Parakletos, ce mot grec est présent cinq fois dans le texte grec du Nouveau Testament :
Jean 14.16
Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre paraclet (allos parakletos), afin qu’il demeure éternellement avec vous.
Jean 14.26
Mais le paraclet, l’Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses,
et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.
Jean 15.26
Quand sera venu le paraclet, que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité, qui vient du Père,
il rendra témoignage de moi ;
Jean 16.7
Cependant je vous dis la vérité : il vous est avantageux que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas,
le paraclet ne viendra pas vers vous ; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai.
1 Jean 2.1
Mes petits enfants, je vous écris ces choses, afin que vous ne péchiez point.
Et si quelqu’un a péché, nous avons un paraclet auprès du Père, Jésus-Christ le juste.
Les traducteurs ont toujours un choix à faire lorsqu’ils se confrontent à ce passage. Comment rendre au plus juste ce mot grec parakletos ?
L. Segond et ses dérivés (NBS, S21, COL, NEG) ont opté pour le Consolateur.
Alfred Kuen, dans sa transcription dynamique rend par : donner quelqu’un d’autre pour vous conseiller et vous défendre. Oltramare, par : un autre directeur.
NFC, par : quelqu’un d’autre pour vous venir en aide.
La TOB a préféré garder : un autre Paraclet.
Tricot choisit de traduire par : un autre Intercesseur.
C. Tresmontant par : un autre avocat de la défense.
Chouraqui par : un autre réconfort.
André Frossard, quant à lui, a opté pour le Consolateur, se référant au vieillard Simon dont Luc 2.25 nous dit : « Et voici, il y avait à Jérusalem un homme dont le nom était Siméon ; et cet homme était juste et pieux, et il attendait la consolation d’Israël ; et l’Esprit Saint était sur lui. »
Il est regrettable, que ceux qui ont fait le choix de traduire par « le Consolateur », ont restreint considérablement la notion de ce qu’évoque le terme parakletos, car la consolation n’est qu’un des aspects du paraklet. Traduire ainsi, repose sur un contresens étymologique, car le mot dérive de parakaleïn (exhorter, consoler) dans sa forme active, alors qu’ici, nous avons affaire à une forme passive, klètos qui signifie appelé et para – auprès de.
Déjà, les Pères de l’Église, avec Eusèbe de Césarée, semblaient fortement influencés et limités dans la seule restriction de ce mot en le rendant par le Consolateur.
On sent et on voit bien que chacun essaie de jongler entre l’une ou l’autre mais un choix doit être fait. Personnellement, je garderais paraclet comme l’a fait la TOB, la Jérusalem ou bien la Osty, et j’y ajouterai en note un complément à la compréhension.
Dans Jean 14.16, Jésus promet la venue d’un autre Paraclet, sous-entendu qu’il se considère lui-même comme étant un Paraclet. Arrêtons-nous un instant sur « un autre » qui, en grec, se dit allos. Le grec a deux mots distincts pour dire « autre ». Le premier est hétéros qui indique une autre nature comme on le trouve dans hétérogène (composé d’éléments de nature différente) ou hétérosexuel (pour les individus du sexe opposé, de l’autre sexe).
L’autre mot est allos qui signifie autre mais dans le sens « de même espèce » comme si je demandais à quelqu’un : Cette part de gâteau est délicieuse, peux-tu m’en donner une autre ?
Jean utilise donc l’adjectif allos pour désigner le Consolateur que le Père enverra. Il dit qu’il enverra quelqu’un de la même nature que lui. Nous savons que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont de même nature, d’essence divine, aucun ne se confond car chacun a sa personnalité propre tout en demeurant dans une unité « Un ». Chaque croyant possède donc deux Paraclets : L’Esprit de Dieu, envoyé par le Père qui glorifie Jésus et le Christ qui est assis à la droite de Dieu et qui s’est désigné lui-même comme Avocat (1 Jn 2.1).
Qu’est-ce qu’un Paraclet ?
Il est à noter que toutes les fois où il est utilisé, il est en relation avec le thème du jugement.
Le Paraclet prend alors le sens précis d’intercesseur, de témoin à décharge devant le tribunal. Nous lisons dans 1 Jn 2.1 que Jésus lui-même fait figure d’avocat. Mais dans un sens où l’avocat grec ancien ainsi désigné n’est pas notre avocat moderne européen ; il ne plaide pas, mais il souffle, il inspire à celui qui se défend devant un tribunal, les paroles de sa défense. C’est ce pourquoi il est un peu risqué de traduire le Paraclet annoncé par Jésus dans l’Évangile selon Saint Jean par « avocat » ou même « défenseur », car, dans nos sociétés occidentales et notre système judiciaire, on est à la limite du contresens : en effet l’Esprit Saint ne fait rien « à notre place ». Il ne plaide pas à notre place, il nous insuffle et nous remémore les Paroles du Christ (sous-entendu que nous les ayons lues au préalable et pris connaissance) et nous fait découvrir les paroles du Christ pour nous. Il nous enseigne « le chemin, la vérité et la vie ». L’Esprit est par excellence, selon le mot d’Augustin, le Dieu « plus intime à moi-même que moi-même et supérieur à ce qui est mon sommet » (Confessions, III, 6, 11).
Le Paraclet a aussi la fonction de tuteur ou de protecteur à l’égard de l’orphelin au milieu d’un monde hostile (Jn 14.18; 17.13-16). Jésus se présentait tel le bon Berger de ses brebis tant qu’il était au milieu des siens, mais pendant son « absence », il sera remplacé par « un autre Paraclet », sous-entendu donc que Jésus exerçait cette fonction.
D’où vient ce mot ?
Paraclet en grec se dit παράκλητος – Parakletos et en latin Paracletus. C’est un mot d’origine grecque qui signifie « celui qu’on appelle à son secours », de παρακαλέω « appeler auprès de soi », ou « celui qui intercède », formant les substantifs « avocat », « défenseur » ou d’ « intercesseur ».
Saint Jean est le seul à utiliser ce mot pour parler du Saint-Esprit mais on le trouve dans la littérature pré-chrétienne et dans des écrits profanes auxquels on lui attribue le sens de « médiateur » ou d’« intercesseur » voire d’« aide ». Chez Philon d’Alexandrie, il signifie tantôt « intercesseur », tantôt « conseiller » ou « aide ».
Attention ! Ne faisons pas l’erreur d’attribuer Paraclet tel un nom propre à la personne du Saint-Esprit car dans son emploi chez Jean, il est quasi souvent associé avec l’ajout de « l’Esprit de Vérité » ou « du Saint-Esprit ». Paraclet est une des fonctions du Saint-Esprit dans la vie du croyant. La venue du Paraclet est liée au départ de Jésus.
« Cependant, je vous dis la vérité : il vous est avantageux que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, le consolateur ne viendra pas vers vous; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai. » (Jean 16.7)
Le metourgeman, vous connaissez ?
Littéralement, Tourgeman signifie le traducteur.
Marcel Jousse, jésuite et anthropologue (dans Le Parlant, la Parole et le Souffle), insiste sur le sens judéo-araméen du mot Paraqlita dans le contexte d’un enseignement donné par un « maître » en hébreu (langue liturgique qui n’est plus comprise par l’immense majorité des palestiniens au temps de Jésus). Le rabbi-enseignant était assis, il parlait à voix basse en hébreu, à côté de lui se tient debout un Paraqlita-Metourgueman, qui se penche vers le maître pour entendre ce qui lui est dit dans le creux de l’oreille, et il proclame ensuite à voix haute l’enseignement traduit de l’hébreu en araméen compréhensible par tous, en collant le plus fidèlement possible à la version originale de l’enseignement.
Le Paraqlita proclame donc à haute et intelligible voix, et même parfois à voix forte, ce qui était chuchoté à l’oreille, et il rend compréhensible à tous ce qui était dit dans la langue sacrée mais qui demeurait incompréhensible à la majorité. Mais il faut également insister sur le fait qu’il n’invente rien, il traduit le plus fidèlement possible ce qui est dit par le maître, dans la logique du Targoum araméen, qui ne peut néanmoins décalquer intégralement l’hébreu et doit expliciter certains termes, selon la logique du Midrash. Cette approche permet de comprendre d’une part qu’il ne peut y avoir deux Paraqlita en même temps pour un même enseignant (et donc que l’Esprit-Saint en tant que Paraqlita sera donné après que Jésus soit « remonté vers son Père » : cf. Jean 16,7), et d’autre part que Jésus durant tout son enseignement peut aussi être considéré comme le Paraqlita du Père. Selon la logique hébraïco-araméenne, le Paraqlita est le haut-parleur et le traducteur fidèle de celui qui enseigne. NB : si le sens grec est obvie pour la première lettre de Saint Jean (qui l’applique à Jésus-Christ), le sens araméen me semble a priori plus éclairant pour les usages du mot Paraclet appliqué au Saint-Esprit dans l’évangile selon Saint-Jean.
On comprend un peu mieux, dès lors, ces paroles de Jésus aux disciples :
Quand le Paraclet sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. Tout ce que le Père a est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prend de ce qui est à moi, et qu’il vous l’annoncera. (Jean 16.13-14)
Nous pouvons comprendre donc que le Saint-Esprit est le Metourgueman des paroles et de l’enseignement de Jésus pour nous aujourd’hui. Jean 14.26 : « Il vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit ». On peut y voir dans le rôle du Metourgueman celui qui prend les paroles de Jésus et nous en donne l’interprétation pour notre aujourd’hui, mais faut-il au préalable avoir « emmagasiné » les paroles de Jésus. D’où l’importance de lire et méditer la Parole de Dieu. On ne peut en faire l’économie. Je vous renvoie à la parabole des deux maisons.
Le Saint-Esprit cherche à glorifier Christ, il ne focalise pas l’attention sur lui. En Jean 14.16-26, nous voyons l’harmonie et l’unité entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit, de telle sorte qu’ils forment ce que l’on appelle la Sainte-Trinité.
excellent
L’article est interessant mais alors
Segond, Darby ( le tres proche du texte original ) Ostervald, Martin, king James et nouveau testament recouvrement ont tous commis la meme erreur en traduisant Paraclet par consolateur donc toutes les bibles protestantes??
Paraclet est toujours pour moi un terme catholique.
Je ne puis juger le travail de ces traducteurs (surtout Darby), Il y a peut etre une raison à cela.
Cordialement
Le problème c’est que Jésus ne parlait pas en Grec mais plutôt en Araméen, ou en Arabe.. Le terme “Tourjouman”, L’ interprète fidèle semble insuffisant pour traduire la présence du Père et du Fils en l’homme.
Ce n’est pas claire trop des ambiguïtés
Bonjour Alex, je me suis totalement perdue dans ton texte, un vrai labyrinthe… pour moi.
Merci pour ton travail.
J’ai apprécié
J’ai aimé
Je suis attelée à la traduction du « Veni Sancte spiritus » (début du 13e) depuis pas mal de temps…
L’auteur, au 7e vers, qualifie l' »esprit de Dieu » de « Consolator optime » et je traduis : « Défenseur très secourable » ;
je m’en explique dans une note dont voici le contenu :
Dans l’hymne « Veni creator spiritus » (5 siècles avant) l’Esprit saint est qualifié de « Paracletos » correspondant au terme grec employé par St Jean. La traduction mot à mot n’est autre que « celui qu’on appelle au secours ». D’où « défenseur », « soutien » dont le « renfort » vient « soulager » (Le sens juridique « avocat » est un dérivé que je ne vois pas s’imposer ici.)
Lorsqu’on a voulu traduire paraclètos en latin « consolator » a été choisi à une époque ou ce mot était porteur de plus de dynamisme qu’aujourd’hui (surtout le « consoler » du français) : il signifiait « un soutien, renfort pour soulager ». (Il reste que consolateur est un très beau mot orienté sur la pitié.).
C’est dire que votre critique du terme « Consolateur » rejoint la mienne, ce qui m’est très précieux, mais j’ai l’impression que vous vous embourbez du côté de « l’intermédiaire », « avocat », « conseiller » alors qu’il m’apparaît que, lorsque l’on crie au secours, on est dans le contexte d’un combat et d’un appel à des forces qui nous dépassent … et nous aident à nous dépasser !
Melitz, Metourguemân, ‘Amora, Paraqlitâ, Sunergos
Ahouva : Je me demande d’ailleurs si nous pouvons réellement nous permettre d’extrapoler le sens de paraqlita sur base du Targum pour l’appliquer à une fonction synagogale.
Sur : http://dialogueabraham.forum-pro.fr/t64p30-le-paraclet#2732
RESUME
Reprenons la question ci-dessus un peu amplifiée : « Existait-il une fonction de paraqlitâ dans les synagogues, voire dans les premières communautés chrétiennes, c’est-à-dire au premier siècle de notre ère ? ». Grâce à un texte trouvé fortuitement trouvé et rédigé par Yves BEAUPERIN à partir des travaux de Marcel JOUSSE (1886-1961), nous pouvons donner quelques éléments de réponse à cette question.
Le mot hébreu melits (מליץ) dont la racine est phénicienne, est traduit en araméen par metourgemâne ou ‘amorâ, voire malfaka qui signifie « enseigneur ». Il en ressort que le melits tel qu’il est traduit dans les targoûms est tout à la fois : traducteur-interprète, juxta crieur (celui qui proclame à coté de -) et enseigneur.
Plus important : la fonction du melits est inscrite, plus anciennement encore, dans la Torah, il est « interprète » à la fois traducteur et explicateur et aussi l’enseigneur dont le rôle est double : donner accès au texte sacré par la traduction, rendre accessible le sens du texte sacré par des explications. Dans cette fonction le melits est encore un intermédiaire indispensable pour des raisons « théologiques » : le melits ou métourgemâne ou paraqlita devant être une personne distincte du lecteur du texte hébreu.
Cette fonction d’interprète / intermédiaire serait encore attestée dans les synagogues juives du Maroc : le metourguemân y traduit le texte sacré de l’hébreu en arabe.
L’ancienneté des pratiques concernant le melits peut-être datée en fonction des documents où figure cette fonction et notamment dans l’Exode (hébreu). Pour le reste le mot melits ou ses traductions apparaissent en araméen dans le Targoûm et le Talmud, ce qui situe au plus tard cet emploi entre le 1er et le 4ème siècle de notre ère. Ces dates sont minimalistes, car les traditions et la loi orale juive de cette période ont sans doute mis plusieurs siècles à être fixées.
Dans les synagogues hellénistiques de la diaspora, le pratique était semblable avec la traduction en grec : le metourgemân est aussi le sunergos accompagnateur du lecteur du texte hébreu. Le sunergos décalque « à la volée » en langue hellénique pour les judaïstes-helléniques qui ne comprennent plus l’araméen.
INTRODUCTION
Je suis (nous sommes) depuis plus d’un an à la recherche de la preuve de la fonction de paraqlitâ à la synagogue et parmi les premières communautés chrétiennes au cours de la liturgie.
J’ai, par chance, trouvé sur internet un texte – sans nom d’auteur – qui parlait de ce sujet. Par l’adresse internet, je suis remonté jusqu’à l’abbaye bénédictine de KERGONAN (Morbihan). Puis passant par l’accueil de cette abbaye je suis arrivé à l’auteur de ce texte : le Père Laurent qui est moine. Il m’a fait un panorama de l’école de Pierre PERRIER, m’a recommandé un autre auteur très érudit en cette matière : Jean-François FROGER, de la même école. Finalement le Père Laurent m’a orienté vers l’auteur d’un cours en mimo-pédagogie : Yves BEAUPERIN fin connaisseur de Marcel JOUSSE (1886-1961), inventeur de cette discipline dans les années 30.
Le texte (une partie d’un cours) qui m’a été transmis par Yves BEAUPERIN traite de plusieurs sujets de façon extrêmement détaillée et précise, mais je vais m’en tenir à la question : « Existait-il une fonction de paraqlitâ dans les synagogues, voire dans les premières communautés chrétiennes ? »
Tous les éléments de ce post proviennent de Yves BEAUPERIN – Cours de l’Institut – Contenu et organisation enseignement. Le site d’Yves BEAUPERIN est : http://www.mimopedagogie.com ou sur http://mimopedagogie.pagesperso-orange.fr.
Dans le même sujet, on en a déjà parlé plus haut :
Dans le même sujet plus haut, la réflexion sur cette question du paraqlita hors de l’araméen a été déjà soulevée par Ahouva et Ren :
Ahouva (pour l’hébreu) : http://dialogueabraham.forum-pro.fr/t64p30-le-paraclet#2713. Ahouva nous a en particulier donné une précieuse référence de ce mot hébreu dans la Jewish Encyclopédia renvoyant à un article de Taylor : Sayings of the Jewish Fathers, 1897, p. 69, note 18. Voir : http://jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=64&letter=P. Dans le Talmud, le mot paraqlita (פּרקלית) apparait une dizaine de fois. Le terme rabbinique Paraclet est adopté à partir du grec παράκλητός et signifie dans le Talmud : avocat, défenseur ou intercesseur – mais pas consolateur.
Ren (pour le grec) : http://dialogueabraham.forum-pro.fr/t64p30-le-paraclet#2721 où on trouve ce terme de Paraclet en grec au sens de défenseur ou avocat chez Philon d’Alexandrie.
Pour rappel, voici le bilan de ce qui a pu être antérieurement documenté sur ce sujet du Paraclet : http://dialogueabraham.forum-pro.fr/t64p210-le-paraclet#9090
A. DANS LES SYNAGOGUES ARAMAÏSTES DE PALESTINE
1. Le mot hébreu mélits et sa traduction dans diverses langues
La racine du mot mélits est phénicienne et désigne l’interprète tel qu’on en trouvait à la cours des Pharaons (cf. Kurz 1989), traduisant les diverses langues employées par les émissaires et par les marchands descendus en Égypte. Le mot hébreu mélits (מליץ) est ensuite traduit en araméen par metourgueman ou ‘amorâ.
Le mélits c’est d’abord l’interprète, mais encore « celui qui parle en bien, qui dit le bien », une sorte d’avocat de la défense lorsqu’il est mélits yocher (celui qui atteste, en mots choisis, de l’intégrité, de la droiture (yocher) de son prochain (cf. Jb 16, 20 et Jb 32, 23). Dans l’hébreu rabbinique le mélits est surtout celui qui parle bien ou écrit bien qui a un beau style (1). Le mélits n’est pas uniquement traducteur, mais aussi un professionnel qui« réexprime » le message du locuteur et le met en forme rhétorique, au sens moderne du « langagier » au Canada.
Dans les targoûms, le mot hébreu mélits est traduit par le mot aramaïsé paraqlitâ (פּרקלית / ܦܪܩܠܛܐ ) : en Jb 16, 20 et Jb 33, 23. Le mot hébreu mélits est traduit en araméen par metourgueman en Gn 42, 23 et Is 43,27 (meletsekâ). En 2 Ch 32,31 une autre traduction qui nous donne malfaka, c’est-à-dire un « enseigneur ». Le melits, tel qu’il apparait dans les targoûms, est donc tout à la fois : traducteur-interprète, juxta-crieur et enseigneur
2. La fonction du mélits biblique
a. Le mélits met en forme, explicite voire développe la parole « bégayée » ou suggérée par le locuteur original comme Moïse. De ce fait le melits est un intermédiaire comme Aaron par rapport à Moïse qui lui répète les mots silencieux de Dieu.
« On comprend sans mal l’évolution sémantique du concept lorsqu’on considère la fonction qu’occupait Aaron auprès de son frère Moïse. Selon la tradition, Moïse était bègue, et c’est le prétexte qu’il invoque pour refuser sa mission lorsque Dieu le charge d’aller parler aux Hébreux et au Pharaon : « De grâce Seigneur, je ne suis pas habile à parler… car j’ai la bouche pesante et la langue embarrassée » (Ex IV, 10). Dieu lui adjoint alors un « interprète »
« Eh bien ! ton frère Aaron, le lévite, je sais que lui il parlera ! (…) Tu lui parleras, tu mettras les paroles dans sa bouche, et moi je serai avec ta bouche et avec sa bouche (…) C’est lui qui parlera pour toi au peuple ; ainsi il te tiendra lieu de bouche, et toi tu lui tiendras lieu de elohim (Seigneur, dieu) » (Ex 4, 14 à 16).
« Il est probable qu’Aaron s’adressait en hébreu au peuple d’Israël et en langue égyptienne au Pharaon (cf. Ex VII, 2). Mais sa fonction essentielle consistait moins à traduire qu’à réexprimer de manière éloquente ce que son frère Moïse, handicapé du langage, n’aurait pu formuler de manière convaincante. Contrairement à l’interprète contemporain dont le « contrat » de fidélité lui enjoint de reproduire la parole avec un maximum d’exactitude, en s’effaçant derrière son mandant au point d’en devenir invisible, le mélits biblique semble avoir pour visée de mettre en forme, d’améliorer, d’expliciter voire de développer la parole « bégayée » ou suggérée par le locuteur original. »
« A l’époque talmudique on retrouve dans la fonction du metourguemane (appelé aussi ‘amora) cette particularité d’un discours recomposé, où s’opère une distinction entre « l’original », proféré par le maître, le chef, celui qui sait et qui guide (« tu lui tiendras lieu de elohim »), et entre sa réexpression adaptée au public cible (« il te tiendra lieu de bouche ») une doctrine doublement médiatisée dans le cas d’Aaron. « Tu lui tiendras lieu de elohim » peut également se comprendre comme : et il interprétera ce que tu diras toi, Moïse, au lieu de la parole d’Elohim. En tout cas, les rabbins et le Midrach justifient l’institution du metourguemane par le précédent biblique d’Aaron :
« Je t’ai donné pour Elohim à Pharaon et Aaron ton frère sera ton prophète (Ex VII,1). De même que le prédicateur (hadoresh) s’assied et prêche tandis que l’amora parle devant lui, de même toi (Moïse), « Toi, tu parleras tout ce que je t’ordonnerai, et Aaron ton frère, parlera, etc. (Tan’houma Va’era 10, Exode Rabbah 8, 3)(2). »
b. Le metourguemân ou paraqlitâ est une personne distincte du lecteur du texte hébreu
Ce metourguemân ou paraqlitâ devait être une personne distincte du lecteur du texte hébraïque ou du mishnaïseur en hébreu. Nous en trouvons la confirmation et l’explication dans cet épisode :
« Rabbi Samuel bar Rab Isaa entra dans une synagogue, et il vit un Hounâh se tenant debout targoûmisant et point ne se tenait un homme à son côté. Et il dit à lui : « C’est lié pour toi : car comme fut répétée la Tôrâh par les mains d’un intermédiaire, ainsi nous devons nous comporter envers la Tôrâh par les mains d’un intermédiaire ». » (Meguila, folio 74, colonne D)
c. Le Rabbi ou l’Abbâ murmure son enseignement tandis que le metourguemân ou paraqlitâ répète à haute voix à toute l’assemblée
« Le docteur, du haut de la chaire, murmurait son enseignement à l’oreille d’un interprète qui, ensuite, le répétait à haute voix à toute l’assemblée. Cette singulière habitude nous explique la parole de Jésus : « Ce que je vous dis à l’oreille, prêchez-le sur les toits (3) ».
« A côté des rabbis qui devaient enseigner, mais à qui le talent de la parole avait été refusé, il y avait des sortes de hérauts, de répétiteurs, de haut-parleurs qui transmettaient à des auditoires ce que les maîtres désiraient dire. Usage qui explique peut-être la parole de Jésus : « Ce que je dis à l’oreille, prêchez-le sur les toits (4) » (Mt 10, 27). »
« Est-ce que cet enseigneur, dans la synagogue, va enseigner directement ? Il le pourrait, il le fait quelquefois, mais il ne le fait pas parce que précisément, disent certains Rabbis, de même que sur le mont Sinaï, il y avait un intermédiaire et c’était Moïse, ainsi il faut qu’il y ait un intermédiaire à la synagogue entre le Parlant et le Récepteur. C’est pour cela que vous avez le collaborateur, le sunergos, le décalqueur, le juxta-appelé, c’est-à-dire le paraqlitâ dispersé dans nos textes (5). »
« Le Rabbi est donc là. Il pourrait – et il le fait quelquefois – parler à haute voix, mais pour des raisons liturgiques – car nous sommes là en pleine liturgie, la pédagogie ne se dissociant pas de la liturgie – il va parler tout bas et il va avoir à côté de lui le Haut Parleur qui va l’écouter à l’oreille et crier à haute voix ce qu’il a entendu tout bas (Babyl. Sanhédrin fol 7,2 ; Babyl. Joma fol 82,2)(6). »
« Cet Abbâ en Israël ne parle pas à voix haute, il murmure ses récitatifs en hébreu, la langue sainte, la langue des anges (nous savons que, seul, Gabriel connaissait l’araméen), lui, Abbâ d’Israël parle en hébreu tout bas. A côté de lui, un personnage, qu’on n’a jamais étudié jusqu’ici, se tient debout, envoyé si j’ose dire, par l’Abbâ pour proférer mégaphoniquement sa parole silencieuse.
« C’est un outil extrêmement curieux en Israël que ce juxta-crieur. Il reçoit dans son oreille la parole murmurée de l’Abbâ, et il la propulse à haute voix, il saisit les balancements imperceptibles de l’Abbâ et il les rend d’une façon allongée et amplifiée à tout l’auditoire, mais il ne parle pas la langue sacrée, l’hébreu, il parle la langue des hommes : l’araméen (7). »
d. Le midrasheur passe aussi par l’intermédiaire du metourguemân ou paraqlitâ
Le midrash est une méthode d’exégèse herméneutique, comparative et homilétique. Le commentaire en midrash d’un texte peut donc comporter une forme d’improvisation.
« Midrâshiser exige une intelligence adulte, du moins chez celui qui, même en formules traditionnelles, improvise « avec autorité » un Midrash nouveau et ne se contente pas de répéter « au nom d’un improvisateur » célèbre.
« C’est donc à un Abbâ (ou Rabbi ou Mâri) que le chef de la Synagogue s’adressait de préférence pour faire « auditionner » le Midrash-Explication. Ce Midrâsh pouvait être formulé en formules araméennes et directement mishnaïsé, rythmo-catéchisé aux autitionneurs de la Maison de l’Assemblée. Mais quand l’Abbâ (ou Rabbi ou Mâri) était un enseigneur scolastique, sa langue normale d’enseignement était l’hébreu scolastique. Aussi voyons-nous ici encore, intervenir le Paraqlitâ-Metourguemân.
« L’Abbâ, assis dans sa chaire professorale, « dans la chaire de Moîse », improvise formulairement, en hébreu scolastique et à voix basse, son Midrâsh-explication. Le Paraqlitâ-
Metourguemân, debout auprès de l’Abbâ assis, se penche vers lui, pour entendre chaque formule « chuchotée » en hébreu à son oreille. Alors, le Paraqlitâ -Metourguemân se redresse et répète, à haute voix, en écho, mais en écho araméen et rythmo-mélodiquement, aux oreilles des auditionneurs-appreneurs, la « leçon de paraqlitage » de l’Abbâ improvisateur et chuchoteur.
« C’est à ce contraste entre les deux gestes traditionnistes de « chuchoter » et de « haut parler » que Rabbi Iéshoua de Nazareth emprunte son parallélisme antithétique dans la formule bien connue, mais naturellement incomprise parmi nous :
« Ce que vous auditionnez à l’oreille, haut-parlez cela jusqu’aux terrasses. »
« En certaines circonstances, par exemple, en cas de deuil chez l’Abbâ-Midrâshiste, on peut même avoir cette curieuse « trinité-unité » traditionnante de l’Abbâ et du Berâ et du Paraqlitâ. L’Abbâ chuchote en hébreu la leçon à son Berâ placé près de lui. En écho hébraïque, le Berâ le transmet au Paraqlitâ-Metourguemân. Le Paraqlitâ-Metourguemân, en écho araméen et à haute voix rythmomélodiée, fait entendre la « leçon de paraqlitage » aux oreilles des auditionneurs-appreneurs (8). »
e. Conclusion sur la fonction de melits ou metourguemân ou paraqlitâ
Il y a donc deux composantes, complémentaires et indissociables, dans la fonction de Paraqlitâ ou Metourguemân :
1. C’est d’abord un interprète, en donnant à ce mot toute sa signification. Un interprète ce n’est pas seulement un traducteur, c’est aussi un interprétateur, un explicateur. Le Paraqlitâ, en effet, n’a pas seulement pour but de traduire l’hébreu en araméen de façon décalque, il a aussi pour but de rendre intelligible l’hébreu en expliquant. C’est pourquoi, nous avons vu que le targoûm n’est pas uniquement décalque, mais est très souvent midrashisant. Le Paraqlitâ est donc plus qu’un traducteur, c’est un enseigneur dont le rôle est double : donner accès au texte sacré par la traduction, rendre accessible le sens du texte sacré par des explications.
2. C’est ensuite un intermédiaire : l’épisode de Rabbi Samuel bar Rab Isaak montre que le paraqlitâ est à la fois inutile et indispensable, inutile puisque le crieur de texte hébreu était capable de targoûmiser indispensable pour des motifs “ théologiques ”: la Torâh a été donnée par des intermédiaires, elle doit continuer à être donnée par des intermédiaires. Ces intermédiaires, ce n’est pas seulement la chaîne : Moïse – Aaron – Fils d’Aaron, ce sont d’abord les anges (Ac 7, 38, Ga 3, 19 et He 2, 2).
Pourquoi la tradition juive a-t-elle affirmé l’existence de ces intermédiaires qui semble contredire le texte sacré lui-même puisqu’il est dit : « YHWH conversait avec Moïse face à face comme un homme converse avec un ami. » (Ex 33, 11). Sans aucun doute pour souligner la transcendance de Dieu et plus spécialement le fait « qu’il habite une lumière inaccessible » (1 Tm 6, 16) c’est-à-dire inaccessible à l’intelligence humaine. Pour se rendre accessible à l’intelligence des hommes, Dieu est obligé de se manifester par des intermédiaires : les anges,
Moïse, les prophètes, et surtout Jésus, le Verbe du Père, fait chair.
Dans cet ordre d’idées, en tant qu’intermédiaire, le paraqlitâ est plus qu’un traducteur de l’hébreu en araméen, c’est un interprète de la langue de Dieu (l’hébreu) en la langue de hommes (l’araméen). C’est pourquoi aussi il est plus qu’un intermédiaire, c’est un juxta-appelé, un envoyé de Dieu.
B. Dans les synagogues hellénistiques de la Diaspora
« Ce qui, en Palestine, n’était que rite purement liturgique et symbolique, sans grande utilité pratique, devenait d’une réelle nécessité linguistique dans les synagogues mixtes hors de Palestine où les auditionneurs étaient presque toujours de langue différente, les uns ne comprenant que l’araméen, les autres ne comprenant que le grec. (9) »
Pour le miqrâ :
Le miqrâ est une récitation rythmo-mélodique de formule hébraïques sues par cœur, mais lues sur le rouleau ou la récitation rythmo-mélodique de la traduction araméenne (ou grecque) décalquante et paraphrasante du texte hébreu original.
« L’instructeur, assis (sedebat docens…) récite à voix basse, en hébreu, le texte sacré. Le Metourguemân ou Traducteur, debout, à côté de lui, répète oralement à haute voix… Il décalque l’hébreu en grec, tout comme maintenant encore, dans les synagogues juives du Maroc, le Metourguemân traduit le texte sacré de l’hébreu en arabe. (10) »
Pour le midrash :
« Le Midrâshiste « haut-parlait », rythmo-catéchisait à haute voix le Midrâsh en langue araméenne pour les judaïstes-aramaïstes. Au fur et à mesure, son Metourgemân-sunergos,
accompagnateur fidèle et indispensable, le décalquait « à la volée » en langue hellénique pour les judaïstes-helléniques qui ne comprenaient plus l’araméen.
« Il aurait d’ailleurs été peu sage de procéder autrement et d’élaborer de toutes pièces un midrâsh spécial pour les hellénistes. De gaieté de cœur, on se serait privé de toute la formidable technique traditionnelle et formulaire lentement élaborée, en hébreu scolastique et en araméen, par les Abbâs palestiniens. (11) »
Marcel JOUSSE attache beaucoup d’importance à cette fonction de paraqlitâ à un double titre :
1. Théologique, car paraqlitâ est un titre et une fonction attribués à l’Esprit Saint par Jésus ;
2. Anthropologique et ethnique, parce que les Apôtres pour transmettre l’Evangile en grec
ont eu recours à cette mécanique du metourguemân.
Sources :
1. Ben Sira X, 2, Rouleau des hymnes 4, 9-10 ;
2. Francine KAUFMAN, Contribution à l’histoire de l’interprétation consécutive : Le Metourguemane dans les synagogues de l’Antiquité. Paru dans la revue canadienne de traductologie : META, vol 50 (3), août 2005, pp. 972-986 ;
3. Edmond STAPFER, La Palestine au temps de Jésus-Christ. p. 295 ;
4. Daniel ROPS, Vie quotidienne en Palestine, p. 349 ;
5. Marcel JOUSSE, Hautes Études, 4 juin 1941, 24ème cours, Le redécalque formulaire et non la retraduction, pp. 341-342 ;
6. Marcel JOUSSE, Hautes Études, 21 mai 1941, 22ème cours, L’envoie par écrit des leçons antérieures, p. 317 ;
7. Marcel JOUSSE , Hautes Études, 12 mars 1935, 15ème cours, Les gestes palestiniens dans la parabole ; P. 295 ;
8. Marcel JOUSSE, Le Parlant, La Parole et le Souffle, Gallimard, 1978, pp.247-248 ;
9. Marcel JOUSSE, Le Parlant, La Parole et le Souffle, Gallimard, 1978, p. 248 ;
10. Marcel JOUSSE, Hautes Études, 30 avril 1941, 19ème cours, Le décalque grec des metourguemans-sunergoi, p. 267 ;
11. Marcel JOUSSE, Le Parlant, La Parole et le Souffle, Gallimard, 1978, p. 249.
Dans l’article PARACLETE de la Jewish Encyclopédia dont tu nous as donné le lien : http://jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=64&letter=P
(Abot iv. 11). (Shab. 32a). (B.B. 10a ; Tos. Peah iv. 21.) (Sifra, Meẓora’, iii. 3 ; Tos. Parah i. 1). (Yer. Ber iv 7b). (Yer. Ta’an. i. 63c). (Ex.R. xxxii). (Lév. R. vi.1 ; Deut. R. iii 12)
Dans l’article PARACLETE de la Jewish Encyclopédia dont tu nous as donné le lien : http://jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=64&letter=P
PARACLET
De : Kaufmann Kohler
Terme rabbinique adopté du grec παράκλητός (= « avocat », « intercesseur ») : traduction targumique de (Job xvi. 20, xxxiii. 23) : « Celui qui accomplit une bonne action s’est procuré un avocat [paraclet], et celui qui commet une transgression s’attire un accusateur » (Abot iv. 11). « Quiconque est cité devant le tribunal pour la peine de mort n’est sauvé que par de puissants avocats [paracletes] ; de tels paraclets que l’homme a dans la repentance et les bonnes œuvres, et s’il y a neuf cent quatre-vingt-dix-neuf accusateurs et un seul pour plaider sa disculpation, il est sauvé » (Shab. 32a ; comp. Job xxxiii. 23-24). « Les œuvres de bienveillance et de miséricorde accomplies par le peuple d’Israël dans ce monde deviennent des agents de paix et des intercesseurs [paracletes] entre eux et leur Père céleste » (BB 10a ; Tos. Peah iv. 21). Le sacrifice pour le péché est comme le paraclet devant Dieu ; il intercède pour l’homme et est suivi d’une autre offrande, une « offrande de remerciement pour le pardon obtenu » (Sifra, Meẓora’, iii. 3; Tos. Parah i. 1). Les deux holocaustes quotidiens sont appelés « les deux paraclets » (Yer. Ber. iv. 7b), et les quatre types de plantes à Souccot sont appelés « paraclets » pour la pluie de l’année (Yer. Ta’an. i. 63c).
Le paraclet ou l’intercesseur créé par chaque bonne action est appelé « ange » (Ex. R. xxxii., En référence au Ps. xxxiv. 8 ; comp. Job xxxiii. 23 – « un ange intercédant », AV traduisant incorrectement « un messager, » « un interprète »). Dans le sens « d’intercesseur», le nom de «Paraclet» est également donné au Saint-Esprit dans le Nouveau Testament (Jean xiv. 16, 26 ; xv. 26 ; xvi. 7 [A. V. incorrectement, « Consolateur »] ; I John ii. 1 [AV « avocat »]), tout comme le Midrash appelle le Saint-Esprit « Synegor », qui est le même que « Paraclet » (Lev. R. vi. 1; Deut. R. iii. 12).
Dans le même sens, Philon parle du « Logos » (« De Vita Mosis », iii., § 14) comme du « Paraclet » qui doit procurer au grand prêtre le pardon des péchés, tout comme il utilise le terme « paraclete » ailleurs dans le sens d’« avocat » et d’« intercesseur » (« In Flaccum », §§ 3, 4 ; « De Opificiis Mundi », § 6 : « Dieu n’a pas besoin d’un « intercesseur » », c’est-à-dire d’un assistant ).
Bibliographie :
– Cheyne, Encycl. Bibl.;
– Lévy, Neuhebr. Worterb. ;
– Kohut. Aruch Completum, s.v. ;
– Taylor, Paroles des Pères juifs, 1897, p. 69, note 18.