Nouveau Testament
Nom Les Quatre Évangiles
Éditeur G-NÉA Éditions
Auteur Collectif
Date 2023
Confession Christique
ISBN 9782487041615
Nombre de pages 264
Format 13,5 x 21 x 1,5 cm

Les Quatre Évangiles G-NÉA, Volume 1

C’est par hasard que je suis tombé sur la publication d’un ami annonçant la sortie imminente d’une nouvelle traduction du Nouveau Testament : Les Quatre Évangiles, aux éditions G-NÉA. Les Quatre Évangiles G-NÉA est le Volume 1 d’un nouveau projet de traduction, et comprend donc les évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean.

Quoi de nouveau ?

En quoi cette nouvelle traduction va-t-elle se différencier de celles qui existent actuellement ? Car avec toutes celles que l’on a sur le marché, entre Chouraqui et la Nouvelle traduction Bayard, on a déjà là de quoi être décapé d’une vieille Segond 1910.

L’éditeur annonce d’emblée : « Elle permet de lire un classique de spiritualité hors des ornières traditionnelles. L’œuvre se veut plus un travail linguistique que théologique. Le texte ne souffrant d’aucune influence doctrinale, il est garanti sans additifs. Cette version n’est ni embellie pour être plus attractive, ni atténuée pour être plus acceptée. Elle est naturelle et sans fard. Puisse cette recherche d’authenticité plaider en sa faveur. Elle n’est pas supérieure aux autres ni ne souffre d’aucun complexe. Elle a donc sa place dans le panel des versions existantes. »

Peut-on encore prétendre aujourd’hui proposer une meilleure traduction que les autres, qui soit plus juste, moins orientée, plus précise quant aux choix des mots ? Certainement, nos prédécesseurs ont eux aussi cherché à être rigoureux dans leur travail, mais reconnaissons que chaque traduction a sa force et ses faiblesses. Mais il est vrai qu’aujourd’hui, nous disposons d’outils informatiques vraiment impressionnants et nous bénéficions aussi du travail de ceux qui nous ont succédé. 

Une nouvelle tentative de traduction

Cette traduction, G-NÉA, tout comme celles qui verront le jour plus tard, s’inscrivent dans le sillage des multiples tentatives de traductions, qui commencèrent avec la LXX (la Septante) vers le IIIe siècle avant J.C., traduisant le texte hébreu vers le grec, et cela était à l’époque révolutionnaire. Plus tard, on traduisit du grec vers le latin avec la Vulgate de saint Jérôme. Aujourd’hui, on peut trouver au moins plus de 300 traductions françaises de la Bible.

Venons-en à cette nouvelle traduction des Quatre Évangiles G-NÉA.

Sortie tout juste fin Septembre 2023, le but est, selon les propos de l’éditeur :

  • Restituer une version aussi proche que possible des textes grecs dans un langage compréhensible et sans lourdeur.
  • Apporter une perspective fraîche de ces textes qui malgré tout restent pertinents et contiennent un message universel pour notre temps.

Présentation de l’ouvrage

L’ouvrage se présente en format dos collé. Il est d’une assez bonne qualité et les pages du livre sont appréciables pour qui veut souligner, écrire, on est loin de certaines pages de bibles qui ressemblent davantage à des feuilles zig-zag !

La taille des caractères n’est ni trop petite, ni trop grosse. Le texte est aéré, sans sous-titres et les chapitres et versets sont discrètement mis en marge.

Le choix du texte source

Le texte de base, à proprement parler, manifeste très clairement les ajouts du texte majoritaire, ce qui est une bonne chose. J’ai mis en italique quelques extraits des ajouts que vous trouvez dans le texte majoritaire et présents dans cette traduction G-NÉA.

Matth 1.25 : jusqu’à ce qu’elle ait enfanté son fils premier-né, qu’il nomma Jésus.
Luc 23.48 : Il y avait aussi au-dessus de lui une inscription écrite en lettres grecques, romaines et hébraïques : Celui-ci est le roi des Judéens.
Marc 9.44-46 : là où leur ver ne meurt pas, et où le feu ne s’éteint pas.

La méthode de traduction

En regardant de près la traduction, on se rend vite compte de la fidélité au texte grec, sans ajout, sans surcharge et comme dit « sans orientation ». On sent donc une certaine neutralité. Cependant, en y regardant de plus près, on discerne une certaine orientation dans ce passage de Matthieu 25.41 et 46

41. Retirez-vous de moi, maudits, allez dans le feu d’un temps qui a été préparé pour le diable et pour ses anges.
46. Et ceux-ci iront à la correction pour un temps et les justes à la vie éternelle.
Personnellement, je pense que l’on approche de la notion du purgatoire et de l’universalisme.

Je mettrais aussi une réserve quant au choix d’avoir traduit le passage de Luc 11.13, là où Jésus évoquerait le Saint-Esprit, la troisième personne de la Trinité, alors qu’ici, il semble davantage question d’un état d’esprit plutôt que de l’Esprit de Dieu.

Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il un esprit saint à ceux qui le lui demandent. (Luc 11.13)

Quelques détails de lecture

  • Un des mots clés des Évangiles est la désignation de Jésus du Paraclet (Jn 14.15). La G-NÉA rend ainsi : Moi, je prierai le Père et il vous donnera un autre secoureur… D’avoir rendu le mot grec Parakletos par secoureur est dommage. C’est une remarque purement personnelle car le terme de Paraclet désigne bien plus que secoureur, c’est un de ses aspect mais il est trop réducteur. Je vous renvoie à l’article sur le Paraclet.
  • Juda l’Iscariot : on peut regretter la présence du « S » à la fin de Judas l’Iscariot. À ma connaissance, quasiment toutes les bibles françaises ont traduit son nom par Judas (le traître), excepté Chouraqui : Iehouda, Stern : Yéhoudah ou la BRH : Yehouda. Mais personne, dans ce que j’ai vu, n’a opté pour Juda. À noter que Jude, l’auteur du livre avant l’Apocalypse s’écrit pareil que Juda. On les dissocie : le traître s’écrit Judas avec S et le frère du Seigneur s’écrit Jude. N’ouvrons pas la polémique, tout cela n’est qu’un détail…
  • Juif : On ne trouvera pas le mot «Juif » mais Judéen pour ne pas lui donner un sens trop restrictif.

Jean 5.4 : Après ces choses, il y eut une fête des Judéens et Jésus monta à Jérusalem.
Matthieu 27.43 : Celui-ci est Jésus, le roi des Judéens.

  • Distinction barque/bateau : dommage que la distinction n’ait pas été relevée entre πλοιάριον-ploiarion (Jn 21.8) qui est davantage une barque pour 2-3 personnes et πλοῖον-ploion (Jn 21.3 et 6) qui lui est un bateau ou un navire pouvant transporter au moins 13 personnes comme dans l’épisode de Marc 4.37.
  • Marc 16.18 : Ils imposeront les mains aux malades et ces derniers se porteront bien.
    En grec, il n’est question de guérir, mais le grec dit καὶ καλῶς ἕξουσιν que l’on peut traduire par ils seront mieux, et ils iront bien. Il est vrai que l’on n’a pas l’habitude de lire cela, mais parfois, il faut respecter l’original.
  • Jean 10.35 : Jésus versa des larmes. Et non, le traditionnel « Jésus pleura. »
  • Matthieu  3.2 : Changez de mentalité, car le règne des cieux s’est approché.

Traduction G-NÉA : Volume 2 et Volume 3 

Les éditions G-NÉA prévoient la sortie prochaine de la traduction G-NÉA Volume 2 (prévue pour le premier semestre 2024) qui comprendra les Livres des Actes et les Lettres de Paul. 

G-NÉA Volume 3 contiendra les autres Lettres et Révélation de Jean. L’originalité du Volume 3 sera la présence du fameux Évangile de Thomas, évangile empreint de gnosticisme et donc contraire à la saine doctrine (ce qui fut l’objet de l’avertissement de Paul dans ses épîtres, notamment aux Colossiens et en 1 Timothée 6.20). Cependant, en étant avisé, il est tout de même encouragé d’avoir lu au moins une fois l’Évangile de Thomas dans sa vie pour la culture générale. Je vous renvoie à l’article que j’ai écrit à cet effet : L’Évangile de Thomas.

Au sujet de cet Évangile, les éditions G-NÉA disent : « Nous ne l’imposons pas au canon du Nouveau Testament ni comme cinquième Évangile. Nous le proposons simplement en supplément, à la fin de l’ouvrage, à ceux qui y trouvent un intérêt ou voudraient le découvrir. »

 

Conclusion

En conclusion, cette nouvelle traduction n’a d’intérêt que pour celui qui veut s’informer des nouveautés ou par simple curiosité. Je resterai prudent pour l’offrir à des néophytes ou pour présenter l’Évangile à quelqu’un. 

Pour qui veut tenter l’expérience, il serait bien de s’immerger pendant un mois, exclusivement dans cette version des Évangiles pour en redécouvrir toute sa saveur. Avec le temps, elle se fera aisément une place parmi toutes les traductions existantes. 

 

Qui sont les éditions G-NÉA 

Pourquoi le nom « G-NÉA » : G-NÉA, en grec genéa, désigne les personnes qui vivent ensemble à une même époque. Notre souhait est que le message et les différents projets portés par la maison d’édition s’adressent à tous, sans distinction. La racine « genos » a donné le mot « gène », un des buts est que chacun découvre le gène qu’il a en commun avec les autres. Nous avons choisi une graphie dissociée G-NÉA et non pas GENÉA, afin de ne pas faire l’amalgame avec la généalogie. De plus, elle contient le nom NÉA, le produit phare (c’est-à-dire la traduction), raison principale de la création de la maison d’édition.