L’homme, la musique et la Bible
On ne connaît que les succès de la vie d’un homme, quand ceux-ci traversent les siècles ; mais pour apprécier le diamant serti sur une bague, il faut se rappeler que cette pierre brute n’est pas sortie de terre toute taillée. Elle a dû subir plusieurs opérations de taille, de fraisage et de polissage pour que le résultat final nous émerveille. Il en est de même pour les œuvres de Haendel. Elles sont l’expression même de l’émotion intérieure qui vibrait dans la vie de l’artiste.
Haendel avait une relation particulière avec la Bible. Elle était bien plus qu’un simple livre de chevet qu’il méditait le soir avant de se coucher. La Bible était, avant tout, l’endroit d’où il puisait son inspiration. Sans la Bible, Haendel ne serait pas l’homme que l’on connaît aujourd’hui.
Georges Friedrich Haendel est né le 23 février 1685 à Halle-sur-Saale en Allemagne et mort le 14 avril 1759 à Westminster. Quand nous entendons le nom Haendel, nous faisons tout de suite référence à ses œuvres musicales car l’homme est surtout connu pour avoir été un compositeur de musique baroque et vivait du même temps que Jean-Sébastien Bach ou Vivaldi.
Sa vie ne fut pas un long fleuve tranquille, loin de là, mais bien plutôt une succession d’échecs et de coups durs, qui non seulement le ruinèrent financièrement, mais mirent aussi sa santé à rude épreuve.
En 1737, le musicien se trouve dans une situation effroyable : abandonné par la cour, qui préfère plutôt l’opéra italien de Porpora, puis harcelé par ces créanciers suite à la faillite de son théâtre, il se retrouve paralysé. Dans sa tourmente, le personnage de Saül s’impose à lui. Il lit, relit et rumine la vie du premier roi d’Israël et de cette méditation va naître un chef-d’œuvre. Réalisé en à peine deux mois, l’Oratorio sera joué le 16 janvier 1739 au King’s Theatre de Londres. Le public est enthousiaste et accueille l’artiste tel un génie.
L’encouragement qu’il reçoit lui apporte une quasi-guérison dans son corps et l’inspiration est de nouveau là, au rendez-vous. Il compose dans la foulée, en à peine trois mois, la grande fresque d’Israël en Égypte qui sera jouée en première le 4 avril 1739 toujours au King’s Theatre de Londres. Cette pièce exprime avec force toute la douleur même de l’artiste, qui s’est identifié à la souffrance du peuple hébreu lors de son esclavage en Égypte.
Ça y est, l’homme est lancé. Qui l’arrêtera ? – Personne. Il a su trouver et puiser dans la Bible des ressources inimaginables. Jusqu’en 1757, deux ans avant sa mort, il composera pas moins de dix œuvres tirées des Saintes Écritures. C’est bien simple, rien qu’entre 1732 et 1752, soit en vingt années, il composera principalement des Oratorios et drames musicaux sur des personnages ou scènes tirées de la Bible. Dix-sept exactement, parmi lesquels Esther, Déborah, Athalie, Saül, Samson, Salomon, Jephté et d’autres encore. Il semblerait que Haendel ait eu un faible pour le livre des Juges et les Rois d’Israël. Les Psaumes restait un livre que le compositeur aimait particulièrement méditer dans ses jeunes années.
Venons-en au Messie de Haendel, son œuvre majeure, celle qui est et qui restera la plus belle prestation jamais jouée. Après avoir déambulé pendant des heures dans la nuit, un certain matin d’hiver de 1741, le voilà qu’il rentre dans sa chambre et trouve, sur sa table un paquet. Un texte écrit par le célèbre librettiste Charles Jensens est joint à l’envoi. Haendel était transi de froid, mais il se mit à le feuilleter. Peu à peu, la braise mourante de la créativité se mit à rougeoyer, puis à flamber en lui, tandis que s’enchaînaient les promesses messianiques que l’on trouve dans les livres des prophètes : « Consolez, oui consolez mon peuple, dit l’Éternel », « Voici, la vierge sera enceinte et donnera naissance à un fils : Emmanuel ». S’asseyant au piano, Haendel commença à composer la musique du grand oratorio. Pendant trois semaines, il fut si absorbé par sa tâche qu’il mangea et dormit à peine. Il lui a fallu tout juste vingt-quatre jours pour composer ce chef-d’œuvre. Haendel a commencé à travailler dessus le 22 août 1741. Ses notes indiquent qu’il a terminé la première partie aux alentours du 28 août, la deuxième partie le 1er septembre et la troisième vers le 6 septembre. Quelques corrections ici et là et le travail est achevé le 14 septembre 1741. La première eut lieu le 13 avril 1742 au New Music Hall à Dublin. On sait qu’à cette occasion le roi lui-même s’était levé lors de cette représentation en entendant l’explosion de joie de l’Alléluia (on en recense 70) et depuis, il est coutume qu’à ce passage le public se lève par révérence aux Alléluia.
Un autre coup dur survient au début de l’année 1745. De nouveau, le cœur du public balance plutôt pour l’Opéra italien, aux heures où Haendel dirige ses concerts. De nouveau une faillite et la maladie l’assaillent. Dans cette vallée de l’ombre de la mort, il va puiser de nouveau dans la Bible et c’est dans le livre des Maccabées qu’il va puiser son inspiration. De cette rage de lutter, va naître l’Oratorio Judae Maccabés qu’il présentera le 1er avril 1747. Là encore, une œuvre largement populaire dont le style et le souffle emportent les oppositions même les plus haineuses. La Bible aura encore une fois triomphé sur Haendel.
Nous sommes en 1752 et suite à une récidive de sa maladie, Haendel perd quasiment la vue alors qu’il venait d’achever ce que l’on considère comme sa dernière œuvre, l’oratorio Jephtha, datée de 1751.
Dans son testament, il écrira : « Je voudrais mourir le Vendredi Saint, dans l’espoir de rejoindre mon Dieu, mon Doux Seigneur et Sauveur, le jour de sa Résurrection ». Haendel meurt le 14 avril 1759. Il ne s’était jamais marié et n’avait aucun héritier. Une bonne partie de sa fortune sera léguée, selon son testament, à des œuvres charitables et orphelinats.
Très Intéressant Alexandre !!!!
On avait oublié à quel point, ce compositeur fertile, avait tellement contribué à travers ses compositions, aux œuvres du Seigneur. Hallelujah 🙌
Intéressant car , même si je connais un peu la musique baroque ( musique classique à la guitare ) je n’avais vu son nom que 2 ou 3 fois, mais je n’avais jamais lu quoi que ce soit sur ce compositeur .