17 février 2024
Alexandre Nanot

Qui est Jacques dit « le Majeur » ?

Jacques, de l’hébreu Ya’acov était un prénom très répandu à l’époque de Jésus. Ya’acov était le nom du troisième patriarche, le père des 12 tribus d’Israël. C’était un prénom courant au temps de Jésus, ainsi, dans le Nouveau Testament, nous trouvons pas moins de 4 Jacques : 

Jacques, le père de l’apôtre Jude, l’un des Douze (Luc 6.16 ; Actes 1.13).

Un autre dit « Jacques, fils d’Alphée » qui lui aussi est compté parmi les Douze (Matthieu 10.3 ; Marc 3.18 ; Luc 6.15 et Actes 1.13). On ne sait que trop peu de choses à son sujet, mais on l’identifie généralement avec Jacques, surnommé le Petit ou le Mineur.  

Le troisième occupe une place importante dans l’Église de Jérusalem, il s’agit de Jacques, « le frère du Seigneur » (Galates 1.19). Lorsque nous disons, le frère du Seigneur, comprenons-le comme l’un des fils que Joseph a eu avec Marie, dont il semble avoir été l’aîné, sans compter Jésus. (Marc 6.3)
D’abord incrédule quant à la messianité de Jésus, il fut néanmoins gagné par une apparition du Jésus ressuscité (1 Corinthiens 15.7). S’étant rattaché à la communauté des disciples, il devient rapidement le responsable de l’Église de Jérusalem (Actes 12.17) et considéré comme l’une des colonnes avec Pierre et Jean. Il meurt martyr en 62, jeté du haut du temple. Il est considéré comme l’auteur de l’Épître qui porte son nom.

Enfin, celui qui nous intéresse, c’est Jacques dit « le Majeur ». Il est le fils de Zébédée et de Salomé. Il est question deux fois de la mère des fils de Zébédée dans l’Évangile de Matthieu (Mt 20.20 et 27.56), mais sans mentionner sans nom. Elle est traditionnellement identifiée avec la Salomé que l’on trouve en Marc 15.40.
Appelé à suivre Jésus en même temps que son frère cadet Jean (Mt 4.21-22 ; Mc 1.19-20 ; Lc 5.9), tous deux comptés parmi les Douze. Le surnom de Boanergès « fils du tonnerre » que Jésus leur attribue désigne bien le caractère impétueux des deux frères, tel qu’il est décrit dans l’épisode des Samaritains (Luc 9.52-56) et dans la requête des premières places dans le Royaume (Marc 10.35 ; Marc 10.40). Avec Jean, son frère et Pierre, ces trois disciples occupent une place de choix et furent choisis par Jésus pour assister à des événements particuliers comme la résurrection de la fille de Jaïrus, sa transfiguration et son agonie à Gethsémané (Marc 5.37 ; Marc 9.2 ; Marc 14.33). Hormis sa mort relatée en Actes 12.2, la Bible ne nous dit rien de plus.

SA MORT

Jacques, frère de Jean, fils de Zébédée fut le premier des douze apôtres à mourir en martyr, ayant été mis à mort par Hérode Agrippa Iᵉʳ vers l’an 43 par décapitation (Actes 12.2). La tradition assez tardive, antérieure au IXᵉ siècle, voit en lui l’apôtre de l’Espagne, d’où le célèbre sanctuaire de Saint-Jacques-de-Compostelle (Galice), si célèbre au Moyen Âge, que depuis, les pèlerins apportent en souvenir des « coquilles de saint Jacques ».

Une certaine lecture du passage d’Actes 12,1-3 et de documents juifs montreraient que la mort de Jacques aurait été décrétée par le Sanhédrin, à tendance sadducéenne, avec la connivence du roi Hérode Agrippa I, sous l’accusation de sédition de masse ; c’est pourquoi Jacques n’aurait pas été décapité, mais passé par le fil de l’épée, conformément à Deut 13.16.
Une autre hypothèse de O. Cullmann « Courants multiples dans la communauté primitive » estime que Jacques a été condamné pour un crime politique commis contre l’empereur, c’est-à-dire en tant que zélote, la peine aurait donc été romaine plutôt que juive, la décapitation.

Une tradition que l’on doit à Clément d’Alexandrie (150-215) et qui nous est rapporté par Eusèbe de Césarée raconte : « Celui qui avait mené l’apôtre Jacques devant les juges, fut si touché de sa fermeté à confesser Jésus-Christ, qu’il avoua qu’il était aussi chrétien, si bien qu’il fut condamné comme lui à avoir la tête tranchée. Comme ils allaient ensemble au supplice, cet homme demanda pardon à l’apôtre ; celui-ci délibéra un peu s’il devait traiter comme frère un homme qui n’avait pas encore reçu le sacrement de Jésus-Christ. Mais aussitôt, il l’embrassa et lui dit : la paix soit avec vous. Ils eurent ensuite tous deux la tête tranchée ». (Hist. Eccl. II.9.2-3)

Il existe un Écrit apocryphe chrétien appelé Passion de Jacques, frère de Jean, daté entre le IIᵉ et le Vᵉ siècle qui développe certains miracles accomplis par Jacques et quelques discours tenus devant les pharisiens, mais surtout le détail de son martyr. Voici deux extraits pour information, qui ne sont pas à prendre pour parole d’évangile.

Jacques convertit Philetus, disciple du magicien Hermogène
1. Jacques, frère de l’apôtre et évangéliste Jean, visitait toute la Judée et la Samarie. Il entrait dans les synagogues et, se fondant sur les Saintes Écritures, il montrait que tout ce qui avait été prédit par les prophètes avait été accompli en notre Seigneur Jésus-Christ. Or, il arriva qu’un qui s’appelait Philetus, un magicien, lui envoya son disciple nommé Hermogène.

2. Quand cet homme arriva auprès de Jacques, avec quelques pharisiens, il s’efforça de soutenir que Jésus-Christ de Nazareth, dont Jacques se disait l’apôtre, n’était pas le vrai Fils de Dieu. Mais Jacques, argumentant avec la confiance qu’il mettait dans l’Esprit Saint, renversa tout ce qu’il soutenait, en montrant à partir des Saintes Écritures qu’il était le vrai Fils de Dieu.

3. Philetus retourna auprès d’Hermogène et lui dit : « Jacques, qui soutient qu’il est le serviteur et l’apôtre du Christ, Jésus de Nazareth, ne peut être vaincu, sache-le, car je l’ai vu chasser, au nom du Christ, les démons des corps qu’ils tourmentaient. Je l’ai vu aussi rendre la vue aux aveugles, guérir les lépreux ; certains de mes très proches amis soutiennent même qu’ils l’ont vu ressusciter des morts. »

24. En arrivant à l’endroit où ils devaient être décapités, Jacques dit au bourreau : « Avant de nous décapiter, fais-nous donner de l’eau ». On lui apporta un flacon plein d’eau. Il dit alors à Josias : « Crois-tu au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant ? » Et lui répondit : « Je crois. » Jacques répandit sur lui de l’eau et lui dit : « Donne-moi le baiser de paix. » Après l’avoir embrassé, il posa la main sur sa tête, le bénit et fit le signe de la croix du Christ sur son front ; ayant ainsi atteint l’accomplissement dans la foi de notre Seigneur Jésus-Christ, Josias devint martyr au même instant que l’apôtre et rejoignit le Seigneur, à qui appartiennent l’honneur et la gloire.

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