Ce que l’on appelle aujourd’hui Théodotion fait référence à un traducteur d’une ancienne version grecque de l’Ancien Testament datant du IIe siècle après J-C.
Théodotion serait, selon quelques-uns, originaire de Sinope du Pont, alors que d’autres le situent d’Éphèse. Ceux, qui veulent concilier ces deux choix, disent qu’il est né dans la première de ces deux villes puis par la suite, il demeura à Éphèse. Ce que nous savons de lui, nous est parvenu par deux auteurs chrétiens, à savoir : Irénée de Lyon et Épiphane de Salamine. Tous les deux le tiennent pour originaire d’Éphèse. Le premier à le mentionner n’est autre qu’Irénée de Lyon, dans son imposant ouvrage Contre les hérésies, qui le nomme « Théodotion d’Éphèse ». Voir Irénée de Lyon, Contre les hérésies – Livre III.21
Il fit d’abord profession du christianisme, et on le donne pour disciple de Tatien. Il adhère premièrement aux idées qu’enseigne Marcion l’hérétique, puis s’étant brouillé avec les marcionites, il devient prosélyte du Judaïsme. Il semble avoir été instruit au pied d’un disciple de Hillel l’Ancien, qui s’appelait Yohanan Ben Uzziel, celui-là même à qui l’on doit l’une des traductions les plus connues, celle du Targoum.
Ayant appris l’hébreu, il entreprit de traduire les livres de l’Ancien Testament en grec d’après le texte de la Septante. D’un point de vue chronologique, la Septante est la première traduction grecque, suivie par Théodotion, puis par celle d’Aquila et enfin, par celle dite Symmaque. Selon les travaux de D. Barthélémy, il confirmerait que la traduction de Théodotion serait antérieure à celle d’Aquila. Saint Irénée (140-200) cite Aquila et Théodotion, mais ne fait nullement référence à la Symmaque, ce qui laisse penser que cette version n’était pas encore faite de son temps.
Théodotion entreprit sa traduction vers la fin du IIe siècle sous le règne de l’Empereur Commode (180-192), afin de contredire les marcionites, milieu desquels il était sorti. Sa méthode de travail se situe donc entre la Septante et celle d’Aquila. Dans sa méthode, il ne se rend pas esclave des mots, comme a pu le faire Aquila ; il ne se donne pas non plus dans l’excès comme Symmaque l’Ébionite, qui paraphrasait plutôt qu’il ne traduisait. Il s’attache principalement au texte grec de la Septante, comme dira Saint Jérôme, dont il imitait la manière simple de traduire, il s’appliquait à exprimer le sens du texte par des termes grecs qui répondent à la manière de traduire des hébreux, et ce, pour autant que le génie des deux langues le permettait. Sa traduction se caractérise donc par son choix même de laisser certains mots hébreux plutôt que de rechercher un équivalent grec.
La traduction de Théodotion fut la préférée des chrétiens à celles de Symmaque et d’Aquila ; mais les Juifs penchaient davantage vers celle d’Aquila, tant qu’ils se sont servis d’une version grecque ; ils l’ont préférée à celle des Septante, parce qu’elle était plus littérale, et plus attachée aux mots. De là vient que, dans le Talmud, il est souvent parlé de la version d’Aquila, et jamais de celle des Septante.
Les anciens chrétiens firent tant cas de sa traduction, que lorsqu’ils s’aperçurent que la version de Daniel, celle qui était dans la Septante, était très défectueuse, ils la supprimèrent complètement et la substituèrent à celle de Théodotion, qui depuis, y demeure toujours.
Nous savons qu’Origène, vers la fin de sa vie en 232, entreprit un grand ouvrage, les Hexapla, ayant pour but de mettre de l’ordre dans les traductions existantes de son temps. L’œuvre, comme son nom l’indique, se présente sur 6 colonnes parallèles. La première présente le texte hébreu en caractère hébraïque ; la seconde, présente le même texte en lettres grecques ; dans la troisième colonne figure la version d’Aquila ; dans la quatrième, la Symmaque ; dans la cinquième, les LXX ; et dans la sixième figure celle de Théodotion.
C’est de Théodotion que l’Église a reçu l’histoire de Susanne, livre apocryphe que les Juifs rejettent, mais qui se lit dans tous les livres des Églises chrétiennes, non seulement chez les Grecs et les Latins, mais aussi chez les Syriens et les Égyptiens. Saint Jérôme nous apprend même, que l’histoire de Susanne était à la tête des prophéties de Daniel dans les éditions ordinaires, Théodotion l’ayant placée en cet endroit, comme au lieu qui lui convenait, à cause du temps où cette histoire est arrivée.
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