Ouvrage sur l'histoire de l'Église
Nom Miroirs des martyrs
Auteur Robert S. Kreider – John S. Oyer
Éditeur Éditions Excelsis
Date 2003
Nombre de pages 96
Format 21,1 x 25,5 x 0,6 cm
ISBN 9782914144605

Titre complet : Miroir des martyrs – Histoires d’anabaptistes ayant donné leur vie pour leur foi au XVIe siècle.

Le XVIe siècle, celui de la Réforme, ou plutôt des réformes, fut aussi une période sanglante : martyrs réformés, luthériens, catholiques, et anabaptistes. La violence produite par les schismes multiples au sein du christianisme occidental étonne et déçoit toujours. Comment les disciples du « Prince de la paix » pouvaient-ils en arriver là ? Aujourd’hui, certains, par souci d’irénisme ou par pudeur, pourraient croire qu’il vaut mieux ne pas « réveiller les morts ». Ce n’est pas la peine de revenir à ce passé si embarrassant. Que ce soit clair : le but de cet ouvrage n’est pas de stigmatiser ou d’accuser, ni de transmettre un regard stéréotypé sur le passé, comme si rien ne s’était passé depuis le XVIe siècle, comme si les catholiques, les protestants ou les mennonites d’aujourd’hui étaient en tous points comme ceux du passé. Cependant, une meilleure relation et plus de compréhension entre les chrétiens longtemps divisés ne peut pas faire abstraction de ce passé.
John S. Oyer (1925-1998) a été nommé professeur d’histoire européenne et mennonite à Goshen Collège, Goshen (Indiana) en 1955. Il a fait ses études à l’université de Harvard, à l’université de Chicago (où il obtint son doctorat) et à l’université de Heidelberg (Allemagne).
Robert S. Kreider a été professeur d’histoire et d’études sur la paix à Bluffton Collège à Bluffton (Ohio) et à Bethel Collège à North Newton (Kansas).

 

Le Miroir des Martyrs – L’histoire anabaptiste parmi les amish

À la fin du XVIe siècle, le gouvernement hollandais adopta une position de tolérance envers les anabaptistes. Socialement acceptés, les mennonites entrèrent peu à peu dans la culture environnante et finalement devinrent économiquement prospères. Au milieu des années 1600, ils avaient atteint un âge d’or et figuraient dans les rangs des marchands fortunés, des médecins, des artistes et des artisans.
Le ministre mennonite hollandais Thieleman Jansz Van Braght craignait que les siens ne perdent leur culture. Oublieraient-ils l’enseignement du Nouveau Testament sur la simplicité, l’humilité et l’Église souffrante, dans la mesure où ils connaissaient une plus grande sécurité en cette vie ? Van Braght pensait qu’une façon d’appeler l’Église à la fidélité était de lui rappeler son passé de martyre. Il se mit à rassembler des histoires de martyrs anabaptistes puisées dans des comptes rendus de justice et d’autres livres. En 1660, il les publia dans un ouvrage de 1478 pages intitulé The Bloody Theatre (Le Théâtre sanglant), ou le Miroir des Martyrs.
Le livre comprenait l’explication des croyances mennonites (dont l’évitement), ainsi que des centaines de récits de martyres poignants. Une centaine de ces histoires furent illustrées dans la seconde édition de l’ouvrage, en 1685, par l’artiste hollandais Jan Luyken qui ajouta cent quatre impressions sur cuivre.
Beaucoup de mennonites crurent que le livre enseignait implicitement la non-résistance face à la violence, puisque les histoires racontaient le choix de ceux qui avaient préféré la souffrance à l’affrontement lorsqu’ils furent confrontés à la persécution. En 1748, devant la menace d’une guerre frontalière, les mennonites de Pennsylvanie firent traduire le livre en allemand.
En 1780, Hans Nafziger d’Essingen en Allemagne, un « ancien » amish, s’arrangea pour réimprimer l’édition de Pennsylvanie en Europe pour les communautés amish du Palatinat et d’Alsace. Nafziger travailla sur le projet avec Peter Weber, un responsable mennonite voisin. Dans l’Europe déchirée par la guerre, ces histoires feraient du bien à leur peuple, pensaient-ils. Dans le même temps, les amish d’Amérique du Nord lisaient aussi le Miroir des Martyrs en allemand, et, des décennies plus tard, en 1849, dans le comté de Mifflin, Pennsylvanie, l’amish Shem Zook publia une nouvelle édition du livre en langue allemande. Pathway Publishers, maison d’édition amish, conserve toujours une édition en allemand du livre des martyrs.
De nos jours, on trouve le Miroir des Martyrs dans les maisons amish, et il sert souvent de référence dans les cercles amish. Le livre a aussi inculqué l’idée que le monde n’est pas totalement digne de confiance. Les thèmes de la séparation, de la souffrance et de la fidélité résonnent dans ses pages. Sans nul doute la piété et les expériences des martyrs du XVIe siècle influencent-elles la vie et à la pensée amish en ce XXIe siècle.
(Extrait tiré de l’Histoire des Amish, Steven Nolt, Excelsis – 2010)

 

Anneken Hendriks était une femme au foyer de la Frise, anabaptiste depuis 1552. En octobre 1571, elle est identifiée à Amsterdam et condamnée à mort. Le bourreau a reçu l’ordre de remplir sa bouche de poudre à canon, de l’attacher à une échelle et de la jeter sur un lit de charbons ardents.