Les Juives
Parution 1959
Éditeur Les Éditions de minuit
Traduction Littérale
Confession Judaïsme
Unités poids et mesures Ancienne

Edmond Fleg (1874-1963) à notre grand regret, n’a traduit que deux livres de la Torah : Le livre des commencement (Genèse) en 1946 et Le Livre de la sortie d’Égypte (Exode) en 1963. La qualité du texte de cette traduction est forte intéressante pour qui veut étudier le texte de très près. Sur l’échelle NALOT, elle se positionnerait très certainement à la 2ᵉ place.

  • 1946 Le Livre du Commencement [1ʳᵉ édition] Genèse. Paris, éd. du Chant nouveau, 27 Avenue de Ségur, Paris VII.
  • 1959 Le livre du Commencement, traduction révisée, Paris, éd. de Minuit, coll. Aleph, dirigée par Georges Lévitte, Paris
  • 1963 La sortie d’Égypte – L’Exode, Paris, éd. de Minuit, 1963.

Mai 1959. Nouvelle édition dont 22 exemplaires tirés et numérotés sur du pur fil du marais ainsi que 2200 exemplaires sur vélin de Bellegarde. Éditions de Minuit. In-12° pleine toile beige à la Bradel, titre en long au dos, gardes de papier d’aluminium ocre, 216 pages.‎

CRITIQUE

Edmond Fleg. — Le Livre du Commencement. Genèse. Un vol. in-8° de 192 p. Paris, Éditions du Chant Nouveau, 1946. Prix : 125 francs. —

Ce livre est simplement une traduction de la Genèse, sans préface, sans introduction, sans notes, mais une traduction nouvelle, qui prétend se distinguer de toutes celles qui l’ont précédée « par une approche plus rigoureuse du style et de la langue hébraïque », ainsi que s’exprime la feuille de librairie.
L’intention, certes, est louable, mais à condition que le traducteur, visant à cette fidélité supérieure, soit un hébraïsant exercé, capable à la fois de reconnaître la valeur des mots et des tournures hébraïques et de trouver exactement les équivalents français. Or, ici, il est évident que l’auteur non seulement fait fi des exigences les plus élémentaires de la langue dans laquelle il traduit, mais encore accumule les inexactitudes par rapport au texte hébreu.
Nul n’ignore que le recours à l’étymologie pour fixer le sens d’un mot est souvent fallacieux et qu’il faut absolument tenir compte de toute l’évolution sémantique, sous peine de méconnaître le fait élémentaire de la vie des mots. Sous prétexte de fidélité, on aboutit à un décalque incorrect et barbare, qui fait violence autant à l’hébreu qu’au français.
Pourquoi écrire, par exemple : « Dieu cessa de tout son travail » (II, 2, 3), au lieu de : « se reposa de tout son travail » ? Pourquoi : « Adam fit enfanter un fils en sa ressemblance » (V, 3), alors que le hifil hôlld signifie proprement « engendrer » ? Pourquoi : « À la lumière, Dieu clama : — Jour ! » (I, 5), alors que le verbe qârâ1 signifie ici simplement « appeler » ? Il y a plus : l’auteur traduit tôhû wâbôhû « flot et chaos » (I, 2) ; puisqu’il se pique de stricte littéralité, n’était-il pas indiqué de conserver ici quelque chose du sens primitif des deux mots évoquant les idées de « désert » et de « vide » ?
Tenons- nous-en à ces quelques exemples ; il n’y a pour ainsi dire pas une ligne qui ne soit à corriger. L’ensemble de la traduction donne l’impression que l’original est écrit en une langue chaotique et rudimentaire ; en réalité, l’hébreu de la Genèse est une langue évoluée et riche, apte à exprimer, bien qu’à sa manière, toutes sortes de nuances : s’il est vrai que nulle traduction ne saurait rendre avec une fidélité absolue certaines de ces nuances, c’est trahir totalement l’original hébreu que d’en présenter un pareil pastiche. A. Dupont-Sommer.