13 juillet 2023
Alexandre Nanot

Qui est Tite ?

Du grec Τίτῳ – Tito, en latin titus. Il fait partie du cercle privilégié des compagnons missionnaires de Paul et il est le destinataire d’une Épître pastorale qui porte son nom. Son nom est mentionné treize fois dans le Nouveau Testament, mais il est surtout présent à neuf reprises dans la Deuxième Épître au Corinthiens. ( 2 Cor 2.13 ; 7.6,13,14 ; 8. 6,16,23). On peut considérer trois étapes importantes dans la vie de Tite d’après les Actes des apôtres et le lettres Pauliniennes. Le premier serait sa présence en tant que non-circoncis au Concile de Jérusalem. Deuxièmement, son rôle dans la crise de l’église de Corinthe où il servit d’intermédiaire entre Paul et les Corinthiens dont il apaisa les querelles et reçut bon accueil, c’est là qu’il fut chargé de la collecte pour Jérusalem. Et troisièmement, il sera mandaté par Paul pour établir les Églises en Crête.

Que dit Paul au sujet de Tite ?

2 Cor 2.13 : Paul l’appelle « son frère » adelphosἀδελφός
    Tite 1.4 : Paul le considère comme son « véritable enfant selon la foi qui nous est commune ».
            7.7 : Il fait un rapport fidèle et encourageant à son retour de Corinthe.
            8.6 : Il prend des initiatives et les tiens.
          8.16 : Il est considéré comme zélé pour l’œuvre de Dieu
          8.23 : Paul le considère comme son associé et son compagnon d’œuvre.
     Tite 1.5 : Paul a une grande confiance en lui, lui déléguant son autorité apostolique pour établir et mettre de l’ordre dans les églises de Crête.

Parcours de Tite d’après le Nouveau Testament

L’Épître aux Galates (2.3) indique qu’il était « grec », c’est-à-dire païen de naissance. Paul, qui l’avait converti le dépeint comme son « véritable enfant dans notre commune foi ».
Très vite, il fait partie de ceux qui accompagnent Paul et Barnabas lors du Concile de Jérusalem (49-50). La présence, très certainement volontaire de cet incirconcis qui fut gagné à l’Évangile avait en ce lieu et en cette circonstance une grande signification. Elle prit une importance capitale aux yeux de Paul par le fait qu’on n’exigea pas même que Tite fût circoncis. On notera la fermeté de Paul à ce moment clé : mais, pas un seul instant, nous n’avons accepté de nous soumettre à eux, afin de maintenir pour vous la vérité de l’Évangile (Ga 2.5).
La propagation de l’Évangile allait dépendre de cette question cruciale, allait-on exiger des non-juifs qui se tournent vers le Christ Jésus de se faire circoncire. Mais Paul s’étant montré bien résolu à ne rien céder sur ce point, les « colonnes » de Jérusalem n’insistèrent pas, décevant par là l’attente des « faux frères » ennemis de la liberté chrétienne. En cela, Tite est le premier modèle de la liberté et de la tolérance dont les Juifs ont fait preuve à l’égard des non-juifs.
Son nom revient à plusieurs reprises dans 2 Corinthiens et semble avoir été un élément majeur de réconciliation dans ce que l’on appelle la crise corinthienne. Paul l’envoya d’Éphèse à Corinthe (2 Cor 12.18), probablement en possession de la lettre empreinte de sévérité qui se placerait entre nos deux épîtres aux Corinthiens (2 Cor 2.3 ; 7.8 et 12). Il s’avère que le trouble régnait dans la communauté, et l’autorité de Paul y était sérieusement remise en cause.

L’influence et le caractère personnel de Tite a très certainement contribué au fait de ramener la majorité des membres de l’Église à de meilleures dispositions. Il put apporter des nouvelles rassurantes à l’apôtre, qui après avoir espéré le rencontrer à Troas (2 Cor 2.12) et l’avoir anxieusement attendu en Macédoine, eut la joie de le voir arriver et d’apprendre de sa bouche l’heureux résultat de sa mission (2 Cor 7.5 et 13). 

D’après la brève épître pastorale qui porte son nom, Tite est mandaté par Paul pour organiser les Églises de Crète. De lui, Tite reçoit l’autorité apostolique pour établir des Anciens et mettre de l’ordre dans ces jeunes communautés. On date la rédaction de cette épître entre 63-65, alors que Paul se trouve en Macédoine. Paul le mentionnera de nouveau dans son ultime lettre à Timothée (66-67) d’où nous apprenons que Tite est en Dalmatie (2Tim 4.10). L’ordre chronologique de lecture des Épîtres pastorales serait le suivant : 1ᵉʳ à Timothée, Tite puis le 2ème à Timothée.

Ces quelques éléments nous montrent un homme qui fut précieux dans l’œuvre missionnaire. Fidèle, engagé et à cheval sur la saine doctrine, Tite paraissait être un parfait médiateur mais tout aussi capable de poursuivre une mission tout juste amorcée et la mener à son bien. 

Mort de Tite

Une tradition fait de Tite le premier évêque des églises de Crète où il y aurait terminé sa vie. (Eusèbe, Hist. Eccl. III, 4.5). On montrait son tombeau à Gortyne, ville de Crète aujourd’hui ruinée, où il passait pour être mort à un âge avancé. Sa légende a été racontée dans un écrit qu’on ne possède plus, attribué à Zénas, ce juriste dont le nom apparaît dans l’épître (Tite 3.13).

Dans les sources externes, nous pouvons mentionner la présence de Tite dans les Actes de Pierre et les Actes de Paul, deux écrits apocryphes. Citons enfin l’apocryphe chrétien intitulé « Actes de Tite » (VIe siècle) d’où ce texte relate la jeunesse, la conversion et le ministère de Tite jusqu’à sa mort. Voici un extrait :

« 10. Quand la sœur du bienheureux Tite, une vierge du nom d’Euphémie, mourut, il la déposa dans le lieu qu’il avait fait édifier, et il était souvent là-bas à psalmodier et à glorifier Dieu. C’est alors qu’il écrivit des lettres à Denys l’Aréopagite et à d’autres. Il avait accompli de très nombreux miracles, lorsqu’il vit les saints anges envoyés vers lui pour l’emmener, la maison fut remplie d’une vapeur de bonne odeur et une nuée étincela davantage que le soleil, son visage devint rayonnant et, rempli de joie, il fit entendre un rire très sonore, il leva les mains vers le ciel et s’écria : « Seigneur, j’ai conservé droite la foi en toi et j’ai gardé sans dommage le peuple, entre tes mains je remets mon esprit, fortifie toi-même ton peuple.» Ayant prononcé l’Amen, il rendit l’esprit dans la joie. Et il vit à jamais.

11. Ils oignirent le cadavre avec des huiles et des aromates, et il l’emmenèrent dans un vêtement blanc pour l’enterrer. Et voici, les temples des idoles s’écroulèrent, mais ceux qui se trouvaient à l’intérieur en sortirent indemnes et virent le cadavre du saint. Son précieux tombeau est un autel où sont conservées les chaînes avec lesquelles on attache ceux qui sont mus par des esprits impurs, c’est là aussi que reçoivent la guérison tous ceux qui sont jugés dignes d’embrasser le lit funéraire du saint.

12. Le saint apôtre du Christ et hiérarque Tite avait vingt ans quand il monta à Jérusalem, et jusqu’à l’ascension du Seigneur il y passa un an, puis il y séjourna encore dix ans, après avoir été ordonné apôtre et grand prêtre par les coryphées, les disciples du Seigneur, il passa dix-huit ans à lutter pour la proclamation de l’Évangile, et séjourna six ans en Crète et dans les autres îles ; il habita trente-neuf ans dans sa ville natale, de sorte que la durée totale de sa vie terrestre fut de quatre-vingt-quatorze ans. Que par son intercession nous recevions tous miséricorde, en rendant grâces et en croyant à notre Seigneur Jésus-Christ à qui reviennent toute gloire, honneur et adoration, avec le Père et le Saint-Esprit, maintenant et toujours, et pour les siècles des siècles. Amen. »

Lire aussi : https://www.bibliorama.org/tite-1-12-ou-le-proverbe-cretois/

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