Nouveau Testament
Nom Les 4 Évangiles - Traduction au féminin masculin
Auteur Imma
Éditeur Écriture au féminin
Date 2021
Nombre de pages 305
Format 13,9 x 21,5 x 2 cm
ISBN 9798749296105

PRÉSENTATION

Des traductions de la Bible, il y en a pour tous, pour tous les publics, pour tous les niveaux. Elles évoluent selon les tendances modernes et on voit de temps en temps apparaître quelques nouveautés qui s’inscrivent dans l’air du temps. Wokisme, genre, écriture inclusive sont des termes en vogue. Certain.e.s veulent être des voix pour lutter contre une certaine forme de discrimination. Dérivé du verbe anglais « wake » (réveiller), le wokisme désigne le fait d’être éveillé face aux discriminations ethniques, sexuelles, sociales ou religieuses. L’écriture inclusive en est un moyen d’expression.
« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » nous dit la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Les hommes ? Et seulement eux ? Si le texte avait été rédigé en grec, il est fort probable que les membres de l’Assemblée nationale eussent employés le mot ἄνθρωπος  – anthrôpos qui désigne l’être humain en général, sans distinction de sexe.

L’écriture dite inclusive, désigne, selon le texte du Sénat « les pratiques rédactionnelles et typographiques visant à substituer à l’emploi du masculin, lorsqu’il est utilisé dans un sens générique, une graphie faisant ressortir l’existence d’une forme féminine ». Le  30 octobre 2023, le Sénat fait part de son vote, pour une interdiction très large de l’écriture inclusive, après des discussions très animées et encouragées par le président de la République Emmanuel Macron. Il disait craindre de voir la langue française « céder aux airs du temps ». Cette proposition de loi de la droite vise à « protéger » le français « des dérives de l’écriture dite inclusive ». On peut aussi relever les propos de la sénatrice LR Pascale Gruny qui n’y a pas été par quatre chemins. Ce texte, entre autres, interdit les « mots grammaticaux » constituant des néologismes tels que « iel », une contraction de « il » et « elle », ou « celleux », contraction de « celles » et « ceux ». « L’écriture inclusive affaiblit la langue française en la rendant illisible, imprononçable et impossible à enseigner », selon Pascale Gruny. Résultat du vote des sénateurs : 221 voix contre 82. Affaire classée.

Concernant l’ouvrage présenté, la présentation de ces Quatre Évangiles sur la 4ᵉ de couverture dit ceci : Comment comprendre des textes religieux qui parlent trop souvent et seulement de frères, d’hommes, de Père pour transmettre un message universel, ici la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, adressée à tous les êtres humains, quel que soit leur genre ? Comment lire ces textes bibliques pour qu’ils nous concernent directement, femmes et hommes, alors qu’ils ont été transmis pendant plusieurs millénaires dans des langues et des traditions théologiques et religieuses où tout se dit et s’écrit à l’aune du masculin, prétendant représenter l’humanité entière ? Comment transmettre une tradition religieuse, sans que celle-ci ne soit instrumentalisée pour maintenir les femmes dans une situation de domination ?
Cette traduction est une proposition de réécriture inclusive et actualisée de la traduction de Louis Segond de 1910. Conçue pour la lecture individuelle, elle rend visible dans la langue française le féminin à côté du masculin et elle utilise les formes masculines exclusivement lorsqu’elles se réfèrent à des humains identifiés seulement comme masculins dans les textes évangéliques.
Elle s’inscrit dans une série de réécritures de textes religieux intitulée « Écritures au féminin » qui s’accompagne d’une traduction pour une lecture à voix haute dans un cadre liturgique.
À venir : une version liturgique de la présente traduction et un ouvrage théorique présentant les options linguistiques choisies pour féminiser les textes religieux, les enjeux théologiques et les principes herméneutiques portés par cette féminisation. Bien qu’inaugurée par un texte de la Bible chrétienne, cette série est ouverte à la féminisation de tout texte religieux, quelle que soit son appartenance.

L’auteure Imma est une féministe croyante et chrétienne. Linguiste, docteure en Sciences du Langage, elle est diplômée en grec ancien et en théologie. Elle a choisi un pseudonyme pour se prémunir de toutes formes violentes d’intégrismes religieux et idéologiques trop fréquents à notre époque. Elle a récemment apporté une contribution : Comment féminiser les textes bibliques à l’ouvrage : l’écriture inclusive, et si on s’y mettait ?

QUELQUES EXEMPLES

Il faut arriver à Matthieu ch.3 pour voir la première réécriture dite inclusive : « Les habitant.e.s de Jérusalem, de toute la Judée et de tout le pays des environs du Jourdain, se rendaient auprès de lui.» Nous comprenons bien que dans « ces habitants » dont il est question, n’étaient pas exclusivement des hommes mâles, et que leurs femmes n’étaient pas enfermées dans leur maison. L’écriture inclusive est justement là pour souligner le fait qu’hommes et femmes sont inclus dans cette foule qui se rend auprès de Jésus. Rien de grave, ne nous alarmons pas !
Autre exemple dans Luc 15.6 et que l’on retrouve à travers tous les Évangiles : « et, de retour à la maison, elle appelle ses ami.e.s et ses voisin.e.s, et leur dit: Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis qui était perdue ». Le passage commence par : « Qui d’entre vous, s’il a 100 brebis et qu’il en a perdu une…». Le sujet de la phrase devient : « Quelle personne parmi vous, s’il a 100 brebis…»
Quelques exemples en vrac :
Matthieu 19.30 : Plusieurs des premiers et premières seront les derniers et dernières, et plusieurs des derniers et dernières seront les premiers et premières.
Jean 12.1 : Six jours avant la Pâque, Jésus arriva à Béthanie, où était Lazare, qu’il avait ressuscité des mort.e.s.
Jean 12.20 : Quelques Grec.que.s, du nombre de ceux qui étaient monté.e.s pour adorer pendant la fête.
Jean 15.12 : C’est ici mon commandement : Aimez-vous les un.e.s les autres, comme je vous ai aimé.e.s. 

Les Béatitudes ont subi quelques retouches :
3. Heureuses les personnes qui vivent pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à elles.
4. Heureuses celles qui sont affligées, car elles seront consolées.
En revanche, au verset 7, nous constatons une retouche sur la traduction de Segond 1910, là où il était auparavant écrit : Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! On trouve : Heureuses les personnes sensibles à la souffrance de l’autre, car on le sera à la leur.

On trouve bien évidemment un langage épicène. Celui-ci désigne les différentes règles et pratiques qui cherchent à éviter toute discrimination sexiste par le langage ou l’écriture. C’était déjà l’objectif de la Nouvelle Bible en français courant (NFC) en 2019, là où est employé le mot frère (adelphos), mais on comprend que dans certains passages, il inclut aussi les sœurs. Paul dira : « Frères, je ne veux pas que vous soyez dans l’ignorance au sujet de …» dès lors, vous trouverez aussi bien dans la traduction de IMMA que dans le NFC : Frères et sœurs, comme ceci, les sœurs se sentent davantage incluses.
Matthieu 7.3 : Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère ou de ta sœur, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ?

Ensuite, nous arrivons à la tentation de Jésus au désert. Nous connaissons ce passage où le tentateur s’adresse à Jésus et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. Jésus répondit : Les femmes et les hommes ne vivront pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
Ici, le mot grec employé est le mot ἄνθρωπος  – anthrôpos qui désigne l’être humain en général, sans distinction de sexe, on comprend donc que Jésus parle de l’être humain. C’est d’ailleurs l’un des détails que la Bible NBS et le NFC ont trouvé bon de relever.
NBS : Il répondit : Il est écrit : « L’être humain ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »

Enfin, un dernier exemple pour montrer le magnifique tour de force pour féminiser un célèbre passage de Marc 16, au lieu de ceux qui auront cru, qui reste un pronom neutre, Imma utilise UNE PERSONNE, QUI AURA CRU, on arrive donc à employé une conjugaison au féminin pour le reste du passage. Admirable, je trouve !

 

CONCLUSION

Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas ici à proprement parler d’une nouvelle traduction, mais d’une réécriture des Quatre Évangiles dans une perspective de féminiser le texte évangélique. Il n’y a donc aucune raison de s’offusquer face à ce travail. Après tout, les textes bibliques appartiennent à l’humanité, chacun est libre de les traduire, tant soit peu qu’on ne fasse pas entorse au texte pour faire passer ses idées. Nous avons ici une réécriture des 4 Évangiles qui, disons-le, a au moins le mérite d’exister. Merci Imma !