Ouvrages sur la Bible
Nom Les nourritures de la Bible
Auteur Olivier Cair-Hélion
Éditeur Éditions du Gerfaut
Date 2007
Nombre de pages 216
Format 19 x 26 x 2,2 cm
ISBN ‎ 9782914622738

La Bible est le livre à la fois le plus édité et le moins lu, du moins en entier. On se souvient davantage de ses repas fabuleux, tragiques ou mystiques, de ses miracles stupéfiants – la manne, les noces de Cana, la multiplication des pains et des poissons, la Cène, Emmaüs – que de leurs messages.
Or ces nourritures de la Bible ont un sens symbolique ou allégorique qui était évident pour les Hébreux et les premiers chrétiens et qui s’est partiellement obscurci aujourd’hui. Qu’est-ce que le Fruit défendu ? Qu’est-ce que le pain et le vin eucharistique ?…
Ce sont ces significations que l’auteur explore et explique avec une jubilation explosive dans une mouvance résolument chrétienne.
Au-delà du texte biblique, son regard aiguisé s’appuie pour la plus grande part sur une iconographie antique et médiévale, pleine de vie, d’humour et de saveurs.

Docteur en linguistique, Olivier Cair-Hélion est chef du service de linguistique expérimentale de l’université de Liège. Enseignant et chercheur en ce domaine ainsi qu’en littérature et en histoire des religions, il est l’auteur de nombreux articles et livres sur ces thèmes. Spécialiste de l’exégèse et philosophe des sciences, il a publié aux éditions du Gerfaut Les Animaux de la Bible.

 

 

Extrait

Tout cela est pour vous : vivez, régnez et mangez !

DANS LES CONTES DE FÉES, il arrive qu’un enchantement fasse apparaître des tables dressées mirifiques. Des plats pantagruéliques s’empilent les uns sur les autres. Viandes fumantes, fondantes et luisantes, légumes croquants, fruits fessus. Leur fumet enivre. On salive. Selon les psychologues, ce serait un rêve commun. Au moment du réveil – zut ! – on allait attaquer un festin gargantuesque.
Les enfants se voient lâchés dans une confiserie, avec pour consigne : « Allez-y, tout est pour vous ! »
Ainsi Dieu accueille-t-il au jardin d’Éden Adam et Eve (nous), qu’il vient de créer. Sera-ce en ces mots qu’il nous accueillera au paradis ?
Pour ne rien censurer du texte de la Genèse, qui ouvre la Bible, Dieu commence par le sexe et la famille, et la jouissance, ainsi que la responsabilité, d’être les rois du monde. Toute première parole adressée à l’humanité naissante :

« Soyez féconds et prolifiques ! Remplissez l’univers et maîtrisez-le ! Soumettez poissons, oiseaux et toutes bêtes ! » (Genèse 1. 28)

Et aussitôt : « Je vous donne tous légumes et tous fruits : mangez-les ! » (ibid., verset 29)

Dieu avait installé l’Homme et la Femme dans un jardin de délices. Éden signifie « plaisir » en hébreu, d’abord sexuel et ensuite tous les autres. Le paradis terrestre regorgeait de tous les fruits et légumes, tous là pour être mangés par les hommes, pas d’animaux : l’Ancien Testament recommandait-il d’être végétarien ? On appelle aussi le paradis initial jardin de la Jouissance. Comme le peintre Paul Gauguin (1848-1903) avait appelé sa chaumière à Hiva Oa, aux îles Marquises : la maison du Jouir.