Ouvrez votre bible dans 1 Jean ch.5 et regardez si le verset 7 est en entier ou bien s’il ne vous en manquerait pas une partie. Pour bon nombre de traductions, pas sûr qu’il soit complet. Certaines bibles ont une version courte alors que d’autre ont un ajout. Pourquoi donc ? Il en est de même pour Actes 8.37 : [Philippe répondit : « Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible. — Je crois, repartit l’eunuque, que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. »], voyez et constatez si votre bible porte ce verset.
La Colombe rend ainsi :
1 Jean 5.7 : Car il y en a trois qui rendent témoignage 7b [dans le ciel : le Père, le Verbe et l’Esprit ; et ces trois sont un. 8. Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre] : l’Esprit, l’eau et le sang ; et ces trois sont d’accord.
TBS Isaïe 55: Car il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel,
le Père, la Parole et le Saint-Esprit, et ces trois-là sont un.
Il y en a aussi trois qui rendent témoignage sur la terre,
l’Esprit, l’eau et le sang, et les trois sont d’accord.
Les Bibles françaises contenant la version longue sont les traductions MARTIN, LAUSANNE, OSTERVALD, DE SACY, FILLION, J-B GLAIRE, PIROT-CLAMER et LIENART.
Cet ajout porte le nom de Comma Johannique et ne se trouve dans la famille des manuscrits byzantins appelés aussi textes majoritaires. Le premier manuscrit biblique contenant ce passage est un manuscrit latin du VIIe siècle, aujourd’hui exposé à Munich. D’autre part, le plus ancien document mentionnant le Comma Johannique date du IVe. Il s’agit d’un traité latin qui porte le nom de Liber Apologeticus attribué à certain Espagnol du nom de Priscillien, mort en 385.
Le Comma Johannique ne se trouve dans aucun des 9 manuscrits de la Vulgate qui font référence à la Vulgate de Stuttgart, ni même dans le consensus d’Alcuin. Il ne se trouve pas dans 9 des 12 manuscrits de référence de la Vulgate de Merk.
Le Comma Johannique ne se trouve donc dans aucun manuscrit grec excepté un qui date du XVIe siècle et dans un gréco-latin du XVe siècle. Aucun des Pères de l’Église n’en font usage, passage qui aurait eu tant d’intérêt dans les controverses ariennes. Aucune trace chez Tertullien, St Hilaire, St Ambroise, St Augustin ou même St Jérôme. Il n’apparaît dans aucun manuscrit copte ou syriaque.
Dans le Nouveau Testament grec rédigé par Érasme, aucune mention du Comma Johannique pour les éditions de 1516 et 1519 ; cependant Érasme l’introduit en 1522 dans sa 3ème édition du Nouveau Testament et il fut, dès lors récupéré et inséré dans les éditions de Robert Étienne, de Bèze et des Elzévir, c’est-à-dire dans le texte reçu.
Luther ne l’a jamais accepté dans sa version allemande et ce ne fut que longtemps après sa mort, en 1581, que le Comma y fut introduit.
Calvin adopte cette leçon tout en reconnaissant combien elle est contestable, mais le commentaire qu’il en donne montre assez combien elle est peu en harmonie avec la pensée de l’apôtre. Dans son commentaire, il dit : Toutefois, parce que le fil du texte coule très bien si cette phrase y est ajoutée, et que je vois qu’elle se trouve dans les meilleurs manuscrits et les plus corrects exemplaires, je la reçois volontiers. Quand il dit que les trois sont un, cela ne se rapporte pas à l’essence mais au consentement.
David Martin retrouve un manuscrit à Dublin daté du XIe qui a la même leçon que le Britannicus. Martin étudie la Vetus Itala qui possède cette incise ainsi que la Vulgate de St Jérôme. Il étudie la traduction grecque du Concile de Latran de 1215 qui a ce verset trinitaire et qui n’est pas calquée sur la bible latine mais sur un ancien texte grec.
Abbé Alphonse Tricot n’insère pas le Comma Johannique dans sa traduction de 1952, mais note en bas de page : Le texte de la Vulgate sixto-clémentine, enrichi d’une interpolation qui date de la seconde moitié du IVe siècle, se présente ainsi : 7. Quoniam tres sunt, qui testimonium dant [in caelo : Pater, Verbum et Spiritus Sanctus, et his tres unum sunt. 8 Et tres sunt, qui testimonim dant in terra] : Spiritus, et aqua et sanguis, et hi tres unum sunt.
Au sujet de cette incise, John MacArthur la qualifie d’apocryphe. Il s’appuie principalement sur les preuves de Bruce Metzger qui reposent sur les faits qu’aucun Pères de l’Église ne la cite et qu’aucun des plus vieux manuscrits ne la contienne.
Il est vraisemblable que si elle eût été authentique, un apologète tel que Tertullien ou bien saint Athanase l’aurait très certainement utilisé lors des controverses face à l’arianisme qui niait le dogme de la Trinité.
Alors pourquoi trois témoins ? Selon la Torah, pour qu’un témoignage soit accepté, il faut la déposition de 2 ou 3 témoins. Dt 19.15 : Un seul témoin ne sera pas admis …. C’est sur la parole de deux témoins ou sur la parole de trois témoins que la chose sera établie.
Quelques écrivains anciens tels que Cyprien ont vu dans les trois qui rendent témoignage, une allusion à la Trinité. Cette interprétation, d’abord écrite en marge d’un manuscrit, aura été admise dans le texte par un copiste ignorant.
Synthèse
Les manuscrits incluant le Comma Johanneum classé par ordre chronologique :
⁃ 221. (Le comma y est ajouté en tant que lecture alternative en marge par une main ultérieure) – Xᵉ
⁃ 1 – XIIᵉ
⁃ 88. (Le comma y est ajouté en tant que lecture alternative en marge par une main ultérieure selon certain ajouté au XVIIIe) – XIIᵉ
⁃ 429. ~ Le comma y est ajouté en tant que lecture alternative en marge par une main ultérieure) – XIVᵉ
⁃ 629. – XIVᵉ
⁃ 636. ~ Le comma y est ajouté en tant que lecture alternative en marge par une main ultérieure) – XVᵉ
⁃ 918. -XVIᵉ
⁃ 61 – 1520 ap JC
⁃ 2318. – XVIIᵉ
⁃ 2473. – 1634 ap JC
⁃ Quelques manuscrits de la Vulgate
⁃ Vulgate Clémentine 1598
Patristique :
⁃ Speculum, Pseudo-Augustin
⁃ Priscillien dans son Liber Apologeticus
⁃ Fulgence de Ruspe
En conclusion :
Il faut savoir que sur 5000 manuscrits grecs, seuls 500 contiennent 1 Jean 5, et sur les 500 manuscrits, seuls 9 font mention du comma ! Et sur les 9 manuscrits qui font mention du Comma Johanneum, seuls 5 l’incluent dans le texte, tandis les 4 autres le font apparaître uniquement dans une note en marge du manuscrit !!!!
Dans le texte :
⁃ 629. – XIVᵉ
⁃ 61 – 1520
⁃ 918. – XVIᵉ
⁃ 2318. – XVIIᵉ
⁃ 2473. – 1634
Dans la marge :
⁃ 221. – Xᵉ
⁃ 88. – XIIᵉ
⁃ 429. – XIVᵉ
⁃ 636. – XVᵉ
Note tirée du livre « A Textual Commentary on the Greek New Testament de Bruce Metzger » sur ce verset :
« Après « rendent témoignage », le Textus Receptus ajoute ce qui suit : « dans le ciel, le Père, la Parole et l’Esprit-Saint et ces trois-là sont un. 8 et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre ». Que ces mots sont apocryphes et n’ont pas le droit de figurer dans le Nouveau Testament est certain à la lumière des considérations suivantes.
(A) PREUVES EXTERNES.
(1) Le passage est absent de tous les manuscrits grecs connus, à l’exception de quatre, et ceux-ci contiennent le passage dans ce qui semble être une traduction d’une recension tardive de la Vulgate latine. Ces quatre manuscrits sont le ms. 61, un manuscrit du XVIe siècle autrefois à Oxford, maintenant à Dublin ; le ms. 88, un manuscrit du XIIe siècle à Naples, qui contient le passage écrit dans la marge par une main moderne ; ms. 629, un manuscrit du XIVe ou XVe siècle au Vatican ; et ms. 635, un manuscrit du XIe siècle qui contient le passage écrit dans la marge par une main du XVIIᵉ siècle.
(2) Ce passage n’est cité par aucun des Pères grecs qui, s’ils l’avaient connu, l’auraient certainement employé dans les controverses trinitaires (sabelliennes et ariennes). Sa première apparition en grec se trouve dans une version grecque des Actes (latins) du concile du Latran de 1215.
(3) Le passage est absent des manuscrits de toutes les versions anciennes (syriaque, copte, arménienne, éthiopienne, arabe, slave), à l’exception de la version latine ; et on ne le trouve pas (a) dans le vieux latin dans sa forme primitive (Tertullien Cyprien Augustin), ou dans la Vulgate (b) telle que publiée par Jérôme (codex Fuldensis [copié entre 541 et 546] et codex Amiatinus [copié avant 716]) ou (c) telle que révisée par Alcuin (première main du codex Vercellensis (IXᵉ siècle)).
La première fois que le passage est cité comme faisant partie du texte réel de l’épître se trouve dans un traité latin du IVe siècle intitulé Liber Apologeticus (chapitre 4), attribué soit à l’hérétique espagnol Priscillien (mort vers 385) soit à son disciple l’évêque Instantius. Apparemment, la glose est apparue lorsque le passage original a été compris comme symbolisant la Trinité (par la mention de trois témoins ; l’Esprit, l’eau et le sang), une interprétation qui a peut-être été écrite d’abord comme une note marginale qui s’est ensuite retrouvée dans le texte. Au Vᵉ siècle, la glose a été utilisée pour décrire le passage original, qui est devenu le symbole de la Trinité. La glose fut citée par les Pères latins d’Afrique du Nord et d’Italie comme partie du texte de l’épître, et à partir du VIe siècle on la retrouve de plus en plus fréquemment dans les manuscrits du vieux latin et de la Vulgate. Dans ces divers témoins, la formulation du passage diffère sur plusieurs points. (Pour des exemples d’autres intrusions dans le texte latin de 1 Jean, voir 2.17 ; 4.3 ; 5.6 et 20.).
Me voilà arrivé au bout de ma recherche et c’est là tout ce que je vous partage de ce que j’ai pu recueillir au sujet de la grande question du Comma Johannique. J’espère que vous y aurez trouvé la réponse que vous cherchiez.
Tres interessant article.
J’ai remarqué que la version longue de ce verset se trouve dans la plupart de bibles catholiques(sauf Osty et la liturgie) et anciennes protestantes( ostervald, Martin , la king James ).C’est dommage que cette version longue ne soit plus dans les nouvelles versions de la Bible.Seule la bible colombe a gardé cette version de ce verset.Il ne faudrait pas que cette derniere disparaisse ou lui faire une revision baclée.
Toujours l’homme moderne decide à la place de Dieu (et prend les anciens traducteurs d’ignorants) quels textes et versets choisir et faire des revisions de moindre qualité (soit disant pour meilleure comprehension!?) alors que ce verset long etait dans les textes byzantins dit majoritaires.
Notre culture et notre foi chretienne aujourd’hui est en train de s’effondrer.
Attention, car David Martin a écrit deux dissertations et une étude sur 1 Jean 5:7 des plus complètes, démontrant avec preuves au dessus de toute preuves, que ce texte a toujours était dans la bible.
https://books.google.fr/books/about/La_v%C3%A9rit%C3%A9_du_texte_1_Jean_5_7_d%C3%A9montr.html?hl=fr&id=g9c7AAAAcAAJ&output=html_text&redir_esc=y
Ainsi que
https://books.google.fr/books?id=MxoPAAAAQAAJ&hl=fr&output=html_text&source=gbs_similarbooks_r&cad=2
Bonjour, j’ai amplifié l’article ce jour avec les apports de la critique textuelle pour montrer la fragilité de l’originalité du comma.