LXX : Filles de Jérusalem, je suis noire, et je suis belle.
Ne me dédaignez pas, parce que je suis noire ;
c’est que le soleil a altéré ma couleur.
NBS : Je suis noire, mais je suis jolie, filles de Jérusalem,
Ne faites pas attention si je suis noiraude : c’est le soleil qui m’a brunie.
SEMEUR : O fille de Jérusalem, je suis bronzée, et pourtant je suis belle ;
Ne vous étonnez pas si je suis bien brunie : le soleil m’a hâlée.
CAST : Vrai est que je suis brunette mais je suis autant jolie,
filles de Jérusalem, que les pavillons de Cedar, que les courtines de Salomon.
N’ayez pas égard à ce que je suis brunette, car le soleil m’a regardée.
NFC : Je suis noire et belle aussi ne me regardez pas comme ça,
parce que ma peau est brune : c’est le soleil qui m’a brûlé.
BFC : J’ai la peau sombre, mais je suis belle, vous, fille de Yérouchalayim,
semblable aux tentes de Kédar, semblable aux rideaux de Chlomo.
BEAUMONT : Ô fille de Jérusalem, je suis bronzée, et pourtant belle,
c’est le soleil qui m’a brûlée, ne vous arrêtez pas à mon teint basané.
Comment comprendre ce verset ?
La couleur de peau de cette jeune fille peut se comprendre de deux façons : Soit elle a la peau noire comme les Africains, soit sa peau s’est brunie ou a changé de couleur à cause d’une trop longue exposition au soleil, d’où elle a bronzé.
La couleur noire en hébreu se dit Shahor, noir comme les corbeaux (Ct 5.11 : Zach 6.6). Elle est attribuée à une jeune femme, appelée la Shulamite. Mais on peut aussi comprendre par « basanée » car dans la LXX, le grec mélas est employé chez Platon (République V, 474e) pour parler des jeunes garçons au teint sombre qui leur donne un air viril.
Si nous lisons au v.6, la jeune fille nous dit qu’elle a été brûlée par le soleil, car ses frères plus âgés lui ont imposé le travail de vigne en plein soleil. Elle aurait donc tout simplement bronzée.
Le Targum va dans ce sens en comprenant qu’il s’agit d’un changement de couleur : Quand le peuple de la maison d’Israël fit le veau d’or, leur visage s’obscurcit.
Origène (185-253), le maître de l’interprétation fait parfois preuve d’extravagance et interprète ce passage ainsi : Si l’Épouse est noire – de la noirceur du péché, c’est qu’elle a préféré l’ombre de l’idolâtrie et de l’ignorance de la franche lumière répandue par le Verbe divin, qui est le Soleil de Justice (Ml 3.20), elle n’a pas su s’exposer à ses rayons illuminateurs, et c’est pourquoi le soleil l’a méprisée ou négligée (Scholie 33).
Pour la grande majorité des Pères de l’Église, tous leurs commentaires vont dans ce sens : « parce que j’étais obscurcie par le péché, le Christ, m’a regardée de côté, à cause de mon infidélité, lui que les Écritures proclament Soleil de justice (Ml 3, 20) ».
Ensuite, le texte nous dit : Et je suis belle.
La beauté physique se dit en hébreu יָפֶה yaphé (Gn 12.11 et 39.6 ; Ct 4.7) or dans ce verset, le mot employé est נָאוֶה na’véh, du mot ana (Ps.118.25 : Ana Adonaï – De grâce Ô Seigneur, Hochiana – Sauve de grâce). Il convient donc de traduire « gracieuse » à la place de « belle ».
La traduction qui me semblerait la plus juste serait : Noire je suis et (vé) gracieuse, filles de Yéroushalaïm !
Personnellement, dire Je suis noire pourtant je suis belle – est problématique car le « pourtant » est mal à propos, mais encore plus discriminant lorsque l’on traduit – Je suis noire MAIS je suis belle, cela sous-entendrait-il que les autres filles noires, par défaut, ne sont pas belles ? La jeune fille du Cantique serait donc une privilégiée. Dès lors, vous comprendrez que l’on pourrait taxer, non pas la bible, mais certaines traductions de racistes. Comme quoi, un simple petit mot peut changer le sens de la phrase.
La beauté physique risque d’altérer la beauté morale.
La beauté morale magnifie la beauté physique.
Ahmed Khiat – Écrivain, 1945
Bonjour Alexandre,
Personnellement, j’ai toujours compris ce passage comme étant traduit de la mauvaise manière par un esprit mal éclairé avec ou sans arrière-pensée raciste. Ce que le Seigneur m’a enseigné sur les couleurs de peau et de la nature qui est sa création est la Sagesse infiniment VARIÉE de Dieu.
De ce fait, je comprends ainsi ce verset » je suis noire et je suis belle ! »
Merci
Le mot MORE retrouvé en Jér:13;23 peut aussi bien remplacer adéquatement le mot noire, même s’il s’agit d’un nom au lieu d’un adjectif.. L’équivalance politicly correct !!! lol
Serge Leclerc