Cahen : Tu boiras (de l’eau) du torrent, et j’ai ordonné aux corbeaux de t’y nourrir.
S21 : Tu boiras de l’eau du torrent, et c’est aux corbeaux que j’ai ordonné de te nourrir là.
Semeur 2015 : L’eau du torrent te servira de boisson et j’ai ordonné aux corbeaux de te nourrir là-bas.
NFC : Là, tu trouveras à boire au torrent, et je donnerai l’ordre aux corbeaux de t’apporter de la nourriture.
Osty 1973 : Tu boiras au torrent, et j’ai commandé aux corbeaux de pourvoir là-bas à ta subsistance.
TMN 1995 : Et voici ce qui devra arriver : tu boiras au ouadi, et vraiment j’ordonnerai aux corbeaux de te ravitailler là-bas.
Bayard : Il y aura là un torrent où tu pourras boire. Pour la nourriture, j’ai ordonné aux Arabes de s’en charger.
Le texte massorétique dit ceci :
וְהָיָ֖ה מֵהַנַּ֣חַל תִּשְׁתֶּ֑ה וְאֶת־הָעֹרְבִ֣ים צִוִּ֔יתִי לְכַלְכֶּלְךָ֖ שָֽׁם
La traduction latine de saint Jérôme, dite de la Vulgate, qui traduit de l’hébreu vers le latin, rend la traduction ainsi : et ibi de torrente bibes corvisque praecepi ut pascant te ibi.
Le mot orev que l’on traduit par « corbeau » se trouve 10 fois dans la première alliance (Gn 8.7, Lev 11.15 ; Dt 14.14 ; 1 Rois 17. 4-6 ; Jb 38.41 ; Ps 147.9 ; Pr 30.17 ; Ct 5.11 et Is 34.11). Dans chacun de ces passages, il est évident qu’il est question d’un oiseau.
La traduction Bayard, nouvelle traduction (2001) est la seule qui ait osé traduire l’hébreu הָעֹרְבִ֣ים – ha-ovèrim par : les Arabes. Elle justifie son choix en mentionnant que la vocalisation massorétique, datant de la fin du Iᵉʳ siècle, reste assez tardive, mais que dans le contexte avec le parallèle de l’hospitalité de la veuve de Sarepta envers Élie, elle indique qu’il vaut mieux comprendre les « Arabes », tout en modifiant légèrement la vocalisation.
En effet, sans les points voyelles, le mot hébreu peut vouloir dire : corbeaux ou arabes. Donc, suivant cette lecture, ne serait-il pas plus logique que ce soit des êtres humains, des Arabes qui aient apporté du pain et de la viande au prophète Élie ?
Une telle compréhension des Écritures est normale de la part des libéraux qui tendent à nier le caractère miraculeux que Dieu peut opérer à travers les récits bibliques. Il est donc dans notre intérêt, dans un tel cas, de consulter le latin de la vulgate (fin du IVᵉ siècle) qui employa le mot corvisque signifiant “corbeaux”, ou bien encore la Septante, traduction grecque datée du IIIe siècle avant J.C, qui traduit par κόρακες, et qui veut dire, là encore : des corbeaux.
Cette interprétation, voyant des Arabes à la place des corbeaux, n’est pas nouvelle. M. De Genoude, dans la traduction de la Bible d’après la Vulgate en 1838, réfute celle-ci, disant qu’il se tient au mot corvisque qu’emploie la Vulgate et que Dieu avait donné à Élie de faire des miracles. Dom Calmet (1672-1757), exégète et encyclopédiste, avait fait ce rapport de son temps, que parmi quelques interprètes, le mot hébreu orevim était traduit par : Arabes ou marchands.
Réduire ce passage à un caractère humain, exclut l’ordre miraculeux et ôte ainsi la souveraineté et la capacité que notre Dieu a sur sa création. Nous le voyons dans le livre de Jonas, ver, tempête, ricin et le grand poisson, tous sont à ses ordres.
Par contre, dans le passage de 2 Chroniques 17.11, nous retrouvons ce mot הָֽעַרְבִיאִ֗ים au pluriel là encore, mais rendu par : les Arabes. Nous comprenons dans ce passage qu’il s’agit d’un peuple que le texte appelle “les Arabes”, venant apporter du bétail en présent au roi Yosaphat.
Ceci dit, nous voyons que le mot « arabe » est issu de l’hébreu, car il est calqué sur les trois consonnes עֹרְבִ A-R-B.
Comme quoi, certaines traductions sont vraiment orientées et tentent de nier le caractère miraculeux.
Merci infiniment pour cette article très instructif et d’une aide précieuse en ce qui concerne les comparaisons dans les différentes traductions. Merci beaucoup.