Nom | Les 4 Évangiles - NTB |
Auteur | Alexandre NANOT |
Éditeur | Collection Bibliorama |
Date | 11-2024 |
Nombre de pages | 482 |
Format | 15 x 21 x 0.6 |
ISBN | 0000000000000 |
Quelques questions posées à Alexandre NANOT
Peux-tu te présenter en quelques lignes sur ton parcours personnel et spirituel et sur ce projet ?
Je suis marié. Avec mon épouse, nous sommes parents de deux enfants et tout récemment d’un petit-fils. Depuis mon adolescence, j’ai toujours été passionné par les Saintes Écritures. J’ai étudié la théologie avec le regretté pasteur Jean-Marc Thobois, puis plus tard, j’ai donné pendant 3 ans des cours de théologie dans une école biblique. Déjà jeune homme, je me rappelle que je me disais, si seulement un jour, je pouvais participer à une nouvelle traduction de la Bible… Il y a 5 ans, j’ai mis en ligne avec l’aide de Nicolas C, Thomas Mathey et Jonathan Caplot, le site Bibliorama.org afin d’y présenter toutes les traductions françaises qui existent et écrire des articles d’étude biblique. Ensuite, il y a 4 ans, j’ai été sollicité pour participer à une nouvelle traduction de certains livres de la Bible pour les Éditions Sch’ma. Cela a été un travail passionnant. Une fois terminé, je me suis lancé comme défi de faire ma propre traduction de la Genèse avec des notes d’étude et celui de Jonas, qui sont deux livres que j’affectionne particulièrement et sur lesquels j’enseigne souvent. Pour ne pas perdre la main et sur l’insistance de mes amis, je me suis donné le défi de traduire tout le Nouveau Testament. Les 4 Évangiles m’ont pris pas loin d’une année de travail et j’espère terminer le reste des autres livres du Nouveau Testament pour une sortie fin du premier semestre 2025.
Tu travailles seul ou en équipe ?
Je travaille toujours en équipe, c’est tellement plus enrichissant ; mais je me concentre principalement sur le travail de traduction. Ensuite, là où le grec est parfois complexe, quand les phrases semblent difficiles à formuler, ou bien pour éviter de faire entorse au texte, j’ai quatre collègues qui sont toujours là à mes côtés pour m’aider et me conseiller. J’ai une équipe qui ensuite relis, me fait un retour sur la fluidité du texte ainsi que des relecteurs correcteurs. Je les remercie grandement, car ils sont tous d’une précieuse aide.
Quelle est particularités de cette traduction ?
Je vais donner quelques exemples, ça parlera mieux.
Pourquoi, par exemple, j’ai choisi de traduire par « expulser » au lieu de « chasser » ?
Marc 16.17 : En mon Nom, ils expulseront les démons…. J’ai voulu un verbe qui nous parle aujourd’hui, un verbe qui soit plus réaliste que le fait de chasser un démon. Je ne vais pas à la chasse aux démons comme j’irais à la chasse aux escargots. Je décide d’aller à la chasse pour attraper….donc je ne vais pas volontairement aller pour chasser du démon. Jésus n’allait pas à la chasse aux démons, mais tous ceux qui venaient à lui, ils les en délivraient en expulsant les démons. Le verbe grec ἐκβάλλω – ekballô signifie mettre dehors, faire sortir, comme quelqu’un qui occupe un endroit de manière illégale, il doit être expulsé. Quelqu’un qui n’a plus le droit d’être là doit être expulsé. Déloger des squatters, de même Jésus va expulser les vendeurs du temple, c’est le même verbe employé. Le ek au début de ekballo que l’on retrouve dans le mot extérieur indique un passage de l’intérieur vers l’extérieur ; ballo c’est le fait de jeter, donc jeter dehors. Voir aussi Mt 8.31 ; 17.19 ; Mc 3.15 ; Jn 2.15
On pourrait évoquer le problème des traductions orientées. Et oui, ça arrive, c’est peut-être mineur, mais parfois ça peut piéger.
Exemple : Il faut toutefois que l’évêque soit un homme irréprochable (1 Tm 3.2). Dans ce passage, nulle présence du mot homme (aner). Que cela rassure « nos sœurs » ! Il est simplement dit : Qu’il soit irréprochable. (idem au v.5 où il est question de quelqu’un). Le grec n’emploie pas aner -homme.
Une telle lecture coucircuite la place de la gente féminine dans l’Église. Alors qu’aujourd’hui plus qu’hier, elle revendique ses droits et son égalité. Quelle traduction parmi tous les passages problématiques va atténuer, cloisonner ou avoir une traduction plus souple ?
Rien que sur ce passage de 1 Tim 3, il y aurait maintes choses à dire. La suite du verset, là encore, est sujet à trop d’interprétation. Chacun traduit d’après sa compréhension. Certains ont été à traduire : n’avoir été marié qu’une fois ! Alors que le grec dit simplement : homme fidèle à sa femme.
Et ce passage si terrible à lire pour les femmes : 1 Cor 14.34 : Que vos femmes se taisent dans les Églises ! Si ça, c’est pas violent ! Le grec emploie un mot beaucoup plus doux qu’il faut comprendre par : Que les (et non vos) femmes gardent le silence lorsque vous vous rassemblez en assemblées.
D’autre petits exemples comme Jésus marchant sur l’eau. Les Douze sont dans une barque disent plusieurs traductions, mais aujourd’hui, on imaginerait mal 13 personnes tenant dans une barque alors que généralement on y monte à 3 voir 4 pour certaines barques. Le grec connaît au moins deux mots πλοῖον – ploion pour les bateaux ou navires et πλοιάριον – ploiarion pour la barque. La distinction est faite par exemple en Jn 21.3 et 21.8.
J’ai cherché à coller au texte source, j’ai donc opté pour de l’équivalence formelle comme Darby ou Osty l’ont fait avant moi. J’essaie de m’en tenir au grec en essayant de respecter les temps, le pluriel et le singulier s’il y a, sans ajouter par exemple d’article possessif quand il n’y en a pas (Lc 8.48 ; 15.31). Luc 24.25, nous lisons dans beaucoup de traductions : Hommes sans intelligence ou insensés, mais hommes ne figure pas dans le grec.
La distinction est faite par exemple en Jn 21.3 et 21.8. De même en Jean 13. v. 23 et 25 on trouve le mot sur le sein de Jésus alors que Jean emploie deux mots différents dont l’un renvoie au Jn 1.18, c’est là tout un message. C’est, entre autres, ces détails qui sont soulignés dans cette traduction. J’ai aussi fait en sorte que tous les passages qui sont identiques dans les synoptiques soient fidèlement copiés à chaque endroit.
Quel a été la base de ton travail ?
La base de travail reste bien évidemment l’actuelle version de référence du Novum Testamentum Graece de Nestle-Aland (2012) qui est la 28e édition. Toutefois, j’ai consulté les autres manuscrits qui se trouvent à notre disposition. Parmi eux, il y a le Textus receptus dont bons nombres de leçons sont ajoutés mais entre crochets pour pouvoir les identifier. J’ai aussi consulté le codex de Bezae, le Washingtonianus, la King James ainsi que la Vulgate pour ne citer que ceux-là.
Y a-t-il d’autres projets sur lesquels tu travailles en ce moment ?
Comme mentionné plus haut, oui. J’ai déjà pas mal avancé sur certains livres du Nouveau Testament. Idéalement, j’espère que cette nouvelle traduction du Nouveau Testament sortira en juin 2025. Ce Nouveau Testament sera certainement en deux versions. L’une comprenant la traduction, accompagnée de notes d’études et un modèle avec simplement la traduction.
Comment le projet est-il financé ?
Le projet n’est pas financé. Je travaille sur mon temps-libre, mais il est possible de faire un don pour soutenir le travail entrepris et pour l’avancement d’autres projets : https://www.bibliorama.org/faire-un-don/
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