine la femme comme il domine les animaux : de manière cruelle, il la domine alors même qu’elle attend de lui autre chose, sans doute le même élan amoureux en retour. Or le Cantique des Cantiques suggère l’émerveillement de la femme qui constate que dans le cadre d’une relation d’amour véritable, l’homme se met lui aussi à éprouver le même élan, vers elle : la symétrie est rétablie. » (Comprendre Genèse 1-11 aujourd’hui, p.119, Éditions Excelsis 2013)

3 Commentaires

  1. Antoinette Frere

    Merci de me rajouter à vos adresses

    Réponse
    • AGOUTÉ

      Merci pour les analyses et commentaires sur Genèse 3:16 . Ces Paroles de Dieu adressées à Ève et indirectement à son mari Adam sont à priori indissociables des sanctions au début du verset ( souffrance des grossesses et douleurs de l’enfantement) conséquences de la désobéissance du premier couple., On peut légitimement penser que le rapport entre Adam et Ève était différent avant leur chute. La « domination » de l’homme sur la femme ne préfigure t elle pas la domination de Christ sur l’Eglise qui est son Épouse et qui Lui est soumise selon Ephésiens 5? Au delà des différents commentaires, les versets 16 et 15 de Genèse 3 expriment dès les premiers jours de l’humanité, la bonté salvatrice insondable de notre Dieu qui se cache même derrière ses châtiments. C’est incroyable : ces deux versets complémentaires annoncent prophétiquement les souffrances de notre Rédempteur ( le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur Lui , homme de douleur habitué à la souffrance d’après Esaïe 53) qui est à la fois l’image de notre Père et de notre Mère , sans péché et de qui nous sommes nés spirituellement . La contiguïté de ces deux versets n’est donc pas un hasard . Par ailleurs , le combat acharné que mènent les féministes pour défendre l’égalité et la parité homme- femme et l’épidémie de divorce qui sévit dans le monde y compris malheureusement dans l’église ( par désobéissance à Ephésiens 5) révèlent et justifient a posteriori le caractère salutaire de cette sanction prononcée par Dieu. Soyez bénis !

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  2. Renata-Sylvie Rossetto

    Cher frère Alexandre.

    Quel bonheur de voir que l’on peut vivre le « Cantique des cantiques  »

    Si l’on suit les instructions » de nôtre Seigneur Jésus Christ qui nous révèle sa Parole et dit que si nous venons à Lui, nous trouverons la paix pour nos âmes, car Il est doux et humble de cœur, que son joug est doux et son fardeau léger.  »

    Lui qui a accompli la justice de la loi, par son sacrifice, pour nous qui marchons non selon la chair mais selon l’Ésprit.

    Il nous a réconciliés avec le Père.

    Les punitions réservées à celles et ceux qui désobéissent, ne sont plus d’actualités à partir du moment où l’on reconnaît nos fautes  » se repentir  » et qu’on accepte le Seigneur Jésus Christ comme notre Seigneur et Sauveur.

    De là, l’Ésprit Saint nous est donné et Il rempli nos cœurs de l’Amour de Dieu qui nous permet de persévérer et d’espérer en Lui, et de nous réjouir même dans les afflictions.

    Béni soit notre Père Céleste éternellement !

    Fraternellement en Christ.

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