S21 : L’Éternel Dieu fit pousser une plante qui s’éleva au-dessus de Jonas.
Sacy : Le Seigneur Dieu fit naître alors un lierre qui s’éleva au-dessus de la tête de Jonas.
King James : Et le SEIGNEUR Dieu prépara une courge, et la fit monter au-dessus de Jonas.
NEG : L’Éternel Dieu fit croître un ricin, qui s’éleva au-dessus de Jonas.
Martin : Et l’Éternel Dieu prépara un kikajon, et le fit croître au-dessus de Jonas.
Cahen : Iehovah fit pousser un kikaïone, qui s’éleva au-dessus de la tête de Ionah.
Darby : Et l’Éternel Dieu prépara un kikajon et le fit monter au-dessus de Jonas.
Le mot hébreu employé pour désigner cette plante est qîqayôn. Dans toute l’Écriture, on ne le trouve que 5 fois et uniquement dans cet épisode (Jonas 4. 6-7-9-10). Tous les traducteurs ont plus ou moins buté pour rendre ce mot qui est un hapax. Déjà, les LXX avaient traduit par coloquinte (kolokuntha), Saint Jérôme pour la Vulgate par lierre (hedera) et Saint Augustin par courge (cucurbita). Pour l’heure, difficile de trancher. L’abbé Boisson dit qu’il s’agit d’un palma-christi.
Jonas, disons-le, après la lecture de ce livre, nous apparaît comme un personnage ayant un sale caractère, solitaire, égoïste avec une certaine tendance à la dépression. Il n’est certes pas le seul car Élie, le grand prophète d’Israël, eut lui aussi son moment de dépression (1 Rois 19.4). Il est intéressant de voir la comparaison entre les deux personnages en ce, qu’Élie lui aussi, va s’allonger sous un genêt rôtem, un mot que l’on retrouve 4 fois, également dans la bible.
Dans le récit de Jonas, qui dans son ensemble se compose de quatre chapitres et d’un total de 48 versets, nous voyons la souveraineté de Dieu sur sa création et l’amour dont il fait preuve envers les hommes mais aussi les animaux, qui sont les derniers mots du livre. Jonas s’est apitoyé pour le ricin (Jon 4.10) et Dieu ne s’apitoierait-il pas pour toute une ville ainsi que pour des animaux en grand nombre ? Au regard de Dieu, notre égoïsme prend un autre regard.
La nature est au commande de Dieu au travers du récit. Dieu ordonne à un grand vent de souffler sur la mer (Jon 1.4), puis il commande au grand poisson d’avaler le prophète (Jon 2.1), il commande à un qiqayon et celui-ci pousse en une nuit (Jon 4.6), un ver, commandé par Dieu, pique le ricin et le dessèche, enfin, Dieu commande un vent d’Est brûlant. Rien dans ce récit, et cela devrait suffire à nous le faire comprendre et à bien le réaliser, que rien n’échappe au Créateur. Vents, plantes, animaux sont à ses ordres, le vent qui souffle sur la mer contre le navire et ce vient chaud qui souffle de l’Orient, les grands poissons comme le tout petit ver. Dieu est le Maître sur toute sa création.
Pour aller plus loin
Saint Augustin rapporte sur ce verset, un trait bien frappant de l’attention des premiers fidèles à ne pas souffrir le changement le plus léger et le plus indifférent dans les livres saints.
On lit dans Jonas, que le Seigneur fit naître un lierre qui s’éleva sur la tête de ce prophète pour lui faire ombre, et le mettre à couvert de la chaleur qui l’incommodait beaucoup. Le nom de cette plante dans l’original hébreu est kikaion. Elle n’est point connue hors de l’Asie, c’est pourquoi les Septante ne trouvant point de terme dans le grec pour la désigner, la traduisirent par courge, parce que cette plante étant très propre à donner de l’ombrage, pouvait représenter le kikaion, la version italique faite sur les Septante portait aussi courge.
Saint Jérôme, dans sa nouvelle version, croyant que le lierre était plus propre à représenter le kikaion, employa ce mot.
« Il arriva, dit Saint Augustin écrivant à Saint Jérôme, qu’un de nos collègues ayant établi qu’on lirait votre version dans son église, il se trouva un endroit du prophète Jonas où vous avez traduit différemment de ce qu’on se souvenait d’avoir vu et d’avoir ouï lire de tout temps dans l’Église, cette différence fit croire que cet endroit était falsifié et comme le texte grec, qui se trouva contraire à votre version, augmenta encore la présomption de falsification, cela fit un si grand bruit parmi le peuple que l’évêque fut contraint de consulter les Juifs car c’est une ville où il y en a et eux, soit par malice ou par ignorance, dirent que le texte hébreu était conforme en cet endroit au grec et au latin en sorte qu’il fallut que l’évêque rayât ce mot-là dans votre version, et le corrigeât comme une faute de copiste, ne voulant pas demeurer plus longtemps dans le danger où il s’était vu d’être abandonné de tout son peuple. »
Représenter une plante, qui n’avait point de nom ni dans le grec, ni dans le latin, par quelque plante que ce fût qui approchait de son espèce, était la chose au monde la plus indifférente ; cependant, la substitution du lierre à la courge dans une version de l’Écriture fut suffisante pour exciter un grand soulèvement, qu’on ne put apaiser qu’en rayant le mot lierre et en le remplaçant par celui de courge ; qu’on juge par là du zèle des fidèles pour la conservation des livres saints !
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